Bercy a confirmé aux syndicats que la hausse de la CSG serait seulement compensée pour les agents
La grogne monte dans la fonction publique, par Cécile Crouzel (Le Figaro).
Le gouvernement a décidé de serrer la vis aux fonctionnaires. Leurs syndicats avaient rendez-vous à Bercy mercredi pour discuter de mesures à prendre pour contrebalancer, pour les agents publics, la hausse de 1,7 point de la CSG au 1er janvier prochain. Il leur aura été confirmé qu’il ne s’agirait que d’une simple compensation. Les fonctionnaires, à la différence des salariés, ne bénéficieront donc pas d’une hausse de leur pouvoir d’achat. « Emmanuel Macron ne tient pas son engagement de campagne ! », souligne amèrement Mylène Jacquot, de la CFDT. Un reproche… totalement fondé repris par les autres syndicalistes. Le programme En marche ! prévoyait bien « d’augmenter le pouvoir d’achat des travailleurs ». Donc aussi des fonctionnaires. « Tous les salariés verront leur salaire augmenter. Les fonctionnaires et les indépendants bénéficieront d’une mesure équivalente », était-il précisé.
Les équipes du cabinet de Gérald Darmanin, le ministre de l’Action publique, sont venues avec un plan ficelé. Elles proposent que la « contribution de solidarité » de 1 %, acquittée par les agents et essentiellement destinée à soutenir les chômeurs en fin de droits, soit supprimée, de même que les cotisations chômage payées par certains contractuels. Et pour obtenir une compensation totale, une indemnité différentielle sera créée. « Les équipes du ministère ont proposé au début de la réunion que cette indemnité soit dégressive avec l’avancement dans la carrière. Devant le tollé des organisations syndicales, ils ont rétropédalé et précisé que c’était une piste », raconte Christian Grolier, de FO. Outre ce point, d’autres questions restent à trancher, comme la prise en compte des heures supplémentaires et le fait que les nouveaux venus bénéficient ou pas de la compensation. Une nouvelle réunion est prévue le 26 septembre.
Intersyndicale ce jeudi
Mais d’ores et déjà, les leaders des neuf principales organisations syndicales de la fonction publique se retrouveront ce jeudi à 18 heures au siège de la FSU. Au menu : la réaction face à une politique du gouvernement qui les hérisse. « Les 120 000 suppressions de poste, le rétablissement du jour de carence, le gel du point d’indice en 2018, les interrogations autour de l’application du protocole PPCR sur les carrières, la possibilité envisagée de créer des points d’indice différents selon les trois fonctions publiques (d’État, hospitalière et territoriale, NDLR) : cela n’est pas acceptable », tonne Jean-Marc Canon, de la CGT, ajoutant qu’il est temps « d’enclencher le rapport de force ». En clair, lancer des grèves et des mobilisations. FO, la FSU et Solidaires sont aussi remontés.
Du côté de l’exécutif, la vision est tout autre. La masse salariale de l’État, de la Sécu et des collectivités locales atteignant 284 milliards d’euros et représentant 22,7 % des dépenses publiques, le gouvernement se doit de limiter sa progression pour tenir ses engagements budgétaires. Or, par exemple, une hausse de 1 % de la valeur du point d’indice, qui sert de base au calcul de la rémunération, coûte 2 milliards par an aux comptes publics, selon la Cour des comptes. On comprend dès lors le gel du point. Qui n’est pas synonyme pour autant de baisse de pouvoir d’achat, la rémunération des agents évoluant aussi en fonction de primes, de l’avancement et de mesures protégeant contre l’inflation.
D’ailleurs, selon l’Insee, de 2010 à 2015, période de gel du point, la rémunération moyenne des personnes en place (RMPP) en net, qui est l’indicateur le plus adapté, a progressé, inflation déduite, dans les trois fonctions publiques (sauf dans l’hospitalière en 2012). Comme le point a été relevé de 0,6 % en juillet 2016, puis en février dernier, Bercy estime que le pouvoir d’achat des fonctionnaires augmentera de 3 % environ cette année. Soit davantage que dans le privé. Dès lors, rien ne justifierait un autre coup de pouce aux agents publics, via des mesures contrebalançant la CSG. Surtout lorsque les caisses sont vides.