Le Conseil de l’Union européenne adresse cinq recommandations à la France

Dans le cadre du semestre européen 2016, le Conseil de l’Union européenne, adresse cinq recommandations à la France visant à lui permettre de contribuer à la réalisation des objectifs stratégiques à long terme de l’Union européenne en faveur de la croissance et de l’emploi. Si ces recommandations ne sont pas suivies, ou si la France s’engage dans une mauvaise direction, la Commission exercera les nouveaux pouvoirs que lui confère le traité de Lisbonne: elle peut adresser des avertissements politiques, voire, en dernier ressort, imposer des sanctions.

Le 17 juin, le Conseil « Affaires économiques et financières » a approuvé les recommandations par pays adressées à 27 États membres pour 2016. Il recommande notamment à la France de :

  1. assurer une correction durable du déficit excessif en 2017 au plus tard en prenant les mesures structurelles requises et en consacrant toutes les recettes exceptionnelles à la réduction du déficit et de la dette; préciser les réductions de dépenses prévues pour les années à venir et accentuer les efforts pour accroître le montant des économies générées par les revues de dépenses, y compris en ce qui concerne les dépenses des collectivités locales, d’ici la fin de l’année 2016; renforcer les évaluations indépendantes des politiques publiques afin de recenser des gains d’efficacité dans tous les sous-secteurs des administrations publiques;
  2.  veiller à ce que les réductions du coût du travail soient pérennisées et que les évolutions du salaire minimum soient compatibles avec la création d’emplois et la compétitivité; réformer le droit du travail pour inciter davantage les employeurs à embaucher en contrats à durée indéterminée;
  3.  renforcer les liens entre le secteur de l’éducation et le marché du travail, notamment par une réforme du système d’apprentissage et de la formation professionnelle qui mette l’accent sur les personnes peu qualifiées; d’ici la fin de l’année 2016, entreprendre une réforme du système d’assurance-chômage afin d’en rétablir la soutenabilité budgétaire et d’encourager davantage le retour au travail;
  4.  éliminer les obstacles à l’activité dans le secteur des services, en particulier dans les services aux entreprises et les professions réglementées; prendre des mesures pour simplifier les programmes publics d’innovation et en améliorer l’efficacité; d’ici la fin de l’année 2016, approfondir la réforme des critères de taille réglementaires qui freinent la croissance des entreprises et continuer à simplifier les règles administratives, fiscales et comptables applicables aux entreprises en poursuivant le programme de simplification;
  5. prendre des mesures visant à réduire les impôts sur la production et le taux nominal de l’impôt sur les sociétés, tout en élargissant la base d’imposition sur la consommation, notamment en ce qui concerne la TVA; supprimer les dépenses fiscales inefficaces, supprimer les impôts dont le rendement est nul ou faible et adopter la réforme concernant la retenue à la source de l’impôt sur le revenu des personnes physiques d’ici la fin de l’année 2016.

Ces cinq recommandations seront formellement adoptées par le Conseil de l’Union européenne le 12 juillet. Elles ont été établies à la suite d’une évaluation particulièrement sévère de sa politique économique. Dans le cadre du semestre européen, la Commission a en effet procédé à une analyse complète de la politique économique de la France, qu’elle a publiée dans son rapport 2016. Elle a également évalué le programme de stabilité et le programme national de réforme, ainsi que les suites données aux recommandations adressées à la France les années précédentes. Elle a tenu compte non seulement de leur bien-fondé dans l’optique d’une politique budgétaire et socio-économique soutenable en France, mais aussi de leur conformité avec les règles et les orientations de l’Union, eu égard à la nécessité de renforcer la gouvernance économique globale de l’Union par la contribution de cette dernière aux futures décisions nationales. Les recommandations figurant aux points 1) à 5) reflètent cette évaluation de la Commission, approuvée par le Conseil « Affaires économiques et financières ».

La France relève actuellement du volet correctif du pacte de stabilité et de croissance. Dans son programme de stabilité pour 2016, le gouvernement prévoit de corriger le déficit excessif en 2017, conformément à la recommandation du Conseil de l’Union européenne du 10 mars 2015. Le déficit nominal devrait continuer à diminuer pour atteindre 1,2 % du PIB en 2019. L’objectif budgétaire à moyen terme – un déficit structurel de 0,4 % du PIB – devrait être atteint d’ici à 2018. Selon le programme de stabilité, le ratio de la dette publique au PIB devrait culminer à 96,5 % du PIB en 2017, avant de décroître pour atteindre 93,3 % du PIB en 2019. Le Conseil de l’Union européenne estime que ce scénario macroéconomique qui sous-tend les projections budgétaires est globalement plausible. Toutefois, il considère que les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs prévus en matière de déficit à partir de 2017 n’ont pas été suffisamment précisées. Sur la base des prévisions du printemps 2016 de la Commission, le déficit nominal devrait atteindre 3,4 % du PIB en 2016, conformément au déficit recommandé par le Conseil de l’Union européenne en 2015. En 2017, le déficit nominal devrait atteindre, à politiques constantes, 3,2 % du PIB, ce qui signifie que le déficit excessif risque de ne pas être corrigé dans le délai prescrit. L’effort budgétaire recommandé ne devrait pas être fourni en 2016 et 2017, la stratégie budgétaire de la France reposant principalement sur l’hypothèse d’une amélioration de la conjoncture et d’une persistance des taux bas, laquelle est hors du contrôle des autorités et comporte donc des risques de non-conformité.

Se fondant sur son évaluation du programme de stabilité et tenant compte des prévisions du printemps 2016 de la Commission, le Conseil de l’Union européenne estime que, bien qu’il soit actuellement prévu que la France atteigne son objectif en matière de déficit nominal en 2016, il existe un risque que notre pays ne respecte pas les dispositions du pacte de stabilité et de croissance. Par conséquent, le Conseil estime nécessaire que des mesures supplémentaires soient prises pour assurer une correction durable du déficit excessif d’ici à 2017.
Le ratio des dépenses publiques au PIB en France est l’un des plus élevés de l’Union et, en dépit d’une légère baisse en 2015, reste nettement supérieur à la moyenne de la zone euro. La France met actuellement en oeuvre un plan visant à réduire les dépenses publiques de 50 milliards d’euros par rapport à la croissance tendancielle entre 2015 et 2017 dans toutes les administrations publiques, mais le Conseil considère que cela ne permettra peut-être pas de réduire significativement les dépenses publiques. Selon cette instance de l’Union européenne, détailler les mesures sur lesquelles reposent ces réductions de dépenses, tout en veillant à ce que les mesures d’économies tiennent compte du taux d’inflation proche de zéro, contribuerait à renforcer l’efficacité de ce plan.

Une réduction supplémentaire du ratio des dépenses selon les plans définis reste difficile, eu égard aux faibles résultats du processus d’identification de larges domaines de réduction potentielle des dépenses et aux résultats jusqu’ici modestes des revues de dépenses. Dans le secteur du logement, la France dépense presque deux fois plus que ses pairs européens, sans que les résultats sur le marché de l’immobilier soient sensiblement meilleurs. Il serait possible de préserver la capacité d’investissement des collectivités locales en combinant la réduction prévue des dotations de l’État avec un renforcement du contrôle de leurs dépenses, et notamment une limitation de la croissance de leurs dépenses de fonctionnement. Les revues de dépenses pourraient constituer un outil adapté pour recenser les possibilités d’économies dans ce domaine. De plus, la réforme récente de l’administration locale est susceptible de renforcer l’efficacité du système sur le moyen à long terme.

Il n’est pas possible de réaliser d’importantes économies à court terme sans ralentir considérablement la croissance des dépenses de sécurité sociale, qui représentent plus de la moitié des dépenses publiques. Le système de retraite a gagné en soutenabilité en 2015 grâce à l’accord sur les régimes de retraite complémentaires mais il pourrait rester déficitaire sur le court à moyen terme, notamment dans des conditions macroéconomiques défavorables. De plus, les réformes des retraites menées précédemment ne devraient permettre de réduire le haut niveau actuel du ratio des dépenses publiques de retraite qu’après 2025. La France s’est fixé des objectifs ambitieux pour 2016 et 2017 afin de limiter la croissance des dépenses de santé. Ces objectifs pourraient être complétés par des efforts supplémentaires visant à identifier des gains d’efficacité sur le moyen à long terme.

Des mesures ont été prises pour réduire le coût du travail et améliorer les marges bénéficiaires des entreprises, par le biais du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi de 20 milliards d’euros et de l’allègement des cotisations patronales de 10 milliards d’euros supplémentaires en vertu du pacte de responsabilité et de solidarité. Selon le Conseil de l’Union européenne, la manière dont ont été conçues ces mesures, qui représentent 1,5 % du PIB et contribuent à combler l’écart de coût du travail entre la France et la moyenne de la zone euro, pourrait limiter leur efficacité. Il est prévu que ces mesures d’économies fassent l’objet d’évaluations dont les résultats appuieront la prise de décision sur leurs caractéristiques futures, afin de faire en sorte qu’elles atteignent leurs objectifs en matière d’efficacité. Ces évaluations devraient s’intéresser tout particulièrement aux effets sur la formation des salaires et sur l’emploi.

Dans le contexte actuel de chômage élevé, le coût du travail au salaire minimum risque de freiner l’emploi des personnes peu qualifiées. Le salaire minimum est élevé par rapport au salaire médian, mais son coût a été réduit par des exonérations de cotisations sociales. Une augmentation du salaire minimum entraîne une augmentation de salaire pour la plupart des catégories de travailleurs et comporte le risque de compresser les salaires vers le haut. En raison du mécanisme de revalorisation du salaire minimum, les hausses du salaire moyen et l’évolution du salaire minimum sont étroitement corrélées, ce qui retarde l’ajustement des salaires nécessaire dans une situation économique défavorable.
Le Conseil de l’Union européenne estime que les réformes menées récemment n’ont donné aux employeurs que peu de possibilités pour déroger aux accords de branche. Cela concerne tous les aspects des conditions d’emploi, notamment les salaires, le temps de travail et les conditions d’emploi et de travail, et limite la capacité des entreprises à moduler leurs effectifs en fonction de leurs besoins. À l’heure actuelle, les branches professionnelles peuvent empêcher les entreprises de déterminer, au cas par cas et après négociations avec les partenaires sociaux, les conditions de dérogation aux accords de branche en matière de temps de travail. Les dérogations aux accords de branche et aux dispositions juridiques générales sur les conditions d’emploi, par l’intermédiaire d’accords d’entreprise, pourraient être facilitées, en concertation avec les partenaires sociaux.

En 2015, le taux de chômage a atteint 10,4 %. Le chômage touche particulièrement les jeunes, les ressortissants de pays tiers et les travailleurs peu qualifiés. La dualité du marché du travail ne cesse d’augmenter, avec d’un côté, les travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur embauchés en contrats à durée indéterminée et de l’autre, une proportion constante de travailleurs occupant des emplois peu qualifiés de plus en plus précaires. La part des contrats à durée déterminée de moins d’un mois dans l’emploi total a progressé et avoisinait les 70 % en 2015. Selon le Conseil de l’Union européenne, le cadre juridique régissant les contrats de travail, en particulier la législation sur le licenciement des salariés titulaires d’un contrat à durée indéterminée, est susceptible de favoriser la forte segmentation du marché du travail. La dégradation persistante de la situation sur le marché du travail met à mal la soutenabilité du système d’assurance-chômage. Le déficit devrait atteindre, selon les projections de février 2016, 4,5 milliards d’euros en 2015, 4,2 milliards d’euros en 2016 et 3,6 milliards d’euros en 2017. La dette du système passerait alors de 25,8 milliards d’euros en 2015 à 30,0 milliards d’euros en 2016 et 33,6 milliards d’euros en 2017. Le calcul des allocations de chômage favorise l’enchaînement d’emplois à temps plein de courte durée, au détriment des emplois à mi-temps de longue durée, et incite les employeurs à proposer des emplois de courte durée, qui devront être complétés par le versement de prestations sociales. De plus, les caractéristiques du système d’assurance-chômage, en particulier les conditions d’éligibilité et la dégressivité des allocations de chômage, sont susceptibles de décourager le retour à l’emploi.
Le passage de l’école au monde du travail reste difficile, surtout pour les jeunes les moins qualifiés. Le recours à l’apprentissage diminue parmi les catégories les moins qualifiées, alors que les stratégies diffèrent d’une région à l’autre et que la capacité du système à s’adapter aux nouveaux besoins de l’économie est limitée. L’offre de formation pour les chômeurs, les travailleurs peu qualifiés et les salariés de PME demeure insuffisante. La réforme en cours de la formation professionnelle, notamment en ce qui concerne la gouvernance, les incitations et les services de conseil, et le nouveau plan de formation prévu pour les chômeurs doivent encore être pleinement mis en oeuvre et devraient être renforcés. La coopération insuffisante entre les différents acteurs de la formation professionnelle continue empêche toute répartition efficace des ressources. Le compte d’activité personnel, en préparation, pourrait contribuer à rééquilibrer l’accès à la formation.

La France continue de se classer à un niveau moyen pour ce qui est de l’environnement des entreprises, notamment en ce qui concerne les contraintes réglementaires, pour lesquelles elle est mal classée dans les comparaisons internationales. Le programme de simplification se poursuit comme prévu, mais sa mise en oeuvre est inégale, notamment pour ce qui est des mesures ciblant les entreprises, et des problèmes subsistent dans un certain nombre de domaines.
Par rapport à d’autres États membres, l’économie française se caractérise par un nombre disproportionné de petites entreprises, ce qui limite leur niveau de productivité. Les initiatives prises récemment pour atténuer l’impact des critères de taille ne devraient pas avoir d’incidence significative sur la croissance des entreprises, compte tenu notamment de leur champ d’application limité et du caractère temporaire de certaines mesures. En conséquence, les effets de seuil continueront de freiner la croissance des entreprises françaises.
La concurrence dans les services s’est améliorée dans certains secteurs, mais des obstacles subsistent dans d’autres secteurs, en particulier dans les services aux entreprises, dont une grande partie n’a en effet pas été concernée par les réformes récentes, et les industries de réseau. Un certain nombre de barrières à l’entrée et de réglementations, ainsi que des tarifs, brident l’activité économique des professions réglementées et pèsent sur la productivité d’autres secteurs qui font appel à ces services. L’adoption de la loi Macron en 2015 a permis de réduire certaines contraintes mais des efforts supplémentaires s’imposent. D’autres problèmes découlent de l’application restrictive des exigences en matière d’autorisation.
La France reste à la traîne des États membres champions de l’innovation dans l’Union, malgré la générosité de l’aide publique dans ce domaine. Ces quinze dernières années ont été marquées par une multiplication et une instabilité des dispositifs publics de soutien à l’innovation, ce qui suscite des craintes quant à la coordination, la cohérence et l’efficacité générales de ces dispositifs. Cette situation nuit tout particulièrement aux PME.

Le taux des prélèvements obligatoires est l’un des plus élevés de l’Union. Sa composition n’est pas propice à la croissance économique, dans la mesure où elle pèse lourdement sur les facteurs de production mais relativement peu sur la consommation. La fiscalité des entreprises a commencé à diminuer légèrement en 2014 et la France a commencé à se rapprocher de la moyenne de l’Union en matière de fiscalité environnementale, mais les recettes de TVA restent faibles, tant dans la part du PIB qu’en pourcentage de l’imposition totale, en raison des taux bas de cet impôt, de l’application généralisée des taux réduits et du nombre élevé d’exonérations par rapport à la moyenne de l’UE. Hormis la suppression progressive de la contribution sociale de solidarité des sociétés, actuellement en cours, et la suppression de l’impôt exceptionnel sur les sociétés, des mesures concrètes doivent être prises pour atteindre l’objectif annoncé d’une réduction à 28 % du taux nominal de l’impôt sur les sociétés d’ici à 2020.
Le système fiscal est très complexe. Le nombre de taxes inefficaces, dont le rendement est nul ou faible, reste élevé et l’imposition des revenus des personnes physiques est particulièrement complexe, ce qui a un coût administratif significatif. En dépit de l’introduction de l’obligation d’évaluer et de contrôler régulièrement les dépenses fiscales dans la loi de programmation des finances publiques 2014-2019, la réduction des dépenses fiscales prévue pour 2016 est modeste après plusieurs années d’augmentation.
Dans l’ensemble, les obstacles à l’investissement privé sont limités, les principaux étant la lourdeur de la réglementation et le niveau élevé de l’impôt sur les sociétés. Le climat de l’investissement aurait tout à gagner d’une amélioration de l’environnement des entreprises, d’une réduction des impôts sur la production et sur les sociétés et d’une simplification du système fiscal. Toutes les mesures prises pour améliorer la compétitivité-coûts et hors coûts des entreprises françaises sont susceptibles d’accroître les niveaux d’investissement et d’encourager les entreprises à investir dans le capital physique et humain, en vue d’améliorer la productivité. Le potentiel de croissance à long terme est également limité par l’atonie des investissements dans les activités d’innovation.

Pour en savoir davantage:
Recommandations du Conseil de l’Union européenne concernant le programme national de réforme de la France pour 2016 et portant avis du Conseil sur le programme de stabilité de la France pour 2016

 

 


L’activité économique a accéléré plus que prévu au premier trimestre 2016

Côté offre, l’activité des services marchands a nettement accéléré.

En France, l’activité a crû de 0,6 %, soit plus que prévu dans la Note de Conjoncture de mars (+0,4 %). Alors que la production a marqué le pas dans l’industrie manufacturière (+0,1 % après +0,7 %), elle a accéléré dans la plupart des autres branches, notamment le commerce (+1,4 %), les autres services marchands (+1,0 %), et la construction (+0,5.%).

La demande intérieure a été très dynamique mais les exportations ont marqué le pas.

La consommation des ménages a nettement rebondi (+1,0 % après 0,0 %) pour toutes ses composantes, notamment pour les biens d’équipement du logement et les services aux ménages. En outre, l’investissement a fortement accéléré (+1,6.% après +1,2 %), avec en particulier des achats en automobiles de nouveau très dynamiques. En revanche, les exportations ont marqué le pas, et le commerce extérieur a de nouveau contribué négativement à la croissance (–0,2 point). Après deux trimestres de contribution fortement positive, la contribution des variations de stocks a été négative (–0,2 point).

En 2016, les salaires ralentiraient un peu dans le secteur marchand (+1,5 % après +1,6 %), ne répercutant qu’en partie la faible inflation passée. En revanche, ils accéléreraient dans la fonction publique (+1,3 % après +0,5 %), du fait de la revalorisation du point d’indice au 1er juillet et de mesures catégorielles. Le pouvoir d’achat des ménages augmenterait en 2016 quasiment au même rythme qu’en 2015 (+1,7 % après +1,6 %) et nettement plus qu’en 2014 (+0,7.%). Les revenus d’activité accéléreraient grâce à la hausse de l’emploi, notamment marchand, et les prélèvements obligatoires progresseraient quasiment sur le même rythme.

Pour en savoir davantage:

Note de conjoncture INSEE de Juin 2016


Les collectivités locales en 2016

Le 7 juin 2016, la Direction générale des collectivités locales (DGCL) du ministère de l’intérieur a publié son étude annuelle présentant les principales informations statistiques relatives aux collectivités territoriales. Au 1er janvier 2016, la France compte 18 régions, 101 départements, 5 collectivités d’outre-mer, une collectivité à statut particulier et, désormais, 35 971 communes, le passage sous le seuil symbolique des 36 000 communes ayant été facilité par les fusions issues de la loi n° 2015-292 du 16 mars 2015 relative à l’amélioration du régime de la commune nouvelle, pour des communes fortes et vivantes. Le nombre d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) a également diminué, passant de 2133 à 2062. Celui des syndicats intercommunaux s’élève à 12 234. Seules 27 communes métropolitaines ne sont pas membres d’un EPCI à fiscalité propre. L’étude de 2016 apporte également des données chiffrées sur la population, les finances et la fiscalité locales, la fonction publique territoriale et les élus locaux, ainsi que sur les concours financiers de l’État : en 2014, les dépenses des administrations locales ont représenté 20,5% de la dépense publique ; les collectivités ont réalisé 57,9% de l’investissement public, détiennent 9,2% de la dette publique et emploient 2 millions d’agents territoriaux.

Pour en savoir davantage:

 


Comment mieux coordonner les politiques économiques des États membres

Afin de mieux coordonner les politiques économiques et budgétaires des différents États membres, l’Union européenne a mis en place un cycle annuel de coordination des politiques économiques, appelé «semestre européen». Chaque année, la Commission européenne analyse en détail les plans de réformes budgétaires, macro-économiques et structurelles des États membres de l’UE, auxquels elle adresse des recommandations par pays pour les 12 à 18 mois suivants. Ces recommandations contribuent également à réaliser les objectifs à long terme de la stratégie de l’UE en faveur de l’emploi et de la croissance — la stratégie Europe 2020 —, dont le suivi et la mise en œuvre sont assurés dans le cadre du semestre européen. Celles-ci peuvent avoir un impact sur la fiscalité, le marché du travail ou le régime des retraites.

Qu’est-ce que le semestre européen ?

Il s’agit d’une période, pendant la première moitié de l’année, durant laquelle les gouvernements nationaux présentent au même moment à la Commission européenne un rapport détaillant les progrès réalisés dans le cadre:

La crise économique a montré comment une instabilité dans un ou plusieurs États membres pouvait toucher le reste de l’Union européenne. En 2010, le Conseil européen a donc décidé de créer la procédure du semestre européen afin de mieux coordonner et suivre les politiques budgétaires, économiques et de l’emploi des différents pays.

Les réformes structurelles qui en résultent permettent d’assurer une certaine stabilité économique. Elles visent également à prévenir et à limiter un déficit public excessif, ainsi qu’à favoriser la croissance et lutter contre le chômage.

Pendant ce semestre, la Commission peut proposer des orientations politiques et soumettre des recommandations aux gouvernements avant qu’ils finalisent leurs budgets nationaux. Cette approche vise à aider les États membres à mieux coordonner leurs politiques économiques. Le semestre européen permettra également à l’Union de tirer les leçons des évolutions nationales au moment opportun afin d’en tenir compte dans les cycles de coordination ultérieurs. La publication de l’analyse annuelle de la croissance donne le coup d’envoi de chaque semestre européen.

Tous les États membres sont concernés par le semestre européen, mais les pays membres de la zone euro font l’objet d’une attention particulière.

Le semestre européen débute chaque année par la publication de l’examen annuel de la croissance par la Commission européenne : il s’agit d’une prévision qui définit les priorités économiques de l’Union européenne.

La procédure se termine en juin avec l’adoption par les États membres des recommandations par pays basées sur ce rapport.

Les gouvernements et parlements nationaux s’engagent à prendre en compte ces lignes directrices lors de l’élaboration de leur budget pour l’année à venir.

Les recommandations suivantes seront formellement adoptées par le Conseil de l’Union européenne le 12 juillet.


Le garde des Sceaux précise par circulaire la politique pénale

Avec pour objectif de renforcer la confiance des citoyens dans la justice, le garde des Sceaux, ministre de la justice, a présenté aux procureurs généraux, le 2 juin 2016, une circulaire de politique pénale.

En premier lieu, le ministre rappelle la nécessité de renforcer l’indépendance et les pouvoirs du parquet, l’interdiction de donner des instructions dans les affaires individuelles et son souhait de relancer le processus parlementaire en vue d’une révision constitutionnelle afin d’accroître les garanties d’indépendance du parquet à l’égard du pouvoir exécutif. Afin de rendre compte de son action devant le Parlement, le garde des Sceaux demande également aux parquets généraux de l’informer des situations locales, des procédures présentant une problématique d’ordre sociétal, un enjeu médiatique ou une difficulté juridique.

En deuxième lieu, le ministre appelle les parquets à faire de la lutte contre les atteintes aux personnes leur préoccupation constante : violences intrafamiliales et violences exercées sur les forces de l’ordre, infractions liées à la conduite sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants, lutte contre le racisme, l’antisémitisme et toutes les formes de discrimination. S’agissant de la lutte contre les menaces terroristes et la criminalité organisée, le ministre encourage le traitement spécialisé et centralisé de ces affaires ainsi que le renforcement des échanges d’information entre les parquets locaux et le parquet de Paris, la complémentarité entre juridictions spécialisées et non spécialisées et le recours aux dispositifs de coopération judiciaire européenne et internationale. La lutte contre la délinquance économique et financière appelle une meilleure articulation entre l’action judiciaire et l’action administrative. Le projet de loi relatif à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique vise à renforcer l’action de l’Etat en matière de lutte contre les atteintes à la probité. La réforme du statut et des compétences du service central de prévention de la corruption et l’instauration du parquet financier constituent également des outils renouvelés de lutte contre la corruption, le trafic d’influence et la grande délinquance économique et financière.

Enfin, le garde des Sceaux rappelle les principes directeurs guidant son action dans l’application des peines – cohérence, lisibilité et individualisation de la réponse judiciaire -, il préconise le recours à la contrainte pénale plutôt qu’à des courtes peines d’emprisonnement et réaffirme son attachement au principe de spécialisation de la justice des mineurs.


Perspectives économiques globales de l’OCDE

La dernière édition des Perspectives économiques globales de l’OCDE a été présentée à l’occasion de la réunion annuelle des ministres au Conseil de l’OCDE et de son Forum, tenus à Paris entre le 31 mai et le 2 juin 2016. Selon ces prévisions, la croissance mondiale devrait se maintenir à hauteur de 3 % en 2016, avant de croître légèrement en 2017 pour atteindre 3,3% du PIB. L’OCDE note que la croissance se ralentit voire se contracte dans les pays émergents : tandis que la croissance de l’activité économique indienne devrait se maintenir à 7,5% en 2016 et 2017 et que celle de la Chine devrait diminuer en 2017 pour passer de 6,5% à 6,2%, le Brésil et la Russie sont actuellement en récession. Au sein de la zone euro et aux Etats-Unis, la croissance reste modérée en 2016 et s’élève respectivement à 1,6% et 1,8%. Outre cette faible croissance de l’économie mondiale, l’OCDE relève d’autres risques qui pèsent sur cette économie, notamment des risques d’ordre géopolitique comme l’éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Pour remédier à cette situation, l’OCDE encourage les autorités publiques à mettre en œuvre des mesures en matière budgétaire et des réformes structurelles, sur le marché de l’emploi par exemple, afin de ne pas recourir uniquement à une politique monétaire accommodante qui peut accentuer à plus long terme des effets distorsifs.

 


Résultats 2015 et prévisions 2016 des comptes de la sécurité sociale

Examinées par la Commission des comptes de la sécurité sociale, sous la présidence de la ministre des affaires sociales et de la santé et du secrétaire d’Etat chargé du budget, les données des comptes de la sécurité sociale relatives aux résultats pour 2015 et aux prévisions pour 2016 ont été publiées le 7 juin 2016. Le déficit consolidé du régime général et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) s’est réduit de 2,4 Md€ en 2015 pour s’établir à 10,8 Md€, contre 13,2 Md€ en 2014. Cette amélioration dépasse les prévisions établies lors de la préparation de la LFSS pour 2016 (amélioration de 0,7 Md€) pour le régime général qui s’est élevé à 6,8 Md€ en 2015 ; elle est perceptible pour l’ensemble des branches notamment pour la branche retraite qui ne devrait plus être déficitaire en 2016 (+0,5 Md€) et pour la branche famille qui devrait être divisée de plus de la moitié entre 2014 (-2,7 Md€) et 2016 (-1 Md €). En 2015, la branche accidents du travail/maladies professionnelles demeure en excédent (0,7Md€) tandis que la branche maladie, la plus déficitaire, se réduit de 0,7 Md€ pour atteindre -5,8 Md€ en 2015. Les écarts avec les prévisions s’expliquent respectivement par des recettes plus élevées de 1,15 Md€ et par des charges inférieures de 0,93 Md€ à ce qui avait été prévu en 2015. L’amélioration des comptes de la sécurité sociale devrait se poursuivre de 1,6 Md€ en 2016 pour atteindre un déficit de 9,1 Md€ (5,2 Md€ pour le régime général et 3,9 Md€ pour le FSV). L’objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) qui a été respecté en 2015 limitant son évolution à 2% en 2015 (181,8 Md€), a été fixé à 185,2 Md€ pour 2016, ce qui représente une évolution de 1,75%.


Comités d’audition pour la nomination des directeurs et chefs de service des administrations centrales

Deux décrets publiés au Journal officiel de la République française du 25 mai 2016 instituent des comités d’audition pour les postes de directeurs d’administration centrale et de chefs de service des administrations de l’Etat. Le décret n° 2016-663 du 24 mai 2016 porte création d’un comité chargé d’auditionner les personnes susceptibles d’être nommées aux postes de secrétaire général d’un ministère, directeur général ou directeur d’administration centrale. Présidé par le secrétaire général du Gouvernement, ce comité émet un avis sur l’aptitude des candidats à exercer ces emplois, cette procédure ne s’appliquant pas aux fonctions liées aux programmes d’armement et aux missions opérationnelles des services de défense et de sécurité, ou en cas d’urgence constatée par le Premier ministre. Le décret n° 2016-664 du 24 mai 2016 crée un comité d’audition pour toute nomination à un emploi de chef de service dans les administrations centrales, les administrations assimilées et les services à compétence nationale, chargé de rendre un avis sur l’adéquation des candidats aux caractéristiques des emplois à pourvoir. Présidé par le secrétaire général du ministère dont relève l’emploi, ce comité est composé de quatre personnes, dont le directeur auprès duquel le chef de service sera placé. Cette procédure peut être mise en œuvre pour le recrutement des emplois de chef de service dans les établissements publics administratifs, les autorités administratives indépendantes, au Conseil d’Etat et à la Cour des comptes.

 


Une réforme mal conçue, mal menée: la DGCCRF en piteux état

 

La réforme de l’administration territoriale de l’État (RéATE), issue de la révision générale des politiques publiques (RGPP), était présentée comme la plus importante de ces trente dernières années. Elle est entrée en vigueur au 1er janvier 2010, accompagnée de sa nouvelle organisation départementale de l’État. Pour s’adapter aux nouveaux enjeux de l’action publique et offrir aux français un accès simplifié, et cohérent, les services de l’État se sont alors réorganisés autour du préfet de département.

Chargés d’établir un rapport sur l’organisation et le fonctionnement des services déconcentrés responsables de la mise en œuvre des missions de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), aux niveaux régional et départemental, l’Inspection générale des finances et l’Inspection générale de l’administration ont rendu public les conclusions de leur enquête le 19 mai 2016. Les inspections constatent les difficultés rencontrées par ces services, à la suite de la réorganisation issue de la réforme de l’administration territoriale de l’Etat (RéATE) de 2010, qui a conduit à des réductions d’effectifs et à un manque de complémentarité entre les directions départementales et les directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE). Cette situation se traduit statistiquement par une diminution de l’activité entre 2010 et 2014, se concentrant de façon nette sur le niveau départemental.

Les difficultés ressenties et exprimées par ces services se traduisent statistiquement par une diminution entre 2010 et 2014 du nombre d’établissements visités (- 23,7 %) et d’actions engagées (- 35,1 %) qui excède la réduction des effectifs cible CCRF (- 10,55 %) des directions départementales en charge de la protection des populations (DD(CS)PP).  L’échec de l’intégration des services de la concurrence et de la consommation dans les DD(CS)PP ne saurait expliquer, à lui seul, les problèmes de performance, mais il contribue au malaise ambiant que le plan d’actions mis en œuvre depuis 2014 n’est pas parvenu à résorber.

Le rapport établit un certain nombre de propositions opérationnelles, articulées autour de trois axes : l’appui aux agents dans l’exercice de leurs missions, le recours à diverses formes d’inter-départementalité et la construction d’une nouvelle relation entre les niveaux régional et départemental. La DIRECCTE devrait en outre promouvoir les coopérations avec les autres directions régionales (chargées de l’alimentation, de l’agriculture, de la jeunesse ou des sports). Les inspections suggèrent d’identifier dans les régions des référents techniques sur certaines thématiques. Le rapport recommande également l’envoi par le ministre chargé de l’économie d’instructions aux préfets de région, les invitant à engager une concertation rapide sur un schéma de mutualisation des compétences, ainsi que le lancement de deux expérimentations visant à fusionner les services de départements géographiquement proches. Il propose enfin de modifier les dispositions du décret n°2009-1377 du 10 novembre 2009 relatif à l’organisation et aux missions des DIRECCTE afin de clarifier leurs tâches et de rééquilibrer leurs effectifs, et que la DGCCRF propose une nouvelle répartition géographique des emplois à mettre en œuvre entre 2017 et 2019.


Le déficit public se réduit mais le poids de la dette publique dans le PIB augmente

Selon l’INSEE,  le déficit public au sens de Maastricht s’établit à 77,5 milliards d’euros en 2015, soit 3,6 % du produit intérieur brut (PIB). Il se réduit de 7,3 milliards d’euros par rapport à 2014 du fait d’une hausse des recettes plus forte que celle des dépenses. En part de PIB, les recettes augmentent de 0,1 point et les dépenses diminuent de 0,3 point. Le déficit se résorbe pour les administrations publiques locales et se contracte légèrement pour l’État et les administrations de sécurité sociale. Le taux de prélèvements obligatoires s’établit à 44,7 % du PIB, en recul de 0,1 point. Le poids de la dette publique dans le PIB augmente de 0,8 point et atteint 96,1 %.
Le solde des administrations publiques locales s’améliore en 2015 de 5,3 milliards d’euros (figure), pour atteindre un excédent de 0,7 milliard, après un besoin de financement de 4,6 milliards en 2014. Les dépenses diminuent de 1,3 %, après une hausse de 0,2 % en 2014, tandis que les recettes ralentissent (+ 0,8 % après + 1,7 %).

Du côté des dépenses, l’investissement local recule à nouveau fortement, en raison notamment du cycle électoral communal (– 10,0 % après – 8,4 % en 2014). Les consommations intermédiaires diminuent de 1,0 % (après – 0,1 % en 2014) dans un contexte d’inflation nulle. Ces deux postes sont notamment affectés par la baisse des transferts de l’État. Par ailleurs, les rémunérations ralentissent en 2015 (+ 2,1 % après + 3,7 %) après une année 2014 marquée par la hausse des contributions sociales employeur à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales, ainsi que des mesures catégorielles. Les charges d’intérêt se replient en raison de la baisse des taux d’intérêt (– 3,0 % après + 1,4 % en 2014). Les dépenses de prestations et de transferts sociaux décélèrent (+ 3,0 % après + 4,5 % en 2014).

Du côté des recettes, les prélèvements obligatoires des Apul augmentent de 5,4 milliards d’euros. Les hausses de taux votées par les collectivités sur les impôts directs locaux y participent pour près d’un milliard et s’ajoutent aux effets de la revalorisation et de l’élargissement des bases. Par ailleurs, le dynamisme des transactions immobilières en fin d’année, ainsi que la hausse de taux appliquée dans certains départements, a conduit à un accroissement de 1,5 milliard d’euros des recettes de droits de mutation à titre onéreux (DMTO). S’agissant des transferts reçus de l’État, la dotation globale de fonctionnement baisse de 3,5 milliards d’euros en 2015, après déjà – 1,4 milliard en 2014.

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