Extraits de l’interview d’Eric Woerth « Les Républicains » le 9 mars 2016, par Pierre Laberrondo pour Acteurs Publics. Le SJFu ne souscrit pas à ces propos sur la fonction publique.

Le secrétaire général des Républicains et ancien ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’État détaille les orientations – un véritable big-bang – que son parti a définies concernant la fonction publique en vue de la prochaine élection présidentielle : suppression des corps et remplacement par des cadres d’emplois, passage aux 37 heures hebdomadaires, fin de la “cogestion” avec les syndicats, reconfiguration du statut et montée en puissance du contrat dans les recrutements.

Votre parti souhaite-t-il réinstaurer un plan de suppression d’emplois dans la fonction publique comme il l’avait fait de 2007 à 2012 ?

Nous proposons de réduire de 300 000 le nombre de postes d’agents publics sur le prochain quinquennat, dans la suite logique de ce que nous avions déjà fait sous la Présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012). À l’époque, nous avions supprimé 150 000 postes de fonctionnaires de l’État et réalisé par ce biais entre 4,5 et 5 milliards d’euros d’économies. Nous considérons que la réduction de la masse salariale participe à notre effort de baisse de la dépense publique : c’est une clé de la lecture de nos propositions.

À quoi ce chiffre de 300 000 correspond-il ?

Ce chiffre correspond en réalité à un effort plus conséquent que le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux de l’État partant à la retraite, tel qu’il a été mis en œuvre entre 2007 et 2012. L’atteinte de cet objectif nécessitera de la part des administrations un effort d’adaptation et de modernisation. Cet effort doit nous permettre de réaliser de 7 à 8 milliards d’euros d’économies sur cinq ans, en année pleine.

Cette baisse des effectifs peut être absorbée par des mesures de productivité et de réorganisation.

Et dans un souci d’équité entre les travailleurs publics et les travailleurs privés, nous devons augmenter le temps de travail dans la fonction publique, en remettant à plat les lois relatives aux 35 heures.

Concernant la fonction publique d’État, la durée légale et effective sera portée à 37 heures par semaine payées 37. Car chaque heure travaillée doit être rémunérée.

Le statut des fonctionnaires est souvent décrié au sein de votre parti. Quelle est la position officielle ?

Le statut général de la fonction publique est aujourd’hui trop rigide et il est un obstacle à la gestion performante de nos administrations. Hors le cas des militaires, tous les autres agents publics travailleront sous un statut remanié, allégé, pour ce qui concerne les agents chargés de prérogative de puissance publique ou de souveraineté.

Toutes les tâches de puissance publique seront assurées par des agents sous statut remanié et le mode d’accès restera le concours.

Les autres fonctions seront assurées par des agents sous contrat, qui en précisera la durée.

Un droit d’option sera par ailleurs donné aux fonctionnaires pour passer sous contrat avec une rémunération supplémentaire, afin d’agir sur le stock et pas uniquement le flux.

Souhaitez-vous reprendre une politique de réduction du nombre de corps ?

Nous créerons une fonction publique de métiers et non plus de corps, une unité d’appréhension de gestion que nous supprimerons. Nous créerons environ 50 cadres d’emplois. Il s’agit d’améliorer la mobilité d’un métier à l’autre et d’accroître la logique interministérielle.

Il faut maintenant mettre en œuvre une politique de rémunération en fonction de la manière de servir.

Que préconisez-vous en matière de réforme de l’État ?

- il faut supprimer les contrôles apparaissant comme très abusifs réalisés par un certain nombre de corps d’inspection : impôts, travail, agriculture.

L’inspection du travail ne doit, par exemple, pas contrôler les conditions de travail, les heures de travail ou les modalités d’application des accords : c’est au juge de le faire le cas échéant. Par contre, l’inspection doit contrôler les conditions d’hygiène et de sécurité au travail.
- Il faut limiter le rôle de contrôleur pour développer celui de “conseilleur”. – En matière de pilotage, nous souhaitons des administrations centrales plus resserrées. Le mouvement de regroupement n’est probablement pas terminé.
- Et des directions doivent être pilotées par des directeurs qui adhèrent à la vision politique du gouvernement et à son projet de transformation administrative, sinon cela ne marche pas.

Que proposez-vous en matière de retraites ?

L’âge légal de départ à la retraite sera porté à 63 ans à l’horizon 2020, puis à 64 ans en 2025. Pour garantir l’équité entre public et privé, nous proposons que la retraite des fonctionnaires soit calculée, comme dans le privé, sur les 25 meilleures années et non plus les six derniers mois, en intégrant bien sûr les primes.

Nous mettrons par ailleurs fin aux régimes spéciaux d’entreprise, qui posent une vraie question d’équité entre le secteur privé et le public.

Propos recueillis par Pierre Laberrondo