Archives : 2 décembre 2016

Les EPSAS prennent forme …. sans implication des juridictions financières françaises

Le projet d’introduction des normes comptables européennes pour le secteur public, ensemble de normes harmonisées dans l’ensemble de l’Union européenne, se poursuit en mettant désormais l’accent sur les questions techniques. Les juridictions financières françaises ont manifestement choisi de ne pas peser sur l’élaboration de ces normes comptables.

La récente crise de la dette souveraine en Europe a montré que le manque de comparabilité entre les comptabilités des États membres et l’incohérence entre la comptabilité publique et les statistiques financières peut avoir un impact sur la stabilité macroéconomique, la surveillance et l’élaboration des politiques publiques européennes et nationales. En outre, l’état actuel de la comptabilité du secteur public dans certains États membres a été identifié comme une faiblesse significative. Une plus grande transparence et une plus grande responsabilisation du secteur public sont nécessaires pour rétablir les finances publiques, assurer une prestation plus efficace des services publics et une meilleure gestion de l’argent des contribuables. La Commission européenne estime qu’une harmonisation de la comptabilité du secteur public au niveau micro-économique conduit à de meilleures données fiscales au niveau macro-économique.

Dans le but d’harmoniser la comptabilité du secteur public dans les Etats membres, Eurostat – l’organe statistique officiel de l’Union européenne – a évalué la pertinence des Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS) pour les Etats membres au nom de la Commission européenne. Un rapport de 2013 reposant sur cette analyse visait à démontrer qu’une information financière plus fiable, opportune et complète, qui inclut une comptabilité statistique et une comptabilité financière comparables, nécessite un cadre de comptabilité et d’établissement de rapports commun, solide et fondé sur des droits constatés. Le rapport conclut que l’élaboration de normes comptables européennes spécifiques pour le secteur public (EPSAS, selon l’acronyme anglais) serait la voie à suivre dans l’Union européenne.

La transparence budgétaire et la comparabilité de la comptabilité du secteur public et des rapports financiers entre et au sein des États membres sont considérées comme l’objectif principal des EPSAS. Eurostat souligne la nécessité d’une comptabilité d’exercice pour accroître la transparence du secteur public. En outre, une comptabilité harmonisée est nécessaire pour une meilleure comparabilité au sein du secteur public. Pris ensemble, cela profiterait à l’Union européenne dans son ensemble. Étant donné que les EPSAS se concentrent uniquement sur la comptabilité, c’est à dire l’information financière, et non sur le budget, la coexistence des cadres budgétaires et des systèmes de comptabilité d’exercice, comme celui prévu par le récent cadre conceptuel de la comptabilité d’exercice français, n’est pas remise en question. Selon la commission, la souveraineté des États membres en matière budgétaire n’est pas touchée par la réforme des EPSAS.

Dans le cadre de ce processus d’harmonisation, le rôle des normes IPSAS est essentiel. Selon Eurostat, les normes « EPSAS sera l’interprétation européenne des normes IPSAS ». Ce point de vue est conforme au rapport de la Commission européenne de 2013 selon lequel les normes IPSAS constituent une référence incontestable pour les éventuels comptes harmonisés du secteur public de l’Union européenne. Cela peut conduire à penser que les normes EPSAS sont élaborées en cohérence avec les normes IPSAS en tant que norme comptable internationale reconnue du secteur public et que les spécificités comptables du secteur public européen sont prises en compte dans le développement des normes EPSAS. Pour autant, l’absence de transparence dans la conduite de ces travaux « techniques » ne permet pas à notre organisation syndicale de s’assurer que les spécificités comptables du secteur public français sont effectivement prises en considération.

Le plan de projet actuel d’Eurostat pour la réforme des normes EPSAS se concentre sur l’établissement du cadre normatif et sur les travaux préparatoires pour le développement technique des normes. Le groupe de travail EPSAS contribue à la mise en place du cadre technique et juridique requis pour EPSAS. Le groupe se compose principalement de représentants des Etats membres et des institutions européennes ou internationales, ainsi que des cellules EPSAS. Il s’agit notamment des cellules pour la «première mise en œuvre de l’EPSAS» et des «principes relatifs aux normes EPSAS».

Les travaux d’Eurostat sur l’harmonisation de la comptabilité du secteur public se concentrent actuellement sur l’élaboration de documents d’information technique sur certains sujets spécifiques du secteur public. Le tableau suivant donne un aperçu de ces sujets:

  1. Adaptations pour les entités plus petites et moins risquées
  2. Approche pour réduire les options
  3. Comptabilisation des impôts
  4. Comptabilisation des biens patrimoniaux
  5. Comptabilisation des avantages sociaux octroyés au personnel (pensions)
  6. Comptabilisation des prestations sociales
  7. Comptabilisation des actifs d’infrastructure
  8. Informations sectorielles
  9. Comptabilisation des actifs militaires
  10. Comptabilisation des cotisations sociales

Sur la base des résultats de ces travaux préparatoires, un cadre juridique pour les normes EPSAS sera établi. La mise en œuvre effective de l’EPSAS se fera alors par étape. Selon le plan de projet, cela pourrait commencer en 2020. Étant donné le rôle que les IPSAS joueront dans les réformes EPSAS, Eurostat recommande la mise en œuvre volontaire des normes IPSAS jusqu’à ce que les normes EPSAS soient finalement élaborées.

Pour en savoir davantage (en anglais):

The need for more rigorous, transparent and comparable reporting of fiscal data became a priority following the sovereign debt crisis. In 2011 the European Council issued Council Directive 2011/85/EU (the Budgetary Frameworks Directive) setting out the rules on Member State budgetary frameworks necessary to ensure compliance with the Treaty obligation to avoid excessive government deficits. This Directive requested the Commission to assess the suitability of the International Public Sector Accounting Standards (IPSAS) for the Member States.
In 2013 the European Commission presented the report ‘’Towards implementing harmonised public sector accounting standards in Member States – The suitability of IPSAS for the Member States’’ to the Council and the European Parliament. This report, accompanied by a staff working document, was based on information received through consultations with Commission services, international organisations, Member States’ experts and other interested parties. The report concluded that, even if IPSAS cannot be implemented in EU Member States as it stands currently, the IPSAS standards represent an indisputable reference for potential development of European Public Sector Accounting Standards (EPSASs), based on a strong EU governance system.
Two EPSAS task forces have been established by Eurostat, the statistics office of the European Commission, Task Force EPSAS Governance and Task Force EPSAS Standards. Task Force EPSAS Governance was created to exchange views with the Member States’ authorities on possible future governance arrangements and underlying key principles of EPSAS. Task Force EPSAS Standards was created to exchange views with the Member States’ authorities on technical aspects of the standards. The Treasury Department is representing the Maltese Authorities on these task forces.

La procédure visant à corriger les déséquilibres macroéconomiques excessifs est-elle efficace?

Le pacte de stabilité et de croissance (PSC) a été mis en place en 1997 pour garantir des politiques budgétaires saines. La crise récente a révélé que le cadre de gouvernance financière et économique d’alors, qui était centré sur la discipline budgétaire, n’avait pas permis de prévenir ou de détecter l’apparition de déséquilibres macroéconomiques dans un grand nombre d’États membres. En 2011, le PSC a fait l’objet d’une réforme visant à prévenir des situations similaires à l’avenir grâce à la mise en place de la procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques (PDM), un nouveau mécanisme de surveillance destiné: a) à détecter les déséquilibres macroéconomiques, b) à prévenir les déséquilibres macroéconomiques excessifs et c) à corriger les déséquilibres macroéconomiques excessifs.

La Cour des comptes européennes prépare un rapport visant à déterminer si la procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques repose sur des bases solides et si elle est mise en œuvre de manière satisfaisante. La publication de ce rapport est prévue en 2017.

Pour en savoir davantage:

Programme de travail 2017 de la Cour des comptes européenne


Michel Delebarre reconnait que les moyens alloués aux juridictions financières sont insuffisants

Réunie le mercredi 16 novembre 2016, sous la présidence de M. Philippe Bas, président, la commission des lois du Sénat a examiné, sur le rapport pour avis de M. Michel Delebarre, les crédits consacrés par le projet de loi de finances pour 2017  au programme « Cour des comptes et autres juridictions financières ».

Notre organisation syndicale avait été auditionnée par le rapporteur le 8 novembre (voir notre  article intitulé Le SJFu entendu au Sénat).

Devant la commission des lois du Sénat, Michel Delebarre a tout d’abord observé que les moyens alloués par le projet de loi de finances pour 2017 à ce programme étaient relativement préservés, avec  une hausse de 0,5 % des crédits et un plafond d’emplois stable pour les juridictions financières. Il a ensuite souligné que les performances satisfaisantes affichées par  les juridictions financières risquaient néanmoins de se dégrader en raison de la multiplication des compétences qui leur sont confiées. Pour leur permettre de faire face à l’augmentation du nombre de leurs missions, des mesures de réorganisation avaient été prises avec succès ces dernières années. Ainsi, la réforme de la carte des chambres régionales des comptes, qui s’est achevée en 2016, a permis à ces juridictions d’atteindre une taille optimale et devrait entraîner des économies, bien que celles-ci soient pour l’instant difficiles à évaluer faute de recul. Il a estimé que les gains de productivité ainsi dégagés et les moyens alloués aux juridictions financières ne seraient pas suffisants pour leur permettre, à l ’avenir, de fonctionner de manière satisfaisante, compte tenu des nouvelles missions qui leur ont été confiées par le législateur, en particulier la certification des comptes des collectivités territoriales et le contrôle des établissements sociaux, médico-sociaux et des établissements de santé privés.

Pour en savoir davantage:

Avis de Michel Delebarre sur le programme 164


Lors de son congrès extraordinaire à Noisiel, le SJFu a élargi son objet social

Lors du congrès extraordinaire du 17 novembre 2016, les adhérents du syndicat, présents ou représentés, ont examiné le projet de modification des statuts du SJFu : extension de l’objet (aux activités d’enseignement et de formation, mais également aux activités sociales ou socio-culturelles), désignation d’un trésorier adjoint pour assurer la comptabilité du G16, changement dans les dénominations de délégué de section (ex secrétaire de section) et réviseur aux comptes (ex commissaire aux comptes). Les modifications des statuts ont été approuvées à la majorité (1 abstention, 22 contre, 92 pour) des membres présents ou représentés. Les modifications du reglement intérieur liées à celles des statuts ont été adoptées à l’unanimité.

Pour en savoir davantage:

 

CONGRES ANNUEL

DU SYNDICAT DES JURIDICTIONS FINANCIERES UNIFIE

17 & 18 novembre 2016

Jeudi 17 novembre 2016

Matin (9h30 – 12h30)

CONGRES ORDINAIRE

Mot de bienvenue de Gilles Bizeul, vice-président de la CRC Ile-de-France

  1. Rapport financier 2015

    Accueil par Isabelle Banderet, déléguée de section de la CRC Ile-de-France

    Accueil par Isabelle Banderet, déléguée de section de la CRC Ile-de-France

  2. Rapport du réviseur aux comptes
  3. Fixation du montant des cotisations 2017
  4. Rapport des élus au conseil supérieur
  5. Rapport moral du président (ISSUU)
  6. Election complémentaire de membres du bureau
  7. Présentation du projet de protocole d’accord sur la rénovation du régime indemnitaire

CONGRES EXTRAORDINAIRE

  1. Modification des statuts du syndicat
  2. Modification du règlement intérieur du syndicat

Déjeuner (12h30-14h00)

Après-midi (14h00 – 16h30)

CONGRES ORDINAIRE

8. Restitution de la consultation

9. Travaux en atelier (un animateur et un rapporteur par atelier):

Atelier 1: « L’indépendance du magistrat financier »

Atelier 2: « Parcours professionnels, nouveaux profils, nouvelles perspectives »

Atelier 3: « Les composantes de la rémunération et leurs évolutions »

Atelier 4 : « L’organisation du travail au sein des juridictions financières »

 Début de soirée (17h15-19h00)

Visite culturelle

Soirée (20h00 – 22h30)

Dîner de gala

Vendredi 18 novembre 2016

Matin (9h30 – 11h00)

10. Restitution des travaux en atelier

Nicolas Sachot présente la restitution des travaux en ateliers

Nicolas Sachot présente la restitution des travaux en ateliers

11. Signature d’une convention de partenariat avec l’Union des magistrats de la Cour des comptes de Tunisie

Fatma Kort et Vincent Sivré scellent un partenariat entre le l'UMCC et le SJFu

Fatma Kort et Vincent Sivré scellent un partenariat entre le l’UMCC et le SJFu

Fin de matinée (11h00-12h30)

12.  Discours d’accueil du président du SJFu

13. Intervention du Premier président

14. Questions/réponses entre le Premier président et  les congressistes.

Déjeuner (12h30-14h00)

Après-midi

15. Avis conforme sur le projet de protocole d’accord sur la rénovation du régime indemnitaire

16. Débat d’orientation stratégique.

Le Congrès annuel a offert l’opportunité à chaque adhérent de se prononcer sur l’orientation à donner à l’action syndicale.

VIncent Sivré accueille Didier Migaud au congrès du SJFu

Vincent Sivré accueille Didier Migaud au congrès du SJFu


Quels sont les origines et les grands axes de la réforme européenne de l’audit ?

Alice Navarro, chef du bureau du droit des sociétés et de l’audit à la direction des affaires civiles et du Sceau a présenté le 10 novembre 2016 les origines et les grands axes de la réforme européenne de l’audit.

Quelle est l’origine de la réforme du commissariat aux comptes ?

La crise financière qui a durement touché les pays de l’Union européenne à partir de 2007 a mis en évidence des faiblesses importantes concernant l’information financière dans des secteurs clés pour l’économie. Logiquement, la question de la qualité du contrôle légal des comptes, qui contribue de manière essentielle à la qualité de cette information financière, a été mise en question. Les déficiences constatées rendaient nécessaire une évolution de la réglementation de cette activité, dont la Commission européenne a pris l’initiative en publiant un livre vert en 2010.

Les négociations qui s’en sont suivies dans le but de faire évoluer la législation européenne ont été longues et souvent difficiles. Il n’était pas évident de parvenir à un compromis car les marchés de l’audit et les niveaux de réglementation des Etats membres de l’Union sont assez disparates. Deux textes en sont issus : un règlement et une directive adoptés le 14 avril 2014.

Ces textes introduisent des nouveautés importantes, mais l’harmonisation qu’ils opèrent est très relative car ils laissent aux Etats membres une assez grande latitude dans leur adaptation au plan national.

Pour transposer ces textes, le Gouvernement a fait des choix conformes aux priorités qu’il avait poursuivies dans la négociation : préserver l’unicité de la profession, promouvoir le co-commissariat aux comptes (une spécificité du système français qui offre le double intérêt de favoriser l’indépendance des professionnels, leur esprit critique et le scepticisme professionnel dont ils doivent faire preuve), et permettre le maintien d’une diversité d’opérateurs en limitant la concentration du secteur, comme elle existe dans d’autres pays européens.

Comment cette réforme a-t-elle été préparée ? La profession et les entreprises y ont-elles été associées?

Le Gouvernement a été habilité par le Parlement à légiférer par voie d’ordonnance. Le ministère de la justice, qui est l’autorité de tutelle des commissaires aux comptes, s’est attelé à la préparation de cette réforme dès 2014, en étroite coordination avec le ministère des finances.

Il était essentiel, pour une réforme de cette nature, de permettre aux parties prenantes d’exprimer leur point de vue sur les modalités de la mise en cohérence du droit national avec le droit de l’Union.

Des groupes de travail ont donc été formés dès 2014 afin d’associer à ce processus l’autorité de régulation sectorielle (le Haut conseil du commissariat aux comptes), la compagnie nationale des commissaires aux comptes, les organisations représentant les entreprises (le Medef, l’AFEP, la CGPME) ainsi que les autorités de marchés (l’Autorité des marchés financiers, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution).

Les grands axes de l’ordonnance ont été définis en prenant en compte les préoccupations des principaux acteurs concernés, et les projets de textes leur ont été soumis pour consultation.

L’ordonnance du 17 mars 2016 relative au commissariat aux comptes, et son décret d’application du 26 juillet 2016, sont le fruit de ce travail de concertation.

Quels sont les principaux axes de cette réforme ?

Les textes européens ont un objectif : l’amélioration de la qualité de l’audit légal. Cet objectif est mis en œuvre essentiellement sur deux plans.

D’une part, les autorités compétentes pour la régulation de ces activités voient leurs attributions élargies, en particulier pour le contrôle des cabinets d’audit et la sanction des comportements répréhensibles. D’autre part, les règles qui garantissent l’indépendance des auditeurs à l’égard des entreprises dont ils contrôlent les comptes sont renforcées. C’est particulièrement le cas pour le contrôle des comptes des entités d’intérêt public.

Pourquoi les entités d’intérêt public sont-elles soumises à des règles spécifiques ?

Les entités d’intérêt public sont des acteurs économiques qui présentent un risque systémique important, c’est-à-dire ceux dont la défaillance peut entraîner  celle d’une multitude d’autres acteurs ou d’investisseurs, et avoir des conséquences importantes sur l’activité économique globale. Il s’agit des sociétés cotées, des établissements de crédit et des entreprises du secteur de l’assurance. Il est naturel qu’un degré de vigilance particulier soit porté sur l’information financière fournie par ce type d’entreprises.

Des règles particulières s’appliquaient déjà pour la certification des comptes des entités d’intérêt public. Cependant l’ordonnance introduit un ensemble de règles nouvelles, plus contraignantes, et qui figurent parmi les mesures les plus novatrices, par rapport au cadre normatif interne, de cette réforme. Ainsi, les commissaires aux comptes des entités d’intérêt public doivent être désignés au terme d’une procédure de sélection, qui est une forme d’appel d’offres imposant de choisir entre plusieurs candidats.

Ils sont dorénavant soumis à une obligation de rotation, qui limite la durée maximale de leur mission auprès de ces entreprises.

En dehors de leur mission légale, qui est de certifier les comptes, le type de services qu’ils sont habilités à fournir à leurs clients, est soumis à un nouvel encadrement. Il y a d’un côté un assouplissement quant à la nature des services qui sont autorisés, et d’un autre côté une limitation du volume de ces services.

L’indépendance des commissaires aux comptes à l’égard de leurs clients est dorénavant assurée par des règles d’ordre financier, par le plafonnement de leur activité auprès d’une même entreprise pour des services distincts de la mission d’audit légal, ce qui est une approche nouvelle pour la France.

S’agissant des mesures imposées aux entreprises et notamment l’obligation pour les entités d’intérêt public de se doter d’un comité d’audit doté de certaines attributions pour le choix des commissaires aux comptes, la transposition de la directive a veillé à préserver les équilibres de gouvernance garantis par le droit français des sociétés.

Quelles sont les nouveautés qui concernent le Haut conseil du commissariat aux comptes, autorité de régulation de la profession ?

Cette autorité publique indépendante créée par la loi de sécurité financière de 2003 avait d’ores et déjà pour objectif de renforcer la supervision publique de cette activité. La réforme européenne a renforcé le rôle des régulateurs nationaux.

Pour traduire en droit interne ce renforcement, l’ordonnance introduit des modifications importantes qui concernent à la fois sa composition (les commissaires aux comptes en exercice n’y siègeront plus, afin de se conformer au règlement européen), ses règles de fonctionnement et ses attributions.

Un des aspects les plus saillants porte sur le rôle du H3C comme autorité de sanction. Jusqu’à présent, ce rôle était pour ainsi dire résiduel, par comparaison avec l’activité de contrôle de la profession qui constitue le cœur de son activité. Il n’était que le juge d’appel des décisions rendues par les chambres régionales de discipline. Dorénavant, le H3C est doté de pouvoirs d’enquête. Il partagera avec des commissions régionales de discipline locales le pouvoir de prononcer des sanctions.

Plus important encore, les sanctions ne sont plus seulement disciplinaires. Elles pourront s’appliquer à un public plus large que les seuls commissaires aux comptes, notamment à leurs associés ou collaborateurs, de même qu’aux entreprises soumises à l’obligation de désigner un commissaire aux comptes, et à leurs dirigeants. Cet élargissement du cercle des personnes responsables, voulu par l’Union européenne a pour corollaire le renforcement des attributions du H3C dans ce domaine de régulation qui dépasse le strict champ professionnel.

Autre nouveauté importante : les sanctions prononcées pourront être de nature pécuniaire, ce qui est totalement nouveau dans de nombreux Etats, dont la France. Au regard des scandales financiers intervenus, hors de France d’ailleurs, l’Union européenne a voulu mettre en place des règles dissuasives.

Il en va de la crédibilité de la supervision et, par conséquent, de la fiabilité de l’information financière. C’est précisément ce qu’a compris le législateur européen en mettant en place cette réforme.

Cette évolution majeure n’est pas sans susciter une certaine appréhension, à la fois au sein de la profession et dans les entreprises, qui le vivent comme une menace ou un signe de défiance. Les auditeurs français se distinguent par un niveau d’exigence déontologique élevé, au-dessus de ce que l’on constate dans la majorité des autres Etats membres de l’Union européenne. Ils n’ont rien à craindre de ces évolutions.

La France a d’ailleurs jusqu’ici été épargnée par les grand scandales financiers qui ont éclaté chez certains de nos voisins et conduit à la mise en cause des auditeurs. Cependant nul n’est à l’abri. Il est indispensable de prévenir efficacement la survenance de tels événements et, s’ils surviennent, de pouvoir y répondre de manière adaptée. Cette réforme va pleinement dans ce sens.

La réforme ouvre aussi de nouvelles opportunités aux commissaires aux comptes de développer au profit des entreprises leur expertise : ainsi à rebours du système actuel leur interdisant de fournir des services autres que d’audit sous réserve des diligences directement liées à ceux-ci, ils pourront désormais fournir ces autres services (à l’exception d’une liste limitée de services par nature interdits) dans la limite d’un plafonnement s’agissant des commissaires aux comptes intervenant pour des entités d’intérêt public, sans limitation pour les autres, Pour qu’ils se saisissent au mieux de ces opportunités nouvelles, le gouvernement a également prévu d’abaisser au plancher minimal de 51% de détention des droits de vote par les commissaires aux comptes de leurs sociétés d’exercice contre 75 % actuellement ce qui devrait augmenter l’attractivité, au profit de nouveaux talents, de ces sociétés aptes ainsi à développer leur offre de services.

Au total cette réforme qui augmente le seuil d’exigence envers la profession pour des motifs d’intérêt général, lui offre aussi les moyens de son développement. C’est donc une réforme équilibrée, la plus importante dans ce secteur depuis la loi du 1er août 2003 de sécurité financière.

Pour en savoir davantage:

Réforme Européenne de l’Audit Réforme Européenne de l’Audit:

CHAMP DE LA RÉFORME : Les textes portant réforme de l’audit sont : • la directive 2014/56/UE modifiant la directive 2006/43/CE s’appliquant à tous les contrôles légaux des comptes annuels et des comptes consolidés, que l’entité auditée soit EIP ou non EIP • le règlement UE 537/2014 relatif aux exigences spécifiques applicables au contrôle légal des comptes des EIP.

CALENDRIER : Entrée en application des textes le 17 juin 2016

PÉRIMÈTRE DE L’EIP : L’ordonnance introduit pour la première fois une définition des EIP en France.

DURÉE DU MANDAT ET ROTATION OBLIGATOIRE DES CABINETS : La durée du mandat est maintenue à 6 exercices. La réforme européenne de l’audit prévoit une rotation obligatoire des commissaires aux comptes et des cabinets d’audit EIP. Des dispositions transitoires visant à éviter une mise en œuvre trop brutale de cette règle ont été introduites.

SÉLECTION DES AUDITEURS : Pour les EIP, à l’issue de la durée maximale cumulée des mandats du commissaire aux comptes, le comité d’audit soumet aux instances décisionnaires une recommandation pour la désignation de commissaires aux comptes ou de cabinets élaborée à l’issue d’une procédure de sélection.

ROTATION DES ASSOCIÉS SIGNATAIRES : La rotation des associés signataires s’applique à l’ensemble des EIP ainsi qu’aux APG. Les associés signataires ne peuvent certifier durant plus de six exercices consécutifs les comptes d’une EIP. Le délai de viduité est fixé à trois ans (2 ans avant la réforme).

RÔLE DU COMITÉ D’AUDIT Les EIP et les sociétés de financement doivent se doter d’un comité spécialisé. Celui-ci, également appelé comité d’audit, a un rôle accru.

SERVICES AUTRES QUE LA CERTIFICATION DES COMPTES (SACC) : Les textes européens entraînent la disparition du concept de diligences directement liées à la mission du commissaire aux comptes. Après la réforme, est autorisé tout ce qui n’est pas interdit alors qu’antérieurement tout ce qui n’était pas autorisé était interdit. Il y a cependant un processus d’approbation des services autres que la certification des comptes.

NORMES D’AUDIT : En l’absence de normes d’audit internationales adoptées par la Commission européenne, les commissaires aux comptes se conforment aux normes adoptées par le H3C conformément au processus de normalisation. AUDIT DANS LES PME L’article 2 de la directive définit le contrôle légal comme un contrôle des états financiers annuels ou des états financiers consolidés dans la mesure où il est : • requis par le droit de l’Union, • requis par le droit national en ce qui concerne les petites entreprises1 , • volontairement effectué à la demande des petites entreprises. L’ordonnance prévoit la possibilité d’une application proportionnée des normes d’audit aux contrôles légaux des comptes des petites entreprises.

RAPPORT D’AUDIT : Les rapports EIP et non EIP auront une trame commune mais le rapport EIP comprendra des informations supplémentaires spécifiques aux EIP.

RAPPORT COMPLÉMENTAIRE AU COMITÉ D’AUDIT : Lorsque les commissaires aux comptes interviennent auprès de personnes ou d’entités soumises à l’obligation de se doter d’un comité d’audit (EIP + sociétés de financement), ils lui remettent un rapport complémentaire conforme aux dispositions de l’article 11 du règlement.

RÉGULATION DE LA PROFESSION : Une des mesures introduites par la réforme est le renforcement des compétences et des pouvoirs du H3C.

ENQUÊTES ET SANCTIONS : Le H3C diligente des enquêtes portant sur les manquements aux dispositions du Titre II du Livre VIII du code de commerce et à celles du règlement. Les commissaires aux comptes sont passibles de sanctions à raison des fautes disciplinaires qu’ils commettent. Les personnes autres que les commissaires aux comptes sont également passibles de sanctions à raison de certains manquements uniquement.

GOUVERNANCE DES CABINETS :Dorénavant, la majorité des droits de vote des sociétés de commissariat aux comptes doit être détenue par des commissaires aux comptes (et non plus par les 3/4) et la majorité au moins des membres des organes de gestion, d’administration, de direction ou de surveillance doit être des commissaires aux comptes (et non plus les 3/4).


L’UMCC et le SJFu concluent une convention de partenariat

Fatma Kort et Vincent Sivré scellent un partenariat entre le l'UMCC et le SJFu

Fatma Kort et Vincent Sivré scellent un partenariat entre le l’UMCC et le SJFu

Signature de la convention de partenariat UMCC - SJFu

Signature de la convention de partenariat UMCC – SJFu

L’Union des Magistrats de la Cour des Comptes tunisienne ( UMCC) représentée par sa présidente, Mme Fatma KORT,  et le  Syndicat des Juridictions Financières unifié (SJFu) français représenté par son président, Vincent SIVRE ont conclu une convention de partenariat le 18 novembre 2016, à la chambre régionale des comptes d’Ile-de-France.

Cette convention vise à mettre en commun leurs compétences réciproques pour mener des actions communes, procéder à des échanges de savoir-faire et promouvoir leurs activités. Les partenaires s’engagent à favoriser des actions permettant aux membres des deux organismes de mettre en commun leurs savoir-faire : co-réalisation de services, co-animation des séances de travail ou de formation, réflexion commune, formations réciproques. Ils s’engagent à promouvoir les expériences des membres de leurs syndicats.

 

 

La signature de cet accord de partenariat entre les deux organisations syndicales intervient alors que la Tunisie et la France viennent de signer un accord sur la modernisation de l’administration et la valorisation des agents publics.

Cette convention, paraphée à Tunis par le ministre tunisien de la Fonction publique, Abid Briki, et son homologue française, Annick Girardin, est la troisième du genre depuis une dizaine d’années. Des partenariats similaires ont été conclus successivement en 2007 et en 2013. Ils expriment tous l’engagement de la France à accompagner, grâce à son expertise, les politiques menées par les autorités tunisiennes, pour l’amélioration de la qualité du service public dans le pays. Le transfert de savoir-faire cible surtout le domaine des ressources humaines.

À cet égard, le dernier accord entre les deux Etats comporte des champs d’action pour optimiser l’efficience de la fonction publique, le but étant de trouver à la fois des solutions aux problèmes de corruption, de lourdeur bureaucratique et d’irrationalité dans le déploiement des agents territoriaux. Les thématiques arrêtées abordent, entre autres, l’éthique et l’intégrité des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions, l’élaboration de plans de carrière et l’amélioration des compétences des agents de la fonction publique. Il s’agit aussi de revoir le recrutement interne et le déploiement des agents administratifs pour atteindre un équilibre territorial. Enfin, l’accord porte sur l’accompagnement des cadres supérieurs dans le domaine de la prise de décision.

D’autres opérations de coopération administrative entre les deux pays sont déjà bien avancées. Il y a deux ans, l’ambassade de France à Tunis et le secrétariat tunisien en charge des affaires régionales et locales, avaient installé le comité de pilotage du projet d’appui à la décentralisation et à la gouvernance financière des collectivités locales en Tunisie. Cette opération, financée à hauteur de 600 000 euros par le Fonds de solidarité prioritaire (FSP) du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international, a été engagée à la demande de la Tunisie. Elle porte principalement sur la refonte du cadre juridique qui régit le fonctionnement des collectivités, pour permettre à la fois de consolider les principes de la décentralisation et de la démocratie participative ainsi que la promotion de la gouvernance financière.

L’aide à la modernisation de l’administration en Tunisie comprend par ailleurs la formation des cadres. Une centaine de bourses d’études, d’un montant de 300 000 euros, sont accordées chaque année aux fonctionnaires tunisiens. Des partenariats lient, dans ce cadre précis, des instituts de formation des deux pays. Une convention a notamment été signée en 2011 entre l’École nationale d’administration (ENA) tunisienne et le Centre national de la formation publique territoriale (CNFPT) en France.


La Commission fixe ses priorités pour 2017

La Commission européenne fixe les priorités socio-économiques pour l’année à venir, confirme la nécessité d’une orientation budgétaire positive pour la zone euro et complète l’évaluation des projets des plans budgétaires des pays qui en font partie.

Ce jeudi 16 novembre, la Commission européenne a présenté le paquet d’automne du semestre européen. Il fixe les priorités politiques et sociales pour l’UE, la zone euro et les États membres pour l’année à venir. Ce paquet marque le début du semestre européen 2017. Il sera examiné avec les autres institutions et parties prenantes de l’UE, afin de fixer la stratégie pour l’année à venir. Une fois adoptées, ses orientations seront intégrées dans les politiques des États membres, et notamment dans leurs programmes nationaux qui seront présentés au printemps prochain.

Concrètement, ce paquet comprend:

Dans l’examen annuel de la croissance 2017, la Commission appelle les États membres à redoubler d’efforts  de façon à :

  1. poursuivre une politique économique fondée sur le triangle vertueux que constituent la relance des investissements, la poursuite des réformes structurelles et la mise en œuvre de politiques budgétaires responsables. Elle a rénové le semestre européen en conséquence, notamment en accordant plus de temps au dialogue avec les États membres et en intégrant des considérations sociales dans les objectifs économiques;
  2. appliquer les règles du pacte de stabilité et de croissance, notamment en recourant à la souplesse qu’elles prévoient afin de mieux prendre en compte le cycle économique et de faciliter les réformes et les investissements, en appliquant la clause d’investissement et la clause des réformes structurelles;
  3. déployer un plan d’investissement pour l’Europe afin de combler le déficit d’investissement, notamment par l’extension de la durée du Fonds européen pour les investissements stratégiques, le renforcement de l’efficacité des fonds de l’UE soutenant le plan, des efforts visant à faire tomber les obstacles aux investissements et la création de nouvelles sources de financement de l’économie réelle, et ce à travers l’union des marchés des capitaux;
  4. prendre les mesures nécessaires pour approfondir le marché unique dans le domaine des services et des produits, ainsi que des infrastructures, achever l’union de l’énergie, mettre en place un véritable marché unique numérique et élargir les débouchés pour les entreprises de l’UE au moyen d’accords commerciaux, ainsi que pour garantir l’équité de la fiscalité dans l’ensemble de l’UE;
  5. donner la priorité à l’investissement dans le capital humain en lançant une nouvelle stratégie pour les compétences, en donnant un coup d’accélérateur au déploiement de la garantie pour la jeunesse et en comparant les performances en matière d’éducation et de formation avec un modèle de référence;
  6. compléter l’Union économique et monétaire européenne par un «approfondissement par la pratique», notamment en soutenant le dialogue social de l’UE, mais aussi au moyen d’initiatives visant à compléter l’union bancaire et à mieux prendre en compte les priorités de la zone euro dans son ensemble.

La Commission insiste sur la nécessité de poursuivre les politiques en faveur de la croissance et de la convergence et de supprimer les entraves à l’investissement et à la création d’emplois. Les pays présentant des déficits importants de la balance courante ou des dettes extérieures élevées doivent s’efforcer d’améliorer leur productivité, tandis que ceux présentant des excédents importants de leurs comptes doivent augmenter la demande intérieure et les investissements.

Dans sa communication, la Commission souligne la nécessité d’adopter une orientation beaucoup plus positive de la politique budgétaire et indique que la situation actuelle permettrait d’y parvenir. La politique budgétaire devrait avoir à la fois une fonction de soutien et d’expansion et être ajustée de manière à répartir les efforts entre les pays et les types de dépenses et/ou d’impôts qui la sous-tendent. Cette évolution devrait équilibrer les mesures politiques, soutenir les réformes et renforcer la relance grâce à  une expansion budgétaire pouvant atteindre 0,5 % du PIB en 2017.

Le rapport sur le mécanisme d’alerte fait partie intégrante du semestre européen. Il vise à empêcher ou à traiter les déséquilibres entravant le bon fonctionnement des économies des États membres, de la zone euro ou de l’ensemble de l’UE, et à susciter des réponses politiques adéquates (la «procédure concernant les déséquilibres macro-économiques»). Ce rapport identifie les États membres pour lesquels la Commission devrait effectuer des bilans afin d’évaluer s’ils présentent des déséquilibres. Il s’appuie sur une lecture économique d’un tableau de bord composé d’un certain nombre d’indicateurs. Pour 2017, 13 pays présentant des déséquilibres seront concernés par ces bilans.

Le rapport de cette année confirme que la relance est de plus en plus tirée par l’emploi, grâce également aux récentes réformes structurelles effectuées dans plusieurs États membres. Huit millions d’emplois ont été créés depuis 2013, dont cinq millions depuis le début du mandat de la présente Commission. Le taux de chômage dans l’UE n’a cessé de baisser et atteignait 8,5 % en septembre 2016 (10 % dans la zone euro), soit son niveau le plus bas depuis 2009 (depuis 2011 dans la zone euro). Dans le même temps, le taux d’emploi de 71,1 % (au deuxième trimestre de 2016) chez les 20-64 ans est pour la première fois supérieur à celui observé en 2008. Ce chiffre indique que l’objectif d’un taux d’emploi de 75 % fixé par la stratégie Europe 2020 est à portée de main si la tendance actuelle se confirme.

La Commission a également achevé son évaluation destinée à vérifier que les projets de plans budgétaires des États membres de la zone euro pour 2017 respectent les dispositions du pacte de stabilité et de croissance et n’a relevé aucun écart majeur. Dans plusieurs cas, elle a estimé que les ajustements budgétaires présentaient des lacunes ou qu’ils risquaient de ne pas respecter les exigences du pacte de stabilité et de croissance.

Pour de plus amples informations sur les autres points à l’ordre du jour de la réunion du collège des commissaires, voir ici.

Références


Le SJFu entendu à l’Assemblée nationale

M. Pierre Morel A L’Huissier, député, membre de la commission des lois, a souhaité rencontrer le président du SJFu afin de préparer une proposition de loi en lien avec l’expérimentation de la certification des comptes des collectivités territoriales et de leurs établissements publics. M. Pierre Morel A L’Huissier est également maire  de Fournels, en Lozère, commune qui participe à l’expérimentation de la certification des comptes.

Le président du SJFu a souligné que les contrôles juridictionnels et les examens de gestion effectués par les chambres régionales et territoriales des comptes mettent souvent en lumière des défaillances du contrôle interne au sein des collectivités territoriales, de leurs groupements et des établissements publics locaux. Ces omissions les exposent à des risques et, souvent, des dépenses inutiles. Il peut s’agir par exemple de décisions d’investissement dans un champ de compétence transféré à un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) ; de la conclusion de contrats d’emprunt structuré toxiques, du financement par voie de subvention de prestation de service devant faire l’objet d’un marché public ; de la participation d’un agent territorial à une commission d’appel d’offres ; de la mise en place d’un régime indemnitaire illégal ou simplement d’un défaut d’entretien du patrimoine.
Le contrôle de légalité et le contrôle budgétaire effectués par les préfectures ne permettent pas toujours d’éviter de tels risques. D’une part, les agents en charge de ces activités ne peuvent pas matériellement examiner chaque acte. D’autre part, l’irrégularité de certaines délibérations ou actes unilatéraux ne constituent qu’une catégorie de risque auxquels se trouve confrontée une collectivité territoriale. Par ailleurs, le règlement général sur la comptabilité publique du 29 décembre 1962 qui constituait depuis cinquante ans un texte de référence pour les collectivités territoriales et les établissements publics locaux avait pris quelques rides au regard notamment aux progrès récents en matière de gestion publique et de contrôle interne.
Ces modalités de contrôle – de légalité, budgétaire et comptable – ont longtemps démontré leur efficacité, en évitant nombre de fraudes, malversations et autres erreurs administratives. Elles n’ont toutefois pas empêché, l’émergence de risques significatifs, voire très significatifs, sans que ceux-ci ne soient identifiés, analysés ou traités.
Aussi, les collectivités locales pourraient-elles mieux garantir la fiabilité de leur système budgétaire et comptable, en renforçant leur dispositif de contrôle interne, de façon complémentaire à l’intensification de l’audit externe3. Rares sont en effet les administrations publiques locales dotées d’un service d’audit susceptible d’identifier les faiblesses de leurs dispositifs de contrôle interne et d’en informer l’ordonnateur et l’assemblée délibérante. Aucune disposition législative ou règlementaire n’impose encore aujourd’hui à une collectivité territoriale, fût-elle de l’importance d’un département ou d’une région, de se doter d’un service d’audit interne ni même de réaliser un rapport d’audit interne.
Les systèmes de contrôle évoluent avec le temps, ainsi que la manière dont ils sont appliqués. Ils peuvent se révéler efficaces pendant une certaine période, du fait qu’ils ont été conçus pour répondre à une situation donnée, et devenir insuffisants une fois cette situation modifiée. Les élus et les gestionnaires doivent donc déterminer si leur dispositif de préventiondes risques est toujours pertinent et à même de s’appliquer à des risques liés à des conditions nouvelles.
Or les différentes vagues de décentralisation, la multiplication d’établissements de coopération intercommunale et la complexification croissante du droit public applicable aux entités publiques locales sont à l’origine de risques nouveaux susceptibles de compromettre la réalisation et l’optimisation des opérations conduites par les collectivités territoriales, la fiabilité de leurs informations financières et la conformité de leurs actes aux lois et aux règlements en vigueur.
A ce titre, les fondements juridiques obligeant une collectivité territoriale, un groupement ou un établissement public local de se doter d’un dispositif de contrôle interne se sont affermis.
D’une part, le deuxième alinéa de l’article 47-2 de la constitution, introduit par la loi constitutionnelle du 23 juillet 2008, dispose que : « Les comptes des administrations publiques sont réguliers et sincères. Ils donnent une image fidèle du résultat de leur gestion, de leur patrimoine et de leur situation financière. ».
D’autre part, la directive 2011/85/UE du Conseil du 8 novembre 2011 sur les exigences applicables aux cadres budgétaires des États membres dispose : « En ce qui concerne les systèmes nationaux de comptabilité publique, les États membres disposent de systèmes de comptabilité publique couvrant de manière exhaustive et cohérente tous les sous-secteurs des administrations publiques et contenant les informations nécessaires à la production de données fondées sur les droits constatés en vue de la préparation de données établies sur la base des normes du SEC 95. Ces systèmes de comptabilité publique sont soumis à un contrôle interne et à un audit indépendant. ».
En conséquence, le décret n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire et comptable publique renouvelle les règles comptables applicables à la gestion publique ainsi que les règles budgétaires, auparavant éclatées entre plusieurs textes. Il actualise par ailleurs les règles de la gestion publique au regard des évolutions récentes, notamment sur le développement de la dématérialisation des actes et procédures. Il tire les conséquences des dispositions constitutionnelles (article 47-2 de la Constitution) qui imposent la régularité et la sincérité des comptes de toutes les administrations publiques. L’exigence de qualité des comptes publics est ainsi réaffirmée s’agissant des collectivités territoriales et les établissements publics locaux.
Le décret fonde désormais l’application des règles de la gestion publique sur un critère d’appartenance à la catégorie des « administrations publiques », laquelle peut inclure des personnes morales de droit privé, lorsqu’elles sont majoritairement financées par des fonds publics, notamment des contributions obligatoires ou des concours de l’État. Ce champ d’application répond à l’objectif d’une gouvernance renforcée et cohérente des finances publiques, puisque c’est sur ce périmètre que sont présentés les engagements européens de la France.
Les collectivités territoriales et les établissements publics locaux sont concernés par les dispositions générales du décret. En revanche, les dispositions du décret relatives au contrôle interne et à l’audit ne s’appliquent pas aux collectivités territoriales et aux établissements publics locaux, en application du principe constitutionnel de libre administration des collectivités territoriales. Aussi apparaît il nécessaire, pour nombre d’entre eux, notamment les plus importants, de se doter d’un dispositif de contrôle interne qui leur soit propre. Seule une disposition législative est de nature à l’imposer.

M. Pierre Morel A L’Huissier s’est déclaré très intéressé par la proposition de renforcer le contrôle interne au sein des collectivités territoriales et de leurs établissements publics. Il a sollicité le SJFu pour la production d’une note de synthèse sur ce sujet.


4e journée interministérielle sur la GPEEC

La DGAFP organise, le mardi 13 décembre 2016, la 4ème édition de la Journée interministérielle sur la gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences (GPEEC).

Les trois premières éditions de cet événement ont permis d’aboutir à une vision partagée concernant :

  • les différents acteurs impliqués dans la démarche de GPEEC et leurs relations, qui s’inscrivent dans le cadre d’un « dialogue au service de la gestion des ressources humaines » ;
  • le nécessaire développement de l’approche par les métiers, qui positionne « la GPEEC au service des compétences » ;
  • la méthode et les outils préconisés pour conduire la GPEEC, à l’occasion de la présentation par la DGAFP d’un guide illustrant la « nouvelle approche de la gestion prévisionnelle des ressources humaines », poursuivant notamment un objectif de prévention des risques.

Or, compte-tenu notamment de la situation de tension sur les effectifs dans certains métiers stratégiques ou de l’émergence de nouveaux métiers contribuant à l’accomplissement des missions de service public, dans un contexte des réformes structurelles qui impactent le rôle des différents acteurs nationaux et locaux de la GPEEC, cette démarche semble devoir prendre une nouvelle dimension, dans le cadre de « filières métiers » observées sur un périmètre interministériel, voire inter-fonctions publiques.

Ainsi, et au vu des résultats de la dernière journée organisée en décembre 2015, qui a rassemblé plus de 150 participants ayant exprimé un taux de satisfaction globale de plus de 95%, la DGAFP a décidé d’organiser en 2016 une nouvelle journée pour laquelle le thème retenu est : «« L’Interministérialité et l’Inter-fonctions publiques : périmètres de la GPEEC de demain ? ».

Le programme détaillé de la journée sera communiqué ultérieurement.

Consulter les documents utiles à la préparation de cette journée :

Rapport annuel sur l’état de la fonction publique – édition 2015
Guide de la gestion prévisionnelle des ressources humaines dans les services de l’Etat
Guide d’élaboration d’une étude d’impact en matière de ressources humaines


Le SJFu entendu par Jean-Louis Nadal, président de la HATVP

Une délégation du SJFu, conduite par Vincent Sivré, président, et Nicolas Sachot, vice-président,  a été reçue, jeudi 10 novembre, par Jean-Louis Nadal et Eric Buge, président et secrétaire général de la Haute autorité pour la transparence de la vie politique (HATVP).

Notre organisation syndicale avait sollicité cette audition afin d’examiner les conséquences de la décision n°2016-732 du 12 juillet 2016 du Conseil constitutionnel sur l’obligation de déclaration de patrimoine qui pèse sur certains magistrats financiers.

Publiée au Journal officiel de la République française du 11 août 2016, la loi n° 2016-1090 du 8 août 2016 relative aux garanties statutaires, aux obligations déontologiques et au recrutement des magistrats, ainsi qu’au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) renforce l’indépendance et l’impartialité des magistrats judiciaires. Dans une décision n°2016-732 du 12 juillet 2016 le Conseil constitutionnel a déclaré contraires au principe d’égalité l’article 72-1 de la loi du 8 août 2016 fixant les conditions de retour de détachement des magistrats, ainsi que certaines dispositions de son article 26 qui imposaient aux seuls hauts magistrats de remettre à la HATVP une déclaration de leur situation patrimoniale. Au titre de sa jurisprudence sur les « cavaliers législatifs », il a également censuré l’article 48 qui imposait le dépôt de déclarations d’intérêts et de patrimoine aux membres du Conseil constitutionnel et l’article 49 qui fixait les conditions de dépôt d’une question prioritaire de constitutionnalité en matière correctionnelle et contraventionnelle.

Cette décision remet en question les dispositions comparables posées par l’article L. 220-9 du code des juridictions financières, créé par la loi n° 2016-483 du 20 avril 2016 relative à la déontologie et aux droits et obligations des fonctionnaires selon lesquelles « Dans les deux mois qui suivent leur prise de fonctions et dans les deux mois qui suivent la cessation de leurs fonctions, les présidents de chambre régionale des comptes et les procureurs financiers adressent une déclaration de situation patrimoniale au président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ». En effet, comme l’a indiqué le Premier président lors de la réunion du Conseil supérieur du 15 septembre, le décret d’application de cette disposition doit être pris en Conseil d’Etat. Or la Haute juridiction administrative ne manquera pas de relever qu’un tel décret contrevient désormais à une jurisprudence du Conseil constitutionnel.

L’obligation de déclaration de patrimoine ne peut désormais être imposée qu’à tous les magistrats. Elle ne peut cibler telle ou telle catégorie d’entre eux. Il est peu vraisemblable que le législateur reprenne sa copie et impose cette obligation à plusieurs milliers de magistrats judiciaires, administratifs et financiers, au risque d’engorger inutilement les services de la HATVP.

Jean-Louis Nadal a approuvé ce raisonnement et a précisé que la HATVP n’envisageait pas de prendre des initiatives afin de réintroduire une telle obligation pour les magistrats, qu’ils soient judiciaires, administratifs ou financiers. Il a toutefois rappelé que les membres du Conseil supérieur de la magistrature sont soumis à cette obligation.