Auteur/autrice : SJFu

LES MISSIONS DE LA NOUVELLE AGENCE FRANÇAISE ANTICORRUPTION

Par Cyrille Mayoux

La loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dit « loi Sapin II », renforce incontestablement l’arsenal juridique et opérationnel en matière de lutte, notamment préventive, contre la corruption et, plus généralement, contre la délinquance en col blanc.

Créée par la loi, l’Agence française anticorruption (« l’Agence ») est un service à compétence nationale, placé auprès du ministre de la justice et du ministre chargé du budget.

Elle est dirigée par un magistrat hors hiérarchie de l’ordre judiciaire nommé par décret du Président de la République pour une durée de six ans non renouvelable. Dans l’exercice des missions de l’Agence, son directeur « ne reçoit ni ne sollicite d’instruction d’aucune autorité administrative ou gouvernementale » (article 2 de la loi).

Les missions de l’Agence sont multiples puisque celle-ci sera amenée à intervenir :

– tout d’abord pour prévenir et éviter la commission de différents délits (A),

– ensuite, pour sanctionner les manquements constatés (B),

– enfin, pour assister le procureur de la République dans la lutte contre la corruption (C).

 

A. Une mission d’aide et de contrôle préventifs

 

La mission première de l’Agence est d’« aider les autorités compétentes et les personnes qui y sont confrontées à prévenir et à détecter les faits de corruption, de trafic d’influence, de concussion, de prise illégale d’intérêt, de détournement de fonds publics et de favoritisme » (article 1er de la loi).

Dans ce cadre, l’Agence :

1. participe à la coordination administrative, centralise et diffuse les informations permettant d’aider à prévenir et à détecter les faits de corruption, de trafic d’influence, de concussion, de prise illégale d’intérêt, de détournement de fonds publics et de favoritisme. Elle apporte son appui aux administrations de l’Etat, aux collectivités territoriales et à toute personne physique ou morale ;

2. élabore des recommandations destinées à aider les personnes morales de droit public et de droit privé à prévenir et à détecter les faits de corruption, de trafic d’influence, de concussion, de prise illégale d’intérêt, de détournement de fonds publics et de favoritisme. Ces recommandations sont :

– adaptées à la taille des entités concernées et à la nature des risques identifiés ;

– régulièrement mises à jour pour prendre en compte l’évolution des pratiques ;

– font l’objet d’un avis publié au Journal officiel ;

3. pratique des contrôles sur :

– la qualité et l’efficacité des procédures mises en œuvre au sein des administrations de l’Etat, des collectivités territoriales, de leurs établissements publics et sociétés d’économie mixte, et des associations et fondations reconnues d’utilité publique pour prévenir et détecter les faits de corruption, de trafic d’influence, de concussion, de prise illégale d’intérêt, de détournement de fonds publics et de favoritisme ;

– le respect des mesures préventives de lutte contre la corruption et le trafic d’influence imposées à certaines entités par l’article 17 de la loi (1) ;

Ces contrôles peuvent intervenir :

– à l’initiative de l’Agence ;

– à la demande du président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ;

– à la demande du Premier ministre, des ministres, ou du représentant de l’Etat pour les collectivités territoriales, leurs établissements publics et les sociétés d’économie mixte ;

– sur la base d’un signalement effectué par une association agréée (2).

Ils peuvent se dérouler au sein des entités contrôlées, au moyen d’entretiens, de communications de documents par l’entité et de vérifications in situ.

4. établit des rapports sur lesdits contrôles, transmis aux autorités qui en sont à l’initiative et aux représentants de l’entité contrôlée. Ces rapports contiennent les observations de l’Agence sur la qualité du dispositif de prévention et de détection de la corruption (3) mis en place au sein des entités contrôlées ainsi que des recommandations en vue de l’amélioration des procédures existantes.

5. Élabore un rapport d’activité, annuel et public.

 

B. Une mission de sanction en cas de manquements

 

Comme l’Autorité des marchés financiers (AMF), l’Agence intègre une commission des sanctions intervenant en cas de manquements constatés chez les personnes assujetties aux obligations posées par l’article 17 de la loi (4).

L’action de l’Agence doit être engagée dans les trois ans suivant le jour où le manquement a été constaté. A défaut d’acte « tendant à la sanction du manquement » pendant ce délai, l’action se trouve prescrite.

La commission des sanctions est composée de six membres, nommés pour 5 ans et tenus au secret professionnel :

– deux conseillers d’État désignés par le vice-président du Conseil d’État ;
– deux conseillers à la Cour de cassation désignés par le premier président de la Cour de cassation ;
– deux conseillers maîtres à la Cour des comptes désignés par le premier président de la Cour des comptes.

Saisie par le Directeur de l’Agence, la commission doit rendre une décision motivée après que la personne mise en cause eut été entendue, a minima convoquée (5).

En cas de condamnation, la commission peut :

1. enjoindre aux sociétés et dirigeants visés par l’article 17 d’adapter les procédures de conformité internes destinées à la prévention et à la détection des faits de corruption ou de trafic d’influence. Cette injonction prend la forme de recommandations dont le délai d’application, fixé par la commission, ne peut excéder trois ans.

2. prononcer une sanction pécuniaire, proportionnée à la gravité des manquements constatés et à la situation financière de la personne physique ou morale sanctionnée, dont le montant ne peut excéder en tout état de cause 200 000 € pour les personnes physiques et un million d’euros pour les personnes morales.

3. ordonner la publication, la diffusion ou l’affichage de la décision d’injonction ou de sanction pécuniaire ou d’un extrait de celle-ci, les frais étant supportés par la personne sanctionnée.

 

C. Une mission auprès du procureur de la République

 

La loi Sapin II impose plusieurs missions à l’Agence en matière pénale.

Une obligation d’information du procureur – La première obligation de l’Agence, lui impose d’aviser le procureur de la République territorialement compétent « des faits dont elle a eu connaissance dans l’exercice de ses missions et qui sont susceptibles de constituer un crime ou un délit ». En cela, cette obligation rejoint celle, plus générale, posée par l’article 40, alinéa 2, du Code de procédure pénale(6).

Cet avis doit également être transmis au parquet national financier (PNF) lorsque les faits dénoncés sont susceptibles de relever de sa compétence (7).

Une mission de contrôle en cas de signature d’une convention judiciaire d’intérêt public (8) – Cette nouvelle convention, sorte de transaction permettant d’éviter un procès sans reconnaissance préalable de culpabilité, donne plusieurs pouvoirs au parquet, dont celui d’imposer à la personne morale signataire de « se soumettre, pour une durée maximale de trois ans et sous le contrôle de l’Agence française anticorruption, à un programme de mise en conformité », ainsi que le prévoit l’article 41-1-2 du Code de procédure pénale.

Ce programme correspond aux mesures et procédures préventives prévues par l’article 17. II de la loi (9).

Dans ce cas, l’Agence pourra faire intervenir des experts, des personnes ou autorités qualifiées pour l’assister dans la réalisation d’analyses juridiques, financières, fiscales et comptables, les frais étant supportés par la personne morale (10).

Une mission de contrôle dans le cadre de l’application des peines – Il revient en effet à l’Agence de contrôler l’exécution de la peine de mise en conformité prévue par le nouvel article 131-39-2 du code pénal. Cette peine permettra au tribunal d’imposer à la personne morale condamnée la mise en œuvre les mesures et procédures prévues à l’article 17. II de la loi (11).

Pour cette mission, l’Agence pourra également faire intervenir des experts, des personnes ou autorités qualifiées pour l’assister dans la réalisation d’analyses juridiques, financières, fiscales et comptables, les frais étant supportés par la personne morale condamnée (12).

En outre, en vertu de l’article 764-44 du Code de procédure pénale, l’Agence devra :

– rendre compte au procureur de la République, au moins annuellement, de la mise en œuvre de la peine ;

– informer ce dernier de toute difficulté dans l’élaboration ou la mise en œuvre du programme de mise en conformité ;

– lui communiquer un rapport à l’expiration du délai d’exécution de la mesure.

 

D. Le fonctionnement de l’Agence

 

Ce fonctionnement est esquissé par la loi, qui renvoie néanmoins à un décret d’application le soin de fixer précisément ses conditions de fonctionnement.

En particulier, le futur décret d’application devra préciser :

– les modalités de désignation des membres de la commission des sanctions, de manière à assurer une représentation équilibrée entre les femmes et les hommes ;

– les conditions de fonctionnement de la commission des sanctions et de récusation de ses membres ;

– les conditions générales de réalisation des missions de prévention prévues à l’article 3 de la loi ;

– les conditions de recrutement les experts et les personnes ou autorités qualifiées auxquels l’Agence pourra recourir ainsi que les règles déontologiques qui leur seront applicables.

En tout état de cause, la procédure contentieuse devant la commission des sanctions devra être formalisée. En l’état, il n’existe rien dans la loi, entre la notification de griefs et la décision de la commission des sanctions. La loi se contente d’indiquer que les recours contre ces décisions sont des recours de pleine juridiction.

 

Conclusion

La loi Sapin II ne se contente pas d’inviter les personnes physiques et morales potentiellement exposées aux délits de corruption, de trafic d’influence, de concussion, de prise illégale d’intérêt, de détournement de fonds publics et de favoritisme, à se doter de règles, selon leur bon vouloir.

Elle prévoit les modalités d’accompagnement dans la mise en place des mesures et procédures destinées à moraliser la vie des affaires.

Enfin, la loi fixe les conditions d’application de la coercition étatique, au besoin pénale, afin d’assurer les objectifs qu’elle se fixe en matière de lutte pour la moralisation des affaires.

Ces derniers entreront en vigueur au 1er juin 2017.

 

(1) Voir le précédent article sur le blog « Loi Sapin II : les mesures anti-corruption à mettre en place au sein de l’entreprise ».

(2) Visée par l’article 2-23 du Code de procédure pénale.

(3) Notons dès à présent que le rapport ne doit porter, selon la loi, que sur le dispositif anti-corruption tandis que les missions de contrôle des entités publiques portent sur d’autres délits que la corruption : le trafic d’influence, la concussion, la prise illégale d’intérêt, le détournement de fonds publics et le favoritisme.

(4) Nous renvoyons le lecteur à l’article sur ce blog « Loi Sapin II : les mesures anti-corruption à mettre en place au sein de l’entreprise » pour connaître le détail des dispositions des obligations.

(5) Le cas échéant par le biais d’une notification de griefs lorsque le Directeur de l’Agence souhaite qu’une sanction pécuniaire soit prononcée contre la personne mise en cause.

(6) « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs ».

(7) Fixée par les articles 705 et 705-1 du Code de procédure pénale.

(8) Cette nouvelle convention, permettant au parquet et à la personne morale mise en cause de « transiger » pour éviter un procès, fera l’objet d’un prochain article.

(9) Voir l’article « Loi Sapin II : les mesures anti-corruption à mettre en place au sein de l’entreprise ».

(10) Dans la limite néanmoins d’un « plafond fixé par la convention ».

(11) Voir l’article « Loi Sapin II : les mesures anti-corruption à mettre en place au sein de l’entreprise ».

(12) Dans la limite néanmoins du « montant de l’amende encourue pour le délit au titre duquel cette peine est prononcée. »

Livre blanc : appel à contributions

Le congrès annuel du syndicat des 17 et 18 novembre derniers a conduit nos membres à proposer la rédaction d’un « livre blanc » des juridictions financières afin de tracer les contours de notre profession et de réfléchir à son avenir.

Les sections locales de Centre-Val-de-Loire et de Nouvelle-Aquitaine, en les personnes de Carole Collinet et Anne Beneteau, ont accepté de coordonner le travail d’écriture de cet ouvrage.

Pour le syndicat, la rédaction d’un livre blanc est motivée par les trois raisons principales: susciter un intérêt pour nos propositions, montrer notre expertise, valoriser nos compétences. Notre livre blanc doit être un recueil  de quelque dizaines de pages, destiné à amener des acteurs publics à prendre une décision par rapport aux solutions préconisées par notre organisation syndicale sous forme d’une modification de la législation ou de la réglementation. Le livre blanc est un document objectif qui présente à des décideurs publics, des leaders d’influence ou des journalistes, des informations sur les innovations proposées par le SJFu. Il doit etre rédigé de manière à inciter les lecteurs à apprécier les informations qu’ils découvrent et à les orienter vers des décisions décisives pour l’avenir de notre corps.

La rédaction de notre livre blanc doit tenir compte de l’expertise grandissante de nos interlocuteurs dont l’esprit critique et l’indépendance décisionnelle doivent être reconnus. Ce document ne doit pas porter nos revendications catégorielles; il doit les servir. Il doit se situer à la croisée des chemins entre une plate forme revendicative, destinée à nos services gestionnaires, et le document technique souvent ardu à lire, destiné aux administrateurs territoriaux.  Il s’agit avant tout d’amener nos lecteurs à adopter notre point de vue sur des sujets où nous pouvons démontrer nos compétences professionnelles pour mieux les valoriser.

Le document doit pouvoir sortir après les élections (2e tour des législatives le 18 juin 2017). Il faut toutefois prévoir de rédiger une version intermédiaire d’ici fin mars en vue d’une rencontre avec l’association des magistrats de la Cour, prévue en avril.

Deux méthodes peuvent être privilégiées :

  • Établir un diagnostic de situation, éventuellement en s’aidant de matrices SWOT (forces / faiblesses, risques / opportunité…);
  • Faire du parangonnage avec d’autres ISC ou instances de contrôle.

Dans une phase de rédaction plus aboutie, la validation du livre blanc par la représentation la plus large possible sera nécessaire. Est envisagée pour cela une validation par le conseil national du syndicat, où chaque section locale sera représentée. Cette consultation pourra éventuellement être électronique.

Les adhérents du SJFu dans leur ensemble sont conviés à ce travail collaboratif de rédaction. À titre de délégués, il vous revient d’en faire état auprès de votre section locale. Les bonnes volontés peuvent se manifester en écrivant à l’adresse fonctionnelle dédiée — livreblanc@sjfu.fr — en indiquant les thèmes qui recueillent leur intérêt. Les contributeurs se verront ouvrir un accès sur un site SharePoint consacré au livre blanc.

Comment a été liquidée votre rémunération en 2016

Comme chaque année, le syndicat a réalisé une note sur les rémunérations des magistrats de CRTC relative à l’exercice précédant. La note relative à l’exercice 2016 présente  le détail des modalités de liquidation de votre rémunération:  l’échelonnement indiciaire et les cinq composante du régime indemnitaire actuel ( une NBI pour les présidents de section (sauf les assesseurs) et les procureurs financiers dirigeant les ministères publics; une prime forfaitaire de fonctions comprenant : une part liée au grade ; une part liée aux fonctions ;  une prime dite de rendement ;  une indemnité mensuelle de technicité).

L’échelonnement indiciaire:

L’échelonnement indiciaire applicable aux membres du corps des magistrats des chambres régionales des comptes est fixé par le décret n° 2012-673 du 7 mai 2012. Le décret n°2012-672 du 7 mai 2012 – art. 1, codifié à l’article R224-1 du code des juridictions financières, a créé des échelons spéciaux. Les grades du corps des magistrats des chambres régionales des comptes comportent le nombre d’échelons suivant :

1° Président de section de chambre régionale des comptes : quatre échelons et deux échelons spéciaux ;

2° Premier conseiller de chambre régionale des comptes : sept échelons et un échelon spécial ;

3° Conseiller de chambre régionale des comptes : sept échelons.

L’article  R. 224-3-1.-I. du code des juridictions financières dispose : « ― Pour les premiers conseillers ayant au moins quinze années d’ancienneté dans le corps et au moins sept ans d’ancienneté au 7e échelon de leur grade, l’avancement à l’échelon spécial du grade de premier conseiller se fait dans la limite d’un pourcentage des effectifs du grade fixé par arrêté conjoint du Premier ministre, du ministre chargé du budget et du ministre chargé de la fonction publique. L’accès à cet échelon spécial s’effectue par ordre d’ancienneté dans le 7e échelon.
« II. ― Pour les présidents de section ayant atteint le 4e échelon de ce grade depuis au moins cinq ans, l’avancement au premier échelon spécial du grade de président de section se fait dans la limite d’un pourcentage des effectifs du grade fixé par arrêté conjoint du Premier ministre, du ministre chargé du budget et du ministre chargé de la fonction publique. L’accès à cet échelon spécial s’effectue par ordre d’ancienneté dans le 4e échelon.
« III. ― Pour les présidents de section ayant atteint le premier échelon spécial depuis au moins cinq ans, l’avancement au deuxième échelon spécial du grade de président de section se fait dans la limite d’un pourcentage des effectifs du premier échelon spécial fixé par arrêté conjoint du Premier ministre, du ministre chargé du budget et du ministre chargé de la fonction publique. L’accès à ce deuxième échelon spécial s’effectue par ordre d’ancienneté dans le premier échelon spécial. »

Le pourcentage mentionné au I de l’article R. 224-3-1 du code des juridictions financières pour l’accès à l’échelon spécial du grade de premier conseiller a été fixé le 7 juillet 2012 à 3 % au titre de l’année 2012, à 5 % au titre de l’année 2013, à 8 % au titre de l’année 2014 et à 10 % à compter de l’année 2015. Il a ultérieurement été est fixé, le 4 juin 2014, à l’initiative de notre organisation syndicale, à 15 % au titre de l’année 2013 et à 20 % à compter de l’année 2014. Un rappel de salaire a donc eu lieu pour l’exercice 2013 pour les collègues concernés.

Le pourcentage mentionné au II de l’article R. 224-3-1 du code des juridictions financières pour l’accès au premier échelon spécial du grade de président de section est fixé à 7 % au titre de l’année 2012, à 12 % au titre de l’année 2013, à 15 % au titre de l’année 2014 et à 20 % à compter de l’année 2015.

Le pourcentage mentionné au III de l’article R. 224-3-1du code des juridictions financières pour l’accès au deuxième échelon spécial du grade de président de section est fixé à 25 %.

 

Le régime indemnitaire:

Le régime indemnitaire, fixé par le décret n° 2002-1307 du 28 octobre 2002 (complété par l’arrêté du 28 octobre 2002), le décret n° 2003-176 modifié du 3 mars 2003 (complété par l’arrêté du 3 mars 2003) et le décret n° 2012-401 du 23 mars 2012 (complété par l’arrêté modifié du 23 mars 2012), comporte 5 éléments (sans compter les indemnités de droit commun, savoir l’indemnité de résidence, le supplément familial de traitement et l’indemnité dite exceptionnelle qui ne concerne que les fonctionnaires les plus anciens et sera progressivement supprimée) :

  • une NBI pour les présidents de section (sauf les assesseurs) et les procureurs financiers dirigeant les ministères publics près 6 chambres non désignées (arrêté du 3 juin 2013 modifiant l’arrêté du 3 mars 2003) ;
  • une prime forfaitaire de fonctions comprenant :
  • une part liée au grade ;
  • une part liée aux fonctions ;
  • une prime dite de rendement ;
  • une indemnité mensuelle de technicité.

 

1 – Calcul du traitement

Nombre de points d’indices majorés ´ valeur du point traitement.

Les grades du corps des magistrats des chambres régionales des comptes, ainsi que le nombre d’échelons qu’ils comportent, sont fixés par l’article R. 224-1 du Code des juridictions financières, modifié en dernier lieu par le décret n° 2012-672 du 7 mai 2012, relatif aux règles d’avancement d’échelon des magistrats des chambres régionales des comptes, qui a créé des échelons spéciaux.

Le temps à passer dans chacun des échelons des différents grades est fixé par l’article R. 224-2 du Code des juridictions financières. Le temps à passer dans chaque chevron de l’échelle dite lettres est fixé à un an par l’arrêté du 29 août 1957 modifié relatif aux emplois supérieurs de l’État classés hors échelle. Les temps minima à passer dans le dernier échelon normal des deux derniers grades et dans le premier échelon spécial de président de section ont été fixés par le décret n° 2012-672 précité du 7 mai 2012 relatif aux règles d’avancement d’échelon des magistrats des chambres régionales des comptes, et figurent à l’article R. 224-3-1 du Code des juridictions financières.

L’échelonnement indiciaire est prévu par le décret n° 2012-673 du 7 mai 2012 relatif à l’échelonnement indiciaire applicable aux magistrats des chambres régionales des comptes (en indices bruts).

Le décret n° 2016-670 du 25 mai 2016 a majoré la valeur (annuelle) du point d’indice qui est, depuis le 1er juillet 2016 de 55,8969 €.

Elle a évolué comme suit depuis l’instauration du nouveau régime indemnitaire :

Le versement est mensuel.

En 2016, depuis le 1er juillet, les montants annuels et mensuels ont été les suivants, étant entendu que ce n’est qu’à partir du 8 mai 2017 que deux présidents de section pourront être classés au 2nd échelon spécial :

2 – Calcul de la NBI

Nombre de points ´ valeur du point traitement.

Le nombre de points est de 80 dans les deux cas, conformément à l’arrêté modifié du 3 mars 2003 (pris en application du décret n° 2003-176 du 3 mars 2003), concernant actuellement 49 emplois de président de section et 6 emplois de procureur financier dirigeant le ministère public.

Le versement est mensuel.

Le montant mensuel depuis le 1er juillet 2016 est donc de : 372,64 € = 80 ´ 55,8969 € ÷ 12.

3 – Calcul des indemnités liées au grade

Nombre de points ´ valeur du point primes.

Les grades ont été répartis en 6 niveaux par l’arrêté du 8 septembre 2006 pris en application du décret n° 2002-1307 du 28 octobre 2002 relatif au régime indemnitaire des magistrats des chambres régionales et territoriales des comptes : conseiller (C), premier conseiller (PC) 1er et 2ème échelon (T1), 3ème et 4ème échelon (T2), 5ème et 6ème échelon (T3), 6ème échelon après 5 ans (T4). Cet arrêté n’a pas été modifié pour prendre en compte les échelons spéciaux. Il semble cependant aller de soi que les magistrats bénéficiant de l’échelon spécial de premier conseiller restent classés en T4.

La valeur du point primes est, depuis le 1er juillet 2006, de 51,87 €.

Elle a évolué comme suit depuis l’instauration du nouveau régime indemnitaire :

Le versement est mensuel.

En 2016 et depuis le 1er juillet 2006, les montants annuels et mensuels ont été et sont les suivants :

4 – Calcul des indemnités liées aux fonctions

Nombre de points ´ valeur du point primes.

Les fonctions distinguées figurent à l’arrêté du 28 octobre 2002.

Le versement est mensuel.

En 2016 et depuis le 1er juillet 2006, les montants annuels et mensuels ont été et sont les suivants :

5 – Calcul des indemnités dites de rendement

Nombre de points rendement ´ valeur du point rendement.

En application de l’instruction du Premier président du 8 octobre 2002, chaque magistrat se voit attribuer chaque année une note allant de 1 (en fait, 0) à 9.

Il en découle un nombre de points rendement dépendant du nombre de points primes, selon les barèmes suivants, seuls les deux premiers ayant été publiés en annexe de l’instruction précitée du Premier président.

Barème de la prime de rendement

  1 2 3 4 5 6 7 8 9
PS 0 228 387 501 569 637 751 842 854

 

Rapporteur 1 2 3 4 5 6 7 8 9
T4 0 197 335 433 493 552 650 729 740
T3 0 189 321 416 473 529 624 699 710
T2 0 181 308 398 453 507 597 670 680
T1 0 157 266 344 391 438 516 579 588
C 0 141 239 309 351 393 464 520 527

 

PF dirigeant 1 2 3 4 5 6 7 8 9
PS 0 236 400 518 589 659 777 871 884

 

Chargé de mission 1 2 3 4 5 6 7 8 9
T4 0 223 379 491 558 624 736 825 837
T3 0 215 366 473 538 602 710 796 807
T2 0 207 352 455 518 580 683 766 777
T1 0 183 310 402 456 511 602 675 685
C 0 167 283 366 416 466 549 616 625

 

PF 1 2 3 4 5 6 7 8 9
T4 0 216 366 474 539 603 711 797 809
T3 0 208 353 457 519 581 685 768 779
T2 0 200 339 439 499 559 658 738 749
T1 0 175 298 385 438 490 578 648 657

Le nombre de points est calculé de la manière suivante :

Nombre totaux de points primes ´ facteur.

Les facteurs sont les suivants :

Note 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Facteur 0 0,5 0,85 1,10 1,25 1,40 1,65 1,85 1,8760

Par exemple, pour un chargé de mission en T3, noté 7 :

(204 + 226) ´ 1,65 = 709,5 arrondi (type euro) à 710.

Le barème n’a pas été modifié à la suite du nouveau régime mis en place par le décret n° 2007-649 du 2 mai 2007 et l’arrêté du 2 mai 2007 sauf, marginalement, s’agissant du facteur de la note 9 qui a été minoré (1,8760 au lieu de 2) afin de ne pas dépasser « 60 % de [la] prime forfaitaire de fonctions ».

La valeur du point rendement est fixée, après péréquation des notes et versement de compléments individuels (par exemple, pour intérim), de telle manière que l’enveloppe indemnitaire totale, qui est égale à 40 % des crédits ouverts pour le service de la prime forfaitaire de fonctions (conformément à l’article 2 de l’arrêté du 28 octobre 2002), ne soit pas dépassée.

Elle a évolué comme suit depuis l’instauration du nouveau régime indemnitaire :

La valeur du point prime est donc bloquée depuis 2013.

Le versement est trimestriel. Les versements des trois premiers trimestres sont égaux à un quart des indemnités attribuées au titre de l’année précédente. Le dernier trimestre consiste, en principe, en une régularisation en fonction de la note attribuée, de la nouvelle valeur du point pour l’année et du nombre de points finalement attribué qui peut être « proratisé » en cas de changement de grade, de fonctions ou de niveau en cours d’année.

Pour 2016, et depuis 2013, les montants ont été les suivants en €, hors note 0 (niveau 1), et niveaux 8 et 9 (ces deux derniers niveaux ne pouvant plus être atteints sans dépasser la limite de 60 % de la prime forfaitaire de fonctions) :

6 – Indemnité mensuelle de technicité

Bien qu’elle ait été perçue dès sa création au bénéfice des agents du ministère des finances, cette indemnité n’a été officiellement instaurée au bénéfice des magistrats et des fonctionnaires des juridictions financières que par le décret du 23 mars 2012.

Son montant mensuel brut, prévu à l’article 2 du décret du 23 mars 2012, a été fixé à 59,92 € par un arrêté du 23 mars 2012. Elle est soumise à une retenue pour pension à la charge du fonctionnaire fixée à 20 % du montant brut.

7 – Rémunérations brutes

De tout ce qui précède, il résulte que les rémunérations moyennes (note 5) brutes (hors indemnité mensuelle de technicité) ont été, pour l’année 2016, les suivantes, étant entendu qu’aucun PS ne pouvait encore être classé au 2nd échelon spécial :

Grade Echelon Traitement Primes Total % P/T % P/Total Mensuel € Mensuel F
PS Dirigeant un MP 2nd ES 70777,35 38944,594 109721,944 0,55024092 0,35493897 9143,5 59977,4283
    67823,65 38944,594 106768,244 0,57420375 0,36475821 8897,35 58362,7901
  1er ES 64869,95 38944,594 103814,544 0,60034876 0,3751362 8651,21 56748,2176
    63476,69 38944,594 102421,284 0,61352591 0,38023927 8535,11 55986,6515
  4 62139,17 38944,594 101083,764 0,6267318 0,38527052 8423,65 55255,5218
    60522,99 38944,594 99467,584 0,64346778 0,39153051 8288,97 54372,0789
    58962,55 38944,594 97907,144 0,66049711 0,39777071 8158,93 53519,0725
  3 58962,55 38944,594 97907,144 0,66049711 0,39777071 8158,93 53519,0725
    55953,12 38944,594 94897,714 0,69602185 0,41038495 7908,14 51873,9979
    53668,18 38944,594 92612,774 0,7256552 0,42050996 7717,73 50624,9902
  2 53668,18 38944,594 92612,774 0,7256552 0,42050996 7717,73 50624,9902
    51048,86 38944,594 89993,454 0,76288861 0,43274919 7499,45 49193,1672
    49098,3 38944,594 88042,894 0,79319638 0,4423366 7336,91 48126,9747
  1 45754,49 38944,594 84699,084 0,85116442 0,45979947 7058,26 46299,1505
                 
                 
Grade Echelon Traitement Primes Total % P/T % P/Total Mensuel € Mensuel F
PS 2nd ES 70777,35 37773,234 108550,584 0,53369099 0,34797817 9045,88 59337,0831
    67823,65 37773,234 105596,884 0,55693308 0,35771163 8799,74 57722,5105
  1er ES 64869,95 37773,234 102643,184 0,58229171 0,36800528 8553,6 56107,938
    63476,69 37773,234 101249,924 0,59507252 0,37306926 8437,49 55346,3063
  4 62139,17 37773,234 99912,404 0,60788121 0,37806351 8326,03 54615,1766
    60522,99 37773,234 98296,224 0,62411381 0,3842796 8191,35 53731,7337
    58962,55 37773,234 96735,784 0,64063094 0,3904784 8061,32 52878,7928
  3 58962,55 37773,234 96735,784 0,64063094 0,3904784 8061,32 52878,7928
    55953,12 37773,234 93726,354 0,67508718 0,40301615 7810,53 51233,7183
    53668,18 37773,234 91441,414 0,70382923 0,41308672 7620,12 49984,7105
  2 53668,18 37773,234 91441,414 0,70382923 0,41308672 7620,12 49984,7105
    51048,86 37773,234 88822,094 0,73994275 0,42526845 7401,84 48552,8876
    49098,3 37773,234 86871,534 0,76933894 0,43481716 7239,29 47486,6295
  1 45754,49 37773,234 83527,724 0,82556344 0,45222391 6960,64 45658,8053
                 
                 
Grade Echelon Traitement Primes Total % P/T % P/Total Mensuel € Mensuel F
PS assesseur 2nd ES 70777,35 33314,818 104092,168 0,47069886 0,32005115 8674,35 56900,006
    67823,65 33314,818 101138,468 0,49119766 0,32939809 8428,21 55285,4335
  1er ES 64869,95 33314,818 98184,768 0,51356318 0,3393074 8182,06 53670,7953
    63476,69 33314,818 96791,508 0,52483546 0,34419154 8065,96 52909,2292
  4 62139,17 33314,818 95453,988 0,53613233 0,34901442 7954,5 52178,0996
    60522,99 33314,818 93837,808 0,55044898 0,35502554 7819,82 51294,6567
    58962,55 33314,818 92277,368 0,56501657 0,36102913 7689,78 50441,6502
  3 58962,55 33314,818 92277,368 0,56501657 0,36102913 7689,78 50441,6502
    55953,12 33314,818 89267,938 0,5954059 0,37320026 7438,99 48796,5756
    53668,18 33314,818 86982,998 0,6207555 0,38300379 7248,58 47547,5679
  2 53668,18 33314,818 86982,998 0,6207555 0,38300379 7248,58 47547,5679
    51048,86 33314,818 84363,678 0,6526065 0,39489528 7030,31 46115,8106
    49098,3 33314,818 82413,118 0,67853302 0,40424169 6867,76 45049,5525
  1 45754,49 33314,818 79069,308 0,72812128 0,42133691 6589,11 43221,7283
                 
                 
                 
PC dirigeant un MP Echelon Traitement Primes Total % P/T % P/Total Mensuel € Mensuel F
T4 ES 62139,17 38944,594 101083,764 0,6267318 0,38527052 8423,647 55255,5022
    60522,99 38944,594 99467,584 0,64346778 0,39153051 8288,96533 54372,0483
  7 58962,55 38944,594 97907,144 0,66049711 0,39777071 8158,92867 53519,0637
T3 7 58962,55 37773,234 96735,784 0,64063094 0,3904784 8061,31533 52878,7622
    55953,12 37773,234 93726,354 0,67508718 0,40301615 7810,5295 51233,715
    53668,18 37773,234 91441,414 0,70382923 0,41308672 7620,11783 49984,6963
  6 53668,18 37773,234 91441,414 0,70382923 0,41308672 7620,11783 49984,6963
    51048,86 37773,234 88822,094 0,73994275 0,42526845 7401,84117 48552,8953
    49098,3 37773,234 86871,534 0,76933894 0,43481716 7239,2945 47486,659
T2 5 45754,49 36601,874 82356,364 0,79996245 0,44443286 6863,03033 45018,5279
  4 42577,87 36601,874 79179,744 0,85964549 0,4622631 6598,312 43282,0894
T1 3 39624,17 33018,852 72643,022 0,83330079 0,45453577 6053,58517 39708,9157
  2 36670,47 33018,852 69689,322 0,90042075 0,47380074 5807,4435 38094,3322
  1 34496,99 33018,852 67515,842 0,95715168 0,4890534 5626,32017 36906,241
                 
                 
Chargé de mission Echelon Traitement Primes Total % P/T % P/Total Mensuel € Mensuel F
T4 ES 62139,17 32660,196 94799,366 0,52559756 0,34451914 7899,94717 51820,2564
    60522,99 32660,196 93183,186 0,53963289 0,35049452 7765,2655 50936,8026
  7 58962,55 32660,196 91622,746 0,55391424 0,35646384 7635,22883 50083,818
T3 7 58962,55 31488,836 90451,386 0,53404807 0,34812994 7537,6155 49443,5165
    55953,12 31488,836 87441,956 0,56277176 0,36011129 7286,82967 47798,4693
    53668,18 31488,836 85157,016 0,58673195 0,36977383 7096,418 46549,4506
  6 53668,18 31488,836 85157,016 0,58673195 0,36977383 7096,418 46549,4506
    51048,86 31488,836 82537,696 0,6168372 0,38150854 6878,14133 45117,6495
    49098,3 31488,836 80587,136 0,64134269 0,39074271 6715,59467 44051,4133
T2 5 45754,49 30317,476 76071,966 0,66261204 0,39853678 6339,3305 41583,2822
  4 42577,87 30317,476 72895,346 0,71204774 0,41590414 6074,61217 39846,8437
T1 3 39624,17 26717,382 66341,552 0,67426982 0,40272471 5528,46267 36264,3379
  2 36670,47 26717,382 63387,852 0,7285803 0,42149057 5282,321 34649,7544
  1 34496,99 26717,382 61214,372 0,77448444 0,43645603 5101,19767 33461,6632
C 7 34496,99 24374,662 58871,652 0,70657359 0,41403054 4905,971 32181,0602
  6 32434,97 24374,662 56809,632 0,75149328 0,42905861 4734,136 31053,8965
  5 30428,68 24374,662 54803,342 0,80104237 0,44476598 4566,94517 29957,1965
  4 27642,17 24374,662 52016,832 0,88179264 0,46859182 4334,736 28434,0042
  3 25190,05 24374,662 49564,712 0,96763055 0,49177451 4130,39267 27093,5998
  2 22905,11 24374,662 47279,772 1,06415826 0,51554102 3939,981 25844,5812
  1 21121,74 24374,662 45496,402 1,15400824 0,53574922 3791,36683 24869,7361
                 
                 
Procureur financier Echelon Traitement Primes Total % P/T % P/Total Mensuel € Mensuel F
T4 ES 62139,17 31557,778 93696,948 0,50785645 0,33680689 7808,079 51217,6408
    60522,99 31557,778 92080,768 0,52141803 0,34271845 7673,39733 50334,1869
  7 58962,55 31557,778 90520,328 0,53521732 0,34862642 7543,36067 49481,2023
T3 7 58962,55 30386,418 89348,968 0,51535115 0,34008695 7445,74733 48840,9008
    55953,12 30386,418 86339,538 0,54306923 0,35194094 7194,9615 47195,8536
    53668,18 30386,418 84054,598 0,56619058 0,3615081 7004,54983 45946,835
  6 53668,18 30386,418 84054,598 0,56619058 0,3615081 7004,54983 45946,835
    51048,86 30386,418 81435,278 0,59524185 0,3731358 6786,27317 44515,0339
    49098,3 30386,418 79484,718 0,61888941 0,38229258 6623,7265 43448,7976
T2 5 45754,49 29215,058 74969,548 0,63851784 0,38969233 6247,46233 40980,6665
  4 42577,87 29215,058 71792,928 0,68615593 0,40693504 5982,744 39244,2281
T1 3 39624,17 25632,036 65256,206 0,64687881 0,39279078 5438,01717 35671,0543
  2 36670,47 25632,036 62302,506 0,69898302 0,4114126 5191,8755 34056,4708
  1 34496,99 25632,036 60129,026 0,74302239 0,4262839 5010,75217 32868,3796
                 
                 
Rapporteur Echelon Traitement Primes Total % P/T % P/Total Mensuel € Mensuel F
T4 ES 62139,17 28853,276 90992,446 0,46433314 0,31709529 7582,70383 49739,2766
    60522,99 28853,276 89376,266 0,47673249 0,32282928 7448,02217 48855,8228
  7 58962,55 28853,276 87815,826 0,48934919 0,32856579 7317,9855 48002,8381
T3 7 58962,55 27681,916 86644,466 0,46948302 0,31948856 7220,37217 47362,5367
    55953,12 27681,916 83635,036 0,49473409 0,33098468 6969,58633 45717,4894
    53668,18 27681,916 81350,096 0,51579755 0,34028129 6779,17467 44468,4708
  6 53668,18 27681,916 81350,096 0,51579755 0,34028129 6779,17467 44468,4708
    51048,86 27681,916 78730,776 0,54226316 0,35160222 6560,898 43036,6697
    49098,3 27681,916 76780,216 0,563806 0,36053449 6398,35133 41970,4335
T2 5 45754,49 26510,556 72265,046 0,57940884 0,36685171 6022,08717 39502,3023
  4 42577,87 26510,556 69088,426 0,62263697 0,38371921 5757,36883 37765,8639
T1 3 39624,17 22910,462 62534,632 0,57819412 0,36636439 5211,21933 34183,358
  2 36670,47 22910,462 59580,932 0,62476598 0,38452675 4965,07767 32568,7745
  1 34496,99 22910,462 57407,452 0,66412931 0,39908516 4783,95433 31380,6833
C 7 34496,99 20567,742 55064,732 0,59621845 0,37351933 4588,72767 30100,0803
  6 32434,97 20567,742 53002,712 0,63412243 0,38805075 4416,89267 28972,9166
  5 30428,68 20567,742 50996,422 0,67593277 0,40331735 4249,70183 27876,2167
  4 27642,17 20567,742 48209,912 0,74407118 0,42662891 4017,49267 26353,0244
  3 25190,05 20567,742 45757,792 0,81650263 0,44949158 3813,14933 25012,62
  2 22905,11 20567,742 43472,852 0,8979543 0,47311692 3622,73767 23763,6013
  1 21121,74 20567,742 41689,482 0,97377119 0,49335566 3474,1235 22788,7563

 

8 – Rémunération nette et imposable

La rémunération nette s’obtient en déduisant les cotisations de la rémunération brute.

Tous les éléments de rémunérations font l’objet de cotisations. Celles à la charge du fonctionnaire (en dehors des cotisations à une mutuelle généralement assises sur le traitement) sont actuellement les suivantes :

  • Pension civile : 9,94 % du traitement (en 2016) et de la NBI, 20 % de l’IMT (depuis 2009) ;
  • CSG non déductible (du revenu imposable) : 2,40 % de 98,25 % du traitement et des primes ;
  • CSG déductible : 5,10 % de 98,25 % du traitement et des primes ;
  • CRDS : 0,50 % de 98,25 % du traitement et des primes ;
  • RAFP (retraite additionnelle) : 5 % de 20 % du traitement ;
  • Contribution de solidarité : 1 % du traitement et des primes moins les retenues pour pension civile et la RAFP.

N.B. : 1°) La convergence entre les régimes de retraite de la fonction publique et ceux du secteur privé, actée par la modification de l’article L. 61 du code des pensions civiles et militaires de retraite,  entraîne l’alignement progressif des taux de prélèvement applicables aux fonctionnaires et aux salariés. Les taux sont fixés par le décret n° 2010-1749 du 30 décembre 2010, modifié en dernier lieu par le décret n° 2014-1531 du 17 décembre 2014. Ils sont actuellement les suivants :

2012-1 2012-2 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 >=2020
8,39 % 8,49 % 8,76 % 9,14 % 9,54 % 9,94 % 10,29 % 10,56 % 10,83 % 11,10 %

            2°) L’assiette de la CSG et de la CRDS (article L. 136-2 du Code de la sécurité sociale) qui était de 97 % du traitement et des primes a été portée à 98,25 % (lorsque la totalité des revenus dépasse 4 fois le plafond mensuel de sécurité sociale, l’excédent est soumis en totalité).

Le revenu imposable est égal au total du traitement et des primes moins les cotisations sauf la CSG non déductible et la CRDS.

Un exemple est donné ci-après pour la rémunération mensuelle du dernier mois de l’un des 3 premiers trimestres de 2017 d’un magistrat de chambre régionale (et pas territoriale) des comptes sans enfant, rapporteur, au dernier échelon du grade de premier conseiller depuis moins de 5 ans, noté 5, sachant que la valeur du point d’indice devrait augmenter au 1er février 2017 :

Pour la première fois depuis 2011, cette rémunération augmente d’une année sur l’autre, sans toutefois retrouver le niveau atteint en 2011 : 7 405,40 € en 2017, contre 7 375,21 € en 2016, mais 7 431,70 € en 2011.

Les logiques de corps et d’avancement empêchent de placer les bonnes personnes à la bonne place

Sylvain Henry, a publié dans Acteur publics une interview de Anne-Marie Idrac, ancienne secrétaire d’État aux Transports et ancienne présidente de la RATP et de la SNCF, auteure de la note “Réformer le réformateur, quels talents pour la haute fonction publique ?” publiée par l’Institut de l’entreprise.

Pourquoi est-il aujourd’hui nécessaire de réformer la gestion des talents dans la haute fonction publique ?

Diriger une administration est beaucoup plus difficile que piloter une entreprise privée tant le champ des contraintes est plus fort. Cela suppose de placer aux postes à responsabilités des managers aguerris, formés et accompagnés, ce qui reste malheureusement insuffisant dans la haute administration. La note de l’Institut de l’entreprise, qui aurait pu s’appeler “Quel management des managers ?”, décrit une vision cible, avec quatre capacités clés : les patrons d’administration doivent d’abord comprendre leur environnement à 360 degrés pour mesurer stratégiquement les problèmes auxquels ils sont confrontés ; ensuite proposer et élaborer des politiques publiques, sans négliger leurs critères de succès ; puis les mettre en œuvre dans toutes leurs dimensions : manager les équipes, les budgets, les process et la communication ; enfin, rendre compte. C’est cette vision exigeante, avec les compléments des compétences techniques, qui inspire dans notre note les propositions en termes de recrutement, de formation, etc. Je précise que cette étude sur le management des talents est indissociable de l’autre note de l’Institut de l’entreprise pilotée par Augustin de Romanet, “Restaurer la responsabilité des décideurs publics”. Les décideurs en responsabilités ministérielles sont, faut-il le rappeler, les patrons de leurs administrations, et à ce titre les managers de leurs équipes de direction.

Vous mettez l’accent sur la nécessité de professionnaliser le recrutement des hauts fonctionnaires. Certaines avancées, comme l’instauration de comités d’audition de 3 candidats ou le développement de viviers de talents, ne sont-elles pas à saluer ?

Nous constatons en effet des évolutions positives, mais qui doivent encore être largement intensifiées. Le recrutement est le b.a.-ba de toute politique des ressources humaines au sein de la sphère privée. C’est d’ailleurs un business considérable pour les chasseurs de têtes ! Nous n’en sommes qu’au balbutiement dans le secteur public. Les logiques de corps, de cohortes et d’avancements empêchent trop souvent de placer la bonne personne à la bonne place. Constituer un vivier de plusieurs centaines de personnes est une étape très prometteuse pour construire dans le temps l’accompagnement nécessaire de ces futurs dirigeants de haut niveau en conseils, orientation, coaching, formation… Par ailleurs, je crois beaucoup à l’exemplarité pour dépasser les seuls critères de corps, de concours, d’écoles : à chaque fois que sont nommés sur les postes à responsabilités des femmes ou des hommes “différents”, c’est-à-dire n’appartenant pas l’administration en question ou au corps dont sont traditionnellement issues les personnes sollicitées, c’est un grand bond en avant. La mise en œuvre d’une politique publique ne relève pas seulement de l’application de tel paragraphe de telle circulaire ; il faut dépasser des compétences purement techniques pour aller chercher des talents managériaux.

Comment mieux prendre en compte, justement, les parcours différents ?

Cela passe par la valorisation des compétences, qui n’existe quasiment pas dans la haute fonction publique. Et je ne parle pas seulement du privé : une mission exercée par un haut fonctionnaire à la Commission européenne à Bruxelles (ce qui est d’autant plus important que nous y sommes en perte d’influence…) n’est malheureusement pas un plus dans sa carrière. Il s’est, d’une certaine manière, mis en “stand-by”, son retour n’est pas prévu… Ce qu’on appelle la valorisation des acquis de l’expérience (VAE) doit permettre une mise en valeur des parcours de traverse à haute valeur ajoutée, qui peuvent apporter beaucoup à l’administration. Les jurys composés de personnes venues d’horizons différents sont

ainsi une bonne initiative dans le sens de l’ouverture des esprits. Cela va d’ailleurs de pair avec l’évolution des services publics. Si l’on veut instaurer réellement des services diversifiés dans leurs modes de délivrance, adaptés aux particularités des territoires et personnalisés selon les différents publics auxquels ils s’adressent, alors il faut dans le même mouvement travailler à une personnalisation des recrutements, des parcours et du management.

Votre note propose de développer le principe de “plasticité” des postes, c’est-à-dire d’adapter leurs contours en fonction de la personnalité et du parcours de la personne recrutée, puis de son évolution au sein de l’administration. Ce n’est pas dans la culture du secteur public…

En effet, la fonction publique n’est guère habituée à ce discours, même si dans les faits il se vérifie : un même poste n’aura pas la même envergure selon qu’il est assumé par quelqu’un de très talentueux capable d’innover et d’être force de mouvement ou par quelqu’un de simplement « normal », respectueux des seules procédures. Le rayonnement n’est pas question de statuts mais de personnalités, de profils, qui doivent être repérés et mis en avant. Par ailleurs, il devrait être évident que les choix à opérer doivent être fondés sur le projet de politique publique sous-jacent : certaines situations méritent des profils imaginatifs qui font bouger les lignes, d’autres moins.

“Manager les managers, c’est leur donner des marges de manœuvre.”

Pour repérer les talents, faut-il professionnaliser la fonction RH et davantage associer aux décisions stratégiques les gestionnaires des ressources humaines ?

La fonction RH se professionnalise ; le plus important est qu’elle contribue à animer la discussion sur le “comment faire” et le “comment mettre en œuvre” les politiques publiques, enjeu majeur pour restaurer la confiance alors que tant de promesses sont insuffisamment tenues. Elle aide notamment à identifier celles et ceux qui sont capables d’incarner et de concrétiser ces politiques vis-à-vis des collaborateurs et de l’extérieur. J’observe des avancées, comme la transformation de la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) en véritable DRH de l’État. Au-delà de la “GRH” en lettres majuscules, la gestion des ressources humaines de manière concrète et quotidienne reste essentielle. Un manager public chargé de faire évoluer ses structures et de réduire ses effectifs ne peut pas réussir sa mission si les leviers managériaux sont détenus ailleurs, au niveau central, et s’il ne peut pas s’extraire de règles statutaires totalement figées. Si j’ai pu mener à bien certaines réformes d’envergure lorsque je dirigeais la SNCF et la RATP, c’est parce que les managers de proximité ont pu bénéficier d’une certaine autonomie décentralisée, bien évidemment dans le cadre d’un socle commun. Les managers en première ligne doivent pouvoir intervenir, par exemple, en matière de formation, de primes ou de changement d’affectation, bref, avoir les moyens d’agir en managers. Pour moi, “manager les managers”, c’est leur donner des marges de manœuvre.

En matière de diversité des parcours, comment mieux prendre en compte les expériences venues du privé ?

Au-delà de la valorisation de l’expérience, les questions de déontologie méritent d’être plus finement appréhendées. Il existe une espèce de triangle : nous avons besoin de personnes compétentes, donc maîtrisant les problématiques d’un secteur donné ; or certaines de ces personnes pourraient utilement être recrutées en dehors de la sphère publique ; pour cela, elles doivent échapper à tout conflit d’intérêts. C’est un triangle qui, pour le moment, ressemble à celui des Bermudes. Et c’est la même chose dans l’autre

sens : il est regrettable que certains hauts fonctionnaires ne puissent faire des allers-retours avec le privé qui pourraient être bénéfiques aux deux univers. Nous proposons donc de réfléchir à une charte de déontologie.  Concernant le volet rémunération, il paraît difficile de rétribuer un directeur venu du haut niveau du privé sur ses émoluments antérieurs. Mais sûrement pourrait-on davantage prendre en compte le volet de la performance individuelle via une rémunération au mérite plus conséquente.

De manière plus générale, quel regard portez-vous aujourd’hui sur la haute fonction publique ? Lorsque j’avais, l’année dernière, travaillé pour Thierry Mandon [alors secrétaire d’État à la Réforme de l’État et à la Simplification, ndlr] sur le rapport de France Stratégie “Quelle action publique pour demain ?”, j’avais été frappée par le désarroi de certains hauts fonctionnaires face à des injonctions contradictoires. Je ressens une énorme capacité d’engagement de leur part et en même temps, chez eux, le sentiment d’être des Gulliver privés de la moindre marge de manœuvre. Ils sont partants pour mettre en œuvre véritablement les réformes, pour moderniser et redonner tout son éclat au service public. Mais à condition qu’il leur soit fait davantage confiance et qu’ils soient mis en situation de responsabilité. La confiance et la responsabilisation sont des ingrédients essentiels à mettre dans le moteur.

L’avenir de la fonction publique semble être l’un des enjeux centraux de la campagne présidentielle qui s’ouvre. Est-ce l’occasion de poser la question de la gestion des talents et du management de la réforme dans le secteur public ?

Espérons que la réforme de l’État et des services publics sera véritablement abordée. Les politiques publiques méritent d’être évaluées et potentiellement révisées en profondeur. Les révisions des politiques publiques supposent de travailler d’abord sur les missions, puis sur les structures, les financements, les questions de management et enfin, les effectifs. Il faut accepter des dépenses intermédiaires comme à chaque fois que des restructurations sont opérées. Et puis il faut une méthode : les expérimentations fondées sur l’initiative sont très nombreuses dans le secteur public, et c’est heureux ; mais elles ne sont pas suffisamment installées dans la durée et surtout peinent à se diffuser largement, ce qui finit par être coûteux.  Par ailleurs le cadre évolue, particulièrement sous la pression des nouvelles technologies. Le numérique percute le management traditionnel, les décideurs publics doivent le prendre en compte en travaillant de manière plus transverse et plus interactive. Pour résumer, les défis de réforme du management public sont immense mais l’“envie” interne et externe est là. Réformer le réformateur suppose de travailler autrement, de libérer les énergies, de faire confiance aux managers et d’accompagner les talents. Les bases de ce mouvement réformateur sont posées. Il est urgent de l’accélérer.

Propos recueillis par Sylvain Henry

Le CICE n’aurait pas favorisé l’emploi selon le LIEPP

Clément Carbonnier

Selon Clément Carbonnier, co-directeur de l’axe “Politiques socio-fiscales” du Laboratoire Interdisciplinaire d’Évaluation des Politiques Publiques (LIEPP), rattaché à Sciences Po, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) n’aurait pas, pour l’instant, été créateur d’emplois. Il avait pour objectif de doper la compétitivité des entreprises françaises.

Comment avez-vous évalué l’impact du CICE ?

France Stratégie nous a demandé d’évaluer l’impact du CICE, dont le coeur du dispositif prévoit de rembourser 6 % de la masse salariale en ciblant les salaires jusqu’à 2,5 fois le smic. L’évaluation combine deux méthodologies issues de la sociologie économique d’une part, et de l’économie quantitative d’autre part. Ce type de dialogue étant assez peu mené en sciences sociales, cette évaluation du LIEPP est un objet scientifique unique. De plus, les conclusions des deux approches se recoupent largement ce qui assoit leur crédibilité.

Quelles sont vos conclusions ?

Avec l’analyse qualitative, nous nous sommes entretenus avec des décisionnaires d’entreprise sur la façon dont ils se sont appropriés le dispositif. Il s’avère qu’ils n’ont pas eu pleinement conscience que ce crédit d’impôt pouvait réduire le coût du travail. Ils ont également douté de la pérennité du dispositif. Sur la partie quantitative, nous avons évalué cinq critères : les exportations, les investissements, l’emploi, les résultats nets des entreprises et les salaires. Notre analyse nous a permis de conclure que le CICE n’a pas eu d’impact sur l’investissement, l’emploi et les exportations. En revanche, il a eu un impact positif sur les salaires, surtout sur ceux des cadres et des professions intellectuelles supérieures, et sur les résultats nets des entreprises.

Il n’y a donc pas eu le même impact sur toutes les catégories de salariés. Pourquoi ?

Nous trouvons un impact plus fort sur le salaire des cadres et des professions intellectuelles supérieures. Nous formulons l’hypothèse qu’elles ont un plus fort pouvoir de négociation que les employés ou les ouvriers. Les premières catégories peuvent bénéficier davantage de ce qu’on appelle les accessoires de salaires, comme les primes.

Vos conclusions ne sont pas intégrées au rapport final.

France Stratégie les reprend en partie. Notamment sur les résultats nets des entreprises, sur les exportations, et les investissements. Mais effectivement, pas sur l’emploi ni sur les salaires. J’ai du mal à comprendre l’argument scientifique pour écarter nos résultats. France Stratégie privilégie les conclusions des équipes de recherche d’un autre laboratoire, Travail, emploi et politiques publiques (TEPP), mais nos méthodologies diffèrent.

C’est-à-dire ?

Notre principe, celui du LIEPP, est de comparer les entreprises qui sont les plus similaires possibles. De son côté, TEPP a comparé des entreprises aux profils bien distincts qui ont reçu des montants très différents de CICE. Les trajectoires avant même le CICE n’étant pas les mêmes, leur comparaison après réception du CICE est sujette à caution.

Pour en savoir davantage:

  • Laboratoire Interdisciplinaire d’Evaluation des Politiques Publiques (LIEPP) de Sciences Po 
  • Un policy brief résumant les résultats du LIEPP est disponible sur le site internet du LIEPP
  • Le rapport du LIEPP est disponible sur le site internet de France Stratégie
  • L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), a également participé à l’étude. Lire son rapport d’évaluation sur l’impact du CICE pour France Stratégie

OBSERVATIONS DU SJFU SUR LE PROJET DE MODIFICATION DE LA PARTIE REGLEMENTAIRE DU CODE DES JURIDICTIONS FINANCIERES

L’ordonnance n° 2016-1360 du 13 octobre 2016 modifiant la partie législative du code des juridictions financières, prise sur le fondement du II de l’article 86 de la loi n° 2016-483 du 20 avril 2016 relative à la déontologie et aux droits et obligations des fonctionnaires, modernise les dispositions portant sur les missions et l’organisation des juridictions financières, ainsi que sur les procédures applicables. Elle simplifie le code des juridictions financières en proposant une architecture plus claire, en y repositionnant les dispositions pertinentes et en abrogeant celles devenues inutiles.

L’ordonnance entrera en vigueur le lendemain de la publication au Journal officiel de la République française du décret en Conseil d’Etat relatif à la partie réglementaire du code des juridictions financières, et au plus tard le 1er juillet 2017. Il convient dès lors de toiletter cette dernière. A cette fin, notre organisation syndicale a présenté des propositions de modification, tant sur les aspects métiers que statutaires. Certaines d’entre elles ont été reprises dans le projet soumis au Conseil supérieur, d’autres non. La présente note précise les points sur lesquels le projet peut encore être amélioré.

 

1-         Le volet métier

Les propositions de modification du volet métier de la partie règlementaire du code des juridictions financières prennent en compte de nombreuses suggestions formulées par notre organisation syndicale. La représentation des chambres régionales et territoriales des comptes au sein de la chambre du conseil est améliorée. La distinction entre FIJ1 et FIJ2 est précisée. Les missions et pouvoirs d’investigation des experts et des vérificateurs sont clarifiés. Le droit de communication vis-à-vis des commissaires aux comptes est réaffirmé. Il est tenu compte de l’extension de l’entretien de fin de contrôle aux dirigeants d’organismes non soumis à la comptabilité publique.

Par ailleurs, le document communiqué au Conseil supérieur reprend le détail de nombreuses propositions de correction ou de mise à jour de la partie réglementaire du code des juridictions financières formulées par notre organisation syndicale.

Toutes nos suggestions n’ont cependant pas été reprises comme par exemple la proposition d’organiser le contrôle conjoint des EPCI et de leurs communes membres ou celle relative aux documents devant être communiqués par la Caisse des dépôts et consignation. Parmi les suggestions non retenues, sont reprises ici celles relatives aux missions et prérogatives du parquet ainsi que celle relative au droit d’évocation.

1.1-        Les missions et prérogatives du parquet

1.1.1-          Le contrôle qualité

Le projet d’article R. 112-11 dispose notamment que le procureur général « contribue au contrôle de la qualité des travaux de la Cour. Il surveille leur exécution. Il rend compte, au moins une fois par an, des conditions de cette exécution. ». Cette formulation se substituerait à « il surveille les travaux de la Cour ».

Notre organisation syndicale approuve la précision relative à la surveillance de l’exécution des travaux de la Cour ainsi que la phrase suivante donnant une assise règlementaire à la mercuriale des juridictions financières. Elle est toutefois très réservée sur la première phrase de cet alinéa, relative au contrôle qualité des travaux de la Cour.

La démarche qualité au sein de laquelle les juridictions financières se sont engagées depuis plusieurs années portent tant sur les travaux du parquet que sur ceux du siège. L’un comme l’autre sont confrontés à des enjeux de qualité de leurs productions respectives et il n’y a pas lieu de confier à l’une des composantes des juridictions financières des prérogatives particulières sur l’autre en matière de contrôle qualité.

Une telle prérogative ne serait adossée ni à une disposition législative ni à un référentiel qualité et s’en trouverait par là même fragile. La formulation retenue, très vague, ne limite pas les prérogatives du procureur général au contrôle qualité des seuls travaux d’instruction mais les étend de fait à l’ensemble des productions des juridictions financières.

Au sein des chambres régionales des comptes, elle placerait les procureurs financiers, correspondants du procureur général, dans une situation délicate consistant à relever d’éventuels défauts de qualité dans les travaux des magistrats du siège sans pouvoir appuyer leurs conclusions sur des éléments incontestables.

Une telle pratique ne manquerait pas non plus de susciter une réaction inverse et la qualité des conclusions des procureurs financiers faire l’objet d’appréciations de la part des magistrats du siège. La logique de situation au sein de laquelle se trouverait les procureurs financiers au sein des chambres régionales des comptes serait alors difficile à tenir et il est à craindre que peu de candidats ne se portent volontaires pour assurer de telles missions.

Par ailleurs, il convient de souligner que les travaux des magistrats du siège font d’ores et déjà l’objet d’un solide contrôle qualité : autocontrôle de la part des magistrats instructeurs, contrôle par la formation de délibéré, puis relectures par les présidents de section, vice-présidents et présidents de chambre. Certaines chambres confient à un contre rapporteur un examen approfondi des travaux d’instruction. Enfin, la mission permanente d’inspection des chambres régionales et territoriales des comptes s’assure périodiquement de la qualité d’ensemble des productions de chaque juridiction dans le cadre et le respect d’une procédure contradictoire.

1.1.2-          Les communications avec les juridictions administratives

            Le second alinéa du projet d’article R. 112-12. dispose que le procureur général «  (…) communique avec les administrations. Il assure les échanges d’informations entre la Cour des comptes et les juridictions ainsi que les autorités chargées d’un pouvoir de sanction. ». La rédaction actuelle ne prévoit cette prérogative du procureur général que pour les juridictions judiciaires.

            L’extension de cette prérogative aux juridictions administratives n’est pas justifiée. Aucune difficulté liée aux échanges d’information entre juridictions financières et juridictions administratives n’a été relevée. Si le procureur général peut utilement faciliter de tels échanges, il apparait excessif de lui en confier la prérogative. Une telle disposition altérerait la qualité et la célérité des échanges d’information entre ces juridictions sans pour autant prévenir des risques dument identifiés et analysés. Notre organisation syndicale souhaite en conséquence maintenir les dispositions actuelles à ce sujet.

1.1.3-          La formulation des recommandations du procureur général

            Le projet d’article R. 112-13. dispose que «  Le procureur général oriente et coordonne l’action des procureurs financiers près les chambres régionales et territoriales des comptes. Il adresse à ces derniers, s’il y a lieu, des recommandations écrites. ».

            Dans cet article la signification de la locution « s’il y a lieu » est celle de l’expression « il y a lieu », à savoir « il est opportun, il convient », assortie du « si » conditionnel. Par conséquent, s’il y a lieu signifie « si cela est opportun », « si cela convient ». Elle laisse l’opportunité au procureur général d’adresser ou non ses recommandations par écrit.

            Notre organisation syndicale préférait substituer à la locution « s’il y a lieu » celle de « le cas échéant ». La locution adverbiale « le cas échéant » sert à exprimer un lien de dépendance entre le fait d’accomplir ou non une action et l’occasion qui s’offrira ou non à cet égard. Elle est équivalente aux locutions suivantes : « si le cas se présente », « si besoin est », « si nécessaire » et spécifie donc clairement que toute recommandation du procureur général doit être adressée par écrit aux procureurs financiers.

1.2-        Le droit d’évocation

Le projet d’article D231-14 28 dispose : « Lorsque la chambre régionale des comptes décide par jugement motivé, après réquisition du ministère public, d’exercer son droit d’évocation, celui-ci porte peut porter non seulement sur les comptes non encore apurés par l’autorité compétente de l’Etat, mais également sur ceux apurés depuis moins de six mois. Ce délai s’apprécie à compter de la notification aux comptables des décisions d’apurement qui sont adressées simultanément à la chambre régionale des comptes. ».

Il conviendrait de compléter cet article par une disposition prévenant tout apurement administratif par l’autorité compétentes de l’Etat d’un compte faisant l’objet d’un réquisitoire du ministère public. A cette fin, ce réquisitoire devrait être obligatoirement transmis à l’autorité compétentes de l’Etat afin de l’inviter à ne pas procéder à l’apurement administratif de ce compte tant que la procédure devant la juridiction n’est pas close.

L’article D231-14 28 pourrait être complété par la disposition suivante : « La notification d’un réquisitoire à l’autorité compétentes de l’Etat a pour effet de suspendre la procédure d’apurement administratif jusqu’à la notification du jugement. ».

 

2-         Le volet statutaire

Les propositions de modification du volet statutaire de la partie règlementaire du code des juridictions financières prennent aussi en compte certaines suggestions formulées par notre organisation syndicale. Elles précisent la nature du lien hiérarchique entre magistrats et vérificateurs. Elles limitent l’encadrement réglementaire des dispositions législatives relatives à la discipline des magistrats. Elles décontingentent l’accès au grade de premier conseiller. En dépit de la prise en compte de ces éléments, le texte doit encore être amélioré en ce qui concerne la gestion des détachements, la gestion des carrières et de la mobilité des magistrats financiers ainsi que les modalités de leur évaluation.

2.1-        La gestion des détachements

2.1.1-          La consultation du Conseil supérieur sur toute proposition de détachement entrant

Afin d’organiser la consultation du Conseil supérieur sur toute proposition de détachement entrant, à l’instar de la pratique des juridictions administratives, l’article R. 212-13 pourrait être modifié de la façon suivante :

« Les rapporteurs auprès des chambres régionales des comptes mentionnés à l’article L. 212-5-1 peuvent être mis à disposition pour exercer leurs fonctions à temps plein ou à temps partiel.

Les mêmes fonctions de rapporteur peuvent être exercées à temps partiel par des magistrats de la Cour des comptes et par des magistrats d’autres chambres régionales ou territoriales des comptes.

Peuvent exercer à temps partiel les mêmes fonctions de rapporteur les magistrats des chambres régionales des comptes ayant été admis à faire valoir leurs droits à la retraite.

Les rapporteurs sont nommés pour une période de deux ans renouvelable. Ils sont désignés parmi les membres des corps susmentionnés sur proposition du premier président de la Cour des comptes et après avis du conseil supérieur des chambres régionales des comptes sur présentation du président de la chambre régionale des comptes où ils sont appelés à exercer leurs fonctions. ».

2.1.2-          La durée de détachement entrant

Le premier alinéa du projet d’article R. 221-15 dispose que «. – Les magistrats et les fonctionnaires visés à l’article L. 221-10 L. 212-5 peuvent être détachés, pendant une durée maximale de six ans, dans le corps des magistrats des chambres régionales des comptes, à grade équivalent et à l’échelon comportant un indice égal ou, à défaut, immédiatement supérieur à celui qu’ils détenaient dans leur corps d’origine. Ils concourent pour l’avancement de grade et d’échelon avec les membres du corps.

Notre organisation syndicale préconise un alignement des dispositions applicable aux juridictions financières sur celles prévues dans le statut général de la fonction publique d’Etat qui imposent l’intégration dans le corps d’arrivée des agents qui y sont détachés depuis plus de cinq ans. A défaut, elle demande l’adjonction de la phrase suivante : « Toutefois, ils peuvent, pour raisons de service, être maintenus au sein de la même chambre au-delà de cette durée pendant une période maximale de deux ans. ». Cette dérogation prévue pour raisons de service permettrait de gérer la situation des magistrats proches de la retraite.

2.1.3-          Les modalités des détachements entrants

Le second alinéa du projet d’article R. 221-15 dispose que « Les magistrats et fonctionnaires intégrés dans le corps des magistrats de chambre régionale des comptes en application du dernier alinéa de l’article L. 221-9 sont reclassés à l’échelon comportant un indice égal ou, à défaut, immédiatement supérieur à celui qu’ils détenaient dans leur corps d’origine, sous réserve que cet indice soit plus favorable que celui détenu dans le grade de détachement. ».

Cette rédaction est moins favorable, dans un tout petit nombre de cas, que le droit commun applicable à l’ensemble de la fonction publique (plus précisément, lorsque le gain indiciaire induit par le reclassement est inférieur à celui d’un avancement d’échelon dans le corps d’origine, alors l’ancienneté dans l’échelon initial est conservée dans l’échelon de reclassement du corps de détachement, dans la limite de la durée de cet échelon).

Il est rappelé que dans le livre I de la partie règlementaire du CJF, l’article R 122-5 dispose que « Les magistrats des chambres régionales des comptes nommés conseillers référendaires à la Cour des comptes en application de l’article L. 221-2 sont classés dans leur grade à l’échelon comportant un traitement égal ou, à défaut, immédiatement supérieur à celui dont ils bénéficiaient dans leur corps d’origine.

Lors de leur nomination, les intéressés conservent, dans la limite de l’ancienneté requise pour un avancement d’échelon dans leur nouveau grade, l’ancienneté d’échelon acquise dans leur précédent grade, lorsque cette nomination leur procure un avantage inférieur à celui qui serait résulté d’un avancement d’échelon dans leur grade d’origine ou qui a résulté de leur accession à cet échelon, si cet échelon était le plus élevé de leur précédent grade. ».

La reprise d’une formulation similaire conduirait à supprimer le dernier alinéa de l’article R. 221-15 et à créer un article R 221-16 rédigé de la façon suivante :

« Art. R 221-16. – Les magistrats et les fonctionnaires nommés premier conseiller en application de l’article L. 221-9 sont classés dans leur grade à l’échelon comportant un traitement égal ou, à défaut, immédiatement supérieur à celui dont ils bénéficiaient dans leur corps d’origine.

Lors de leur nomination, les intéressés conservent, dans la limite de l’ancienneté requise pour un avancement d’échelon dans leur nouveau grade, l’ancienneté d’échelon acquise dans leur précédent grade, lorsque cette nomination leur procure un avantage inférieur à celui qui serait résulté d’un avancement d’échelon dans leur grade d’origine ou qui a résulté de leur accession à cet échelon, si cet échelon était le plus élevé de leur précédent grade. ».

Au demeurant, les dispositions règlementaires du statut général de la fonction publique prévalant sur les dispositions règlementaires du code des juridictions financières, il est aussi possible, voire judicieux, de tout simplement supprimer le dernier alinéa de l’article R. 221-15.

2.2-        La gestion des carrières des magistrats financiers

2.2.1-          Le décontingentement les échelons spéciaux des premiers conseillers et des présidents de section

Afin de faciliter le déroulement de carrière des magistrats de CRTC et éviter un maintien dans l’emploi principalement motivé par l’accès aux échelons spéciaux, l’article R. 224-1 pourrait être modifié de la façon suivante

« Les grades du corps des magistrats des chambres régionales des comptes comportent le nombre d’échelons suivant :

1° Président de section de chambre régionale des comptes : quatrecinq échelons et deux un échelons spécialux ;

2° Premier conseiller de chambre régionale des comptes : septhuit échelons et un échelon spécial ;

3° Conseiller de chambre régionale des comptes : sept échelons. ».

De même, l’article R. 224-2 pourrait être modifié de la façon suivante :

« Le temps à passer dans chacun des échelons des différents grades pour accéder à l’échelon supérieur est fixé comme suit :

1° Un an pour les quatre premiers échelons du grade de conseiller et pour les deux premiers échelons du grade de premier conseiller ;

2° Deux ans pour les 5e et 6e échelons du grade de conseiller, pour les 3e et 4e échelons du grade de premier conseiller et pour le premier échelon du grade de président de section ;

3° Trois ans pour les 5e et 6e et 7e échelons du grade de premier conseiller et pour les 2e, et 3e, 4e  et 5e échelons du grade de président de section. ».

Enfin, l’article R. 224-3-1 pourrait être supprimé et être remplacé par un paragraphe rédigé de la façon suivante :

  1. # Pour les premiers conseillers ayant au moins quinze années d’ancienneté dans le corps et au moins sept ans d’ancienneté au 7e échelon de leur grade, l’avancement à l’échelon spécial du grade de premier conseiller se fait dans la limite d’un pourcentage des effectifs du grade fixé par arrêté conjoint du Premier ministre, du ministre chargé du budget et du ministre chargé de la fonction publique. L’accès à cet échelon spécial s’effectue par ordre d’ancienneté dans le 7e échelon.

Pour l’application du premier alinéa, les services accomplis dans les corps ou cadres d’emplois mentionnés à l’article L. 212-5 sont assimilés à des services effectifs dans le corps des magistrats de chambre régionale des comptes.

  1. # Pour les présidents de section ayant atteint le 4e échelon de ce grade depuis au moins cinq ans, l’avancement au premier échelon spécial du grade de président de section se fait dans la limite d’un pourcentage des effectifs du grade fixé par arrêté conjoint du Premier ministre, du ministre chargé du budget et du ministre chargé de la fonction publique. L’accès à cet échelon spécial s’effectue par ordre d’ancienneté dans le 4e échelon.

III. # Pour les présidents de section ayant atteint le premier échelon spécial depuis au moins cinq ans, l’avancement au deuxième échelon spécial du grade de président de section se fait dans la limite d’un pourcentage des effectifs du premier échelon spécial fixé par arrêté conjoint du Premier ministre, du ministre chargé du budget et du ministre chargé de la fonction publique. L’accès à ce deuxième échelon spécial s’effectue par ordre d’ancienneté dans le premier échelon spécial.

Peuvent accéder au choix à l’échelon spécial du grade de président de section, dans la limite d’un pourcentage des effectifs de ce grade fixé par arrêté conjoint du Premier ministre, du ministre chargé de la fonction publique et du ministre chargé du budget, les présidents de section inscrits sur un tableau d’avancement ayant au moins quatre ans d’ancienneté au 5ème échelon de leur grade. L’accès à cet échelon spécial s’effectue par ordre d’ancienneté dans le 5e échelon. ».

2.2.2-          La mutation des présidents de section

La proposition R224-8 dispose :  « Les avancements de grade sont prononcés dans l’ordre du tableau d’avancement. A l’exception des magistrats délégués dans les fonctions du ministère public, les magistrats inscrits au tableau d’avancement pour le grade de président de section choisissent leur affectation, dans l’ordre du tableau, sur une liste établie par le premier président de la Cour des comptes. Ceux qui n’exercent pas ce choix perdent le bénéfice de leur inscription au tableau d’avancement.

Aucune mutation dans la chambre dans laquelle le magistrat était affecté au moment de sa promotion au grade de président de section ne peut intervenir avant un délai de trois ans. ».

Notre organisation syndicale est opposée à l’introduction de cette disposition dans le code des juridictions financières. Une règle de gestion prévoit d’ores et déjà ce principe. Elle peut être adaptée selon les circonstances à l’issue d’un débat devant le conseil supérieur. Il est inutile voire contreproductif d’enfermer des pratiques de gestion dans un cadre réglementaire alors que des solutions adaptées peuvent être trouvées après une concertation avec les parties prenantes.

2.2.3-          L’obligation de résidence

Le projet d’article R222-1 dispose : « L’obligation de résidence à laquelle les magistrats des chambres régionales des comptes sont astreints, en vertu de l’article L. 222-1, est considérée comme remplie lorsque ces magistrats résident dans l’une des communes qui composent l’agglomération où la chambre régionale a son siège. En ce qui concerne la chambre des comptes de l’Ile-de- France, cette obligation est regardée comme satisfaite si les magistrats de cette chambre résident dans l’un des départements du ressort de la chambre suivants : Paris, Yvelines, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d’Oise et Seine-et-Marne. ».

Notre organisation syndicale propose d’étendre les dispositions prévues pour la CRC Ile-de-France à l’ensemble des CRC : « Art. R222-1. – L’obligation de résidence à laquelle les magistrats des chambres régionales des comptes sont astreints, en vertu de l’article L. 222-1, est considérée comme remplie lorsque ces magistrats résident dans l’un des départements du ressort de la chambre ».

2.3-        L’évaluation des magistrats financiers

2.3.1-          La suppression de la notation

Le corps des magistrats de CRTC est l’un des derniers corps de la fonction publique à prévoir une notation de ses membres. Afin de supprimer cette pratique hors d’âge, peu appropriée à l’administration d’un corps de magistrat financier, et de lui substituer un entretien professionnel, l’article R. 224-7 pourrait être modifié de la façon suivante :

« Le tableau d’avancement est, pour chaque grade, commun à tous les membres du corps des chambres régionales des comptes. Il est établi par le Conseil supérieur des chambres régionales des comptes, conformément au premier alinéa de l’article L. 212-16. Il doit être arrêté au plus tard le 15 décembre de l’année précédant celle pour laquelle il est établi. Il cesse d’être valable à l’expiration de l’année pour laquelle il est dressé. Il doit être porté à la connaissance des magistrats dans un délai de trois jours suivant la date à laquelle il a été arrêté.

Pour l’établissement du tableau d’avancement, il est procédé à un examen approfondi de la valeur professionnelle du magistrat, compte tenu notamment :

1° Des notations qui lui ont été attribuées ;

12° Des propositions motivées formulées par les présidents des chambres ou, pour les commissaires du Gouvernementprocureurs financiers, par le procureur général près la Cour des comptes ;

3° Et, à compter du 1 janvier 20052017, de l’évaluation de l’intéressé retracée par les comptes rendus d’évaluationd’entretien professionnel.

Le Conseil supérieur des chambres régionales des comptes peut demander à entendre les intéressés.

Les magistrats sont inscrits au tableau par ordre de mérite.

Les candidats dont le mérite est jugé égal sont départagés par l’ancienneté dans le corps. (…) ».

Cette proposition n’a été suivie que fort partiellement car seule la susbstitution du terme « commissaires du gouvernement » par « procureurs financiers » a été prise en considération.

2.3.2-          La substitution de l’entretien professionnel à l’entretien d’évaluation-notation

L’entretien professionnel a été étendu à la plupart des administrations de l’Etat et les juridictions financières demeurent l’une des rares administrations à maintenir des pratiques antérieures. Aussi est-il proposé de refondre le CHAPITRE V : Entretien professionnel Evaluation et notation

Ainsi l’article R. 225-1 pourrait être modifié de la façon suivante :

« Un arrêté du premier président de la Cour des comptes pris après avis du Conseil supérieur des chambres régionales des comptes fixe la périodicité, le contenu et les modalités d’organisation de l’entretien d’évaluationprofessionnel, notamment  la liste des autorités chargées de le conduire. ».

La liste pourrait comprendre le président de chambre, le vice-président de chambre et le président de section.

Il est précisé à cet égard qu’en référence au décret n° 2010-888 du 28 juillet 2010 relatif aux conditions générales de l’appréciation de la valeur professionnelle des fonctionnaires de l’Etat, l’entretien professionnel porte principalement sur : 1° Les résultats professionnels obtenus par le fonctionnaire eu égard aux objectifs qui lui ont été assignés et aux conditions d’organisation et de fonctionnement du service dont il relève ; 2° Les objectifs assignés au fonctionnaire pour l’année à venir et les perspectives d’amélioration de ses résultats professionnels, compte tenu, le cas échéant, des perspectives d’évolution des conditions d’organisation et de fonctionnement du service ; 3° La manière de servir du fonctionnaire ; 4° Les acquis de son expérience professionnelle ; Le cas échéant, la manière dont il exerce les fonctions d’encadrement qui lui ont été confiées ; 6° Les besoins de formation du fonctionnaire eu égard, notamment, aux missions qui lui sont imparties, aux compétences qu’il doit acquérir et à son projet professionnel ; 7° Ses perspectives d’évolution professionnelle en termes de carrière et de mobilité.

Les arrêtés ou les décisions mentionnés à l’article 5 des ministres intéressés ou des autorités investies du pouvoir de gestion des corps concernés, pris après avis des comités techniques paritaires compétents, fixent, le cas échéant, les autres thèmes sur lesquels peut porter l’entretien professionnel, en fonction de la nature des tâches confiées aux fonctionnaires et du niveau de leurs responsabilités.

Ces dispositions règlementaires n’ont pas besoins d’être rappelées dans le code des juridictions financières. Elles ne s’en imposent pas moins à elles.

Par ailleurs, le projet d’article R225-2 dispose : «  – Le premier président de la Cour des comptes, après avis du président de la chambre régionale des comptes, ou, pour les procureurs financiers commissaires du Gouvernement, le procureur général près la Cour des comptes attribuent aux magistrats une note chiffrée et formulent une appréciation générale sur leur valeur professionnelle des magistrats. Les compétences des commissions administratives paritaires en matière d’évaluation professionnelle de notation sont exercées par le Conseil supérieur des chambres régionales des comptes.

Un arrêté du premier président de la Cour des comptes pris après avis du Conseil supérieur des chambres régionales des comptes fixe les critères d’appréciation des magistrats, les niveaux de notes, les marges d’évolution des notes, les modalités de leur harmonisation préalable ainsi que la périodicité de la notation ainsi que les modalités et la périodicité de l’évaluation professionnelle.

Les dispositions du titre II du décret n° 2010-888 du 28 juillet 2010 relatif aux conditions générales de l’appréciation de la valeur professionnelle des fonctionnaires de l’Etat n° 59-308 du 14 février 1959 relatif aux conditions générales de notation et d’avancement des fonctionnaires et, à compter de son entrée en vigueur, du titre III du décret n° 2002-682 du 29 avril 2002 relatif aux conditions générales d’évaluation, de notation et d’avancement des fonctionnaires de l’Etat ne sont pas applicables aux membres du corps des chambres régionales des comptes.

Ces propositions ne tirent pas toutes les conséquences de la suppression de la notation. Notre organisation syndicale réitère sa demande visant à appliquer les dispositions du décret n° 2010-888 du 28 juillet 2010 relatif aux conditions générales de l’appréciation de la valeur professionnelle des fonctionnaires de l’Etat au sein des juridictions financières. Elle observe à cet égard que la proposition de dérogation à ce décret ne sont pas argumentées.

L’article R. 225-2 pourrait être adapté de la façon suivante :

« Le premier président de la Cour des comptes, après avis du président de la chambre régionale des comptes, ou, pour les commissaires du Gouvernement procureurs financiers, le procureur général près la Cour des comptes attribuent aux magistrats une note chiffrée et formulent une appréciation générale sur leur la valeur professionnelle des magistrats. Les compétences des commissions administratives paritaires en matière de notation relative à l’organisation et au suivi des entretiens professionnels sont exercées par le Conseil supérieur des chambres régionales des comptes.

Un arrêté du premier président de la Cour des comptes pris après avis du Conseil supérieur des chambres régionales des comptes fixe les critères d’appréciation des magistrats à partir desquels la valeur professionnelle des magistrats est appréciée au terme de l’entretien professionnel., les niveaux de notes, les marges d’évolution des notes, les modalités de leur harmonisation préalable ainsi que la périodicité de la notation.

Les dispositions du titre II du décret n° 59-308 du 14 février 1959 relatif aux conditions générales de notation et d’avancement des fonctionnaires et, à compter de son entrée en vigueur, du titre III du décret n° 2002-682 du 29 avril 2002 relatif aux conditions générales d’évaluation, de notation et d’avancement des fonctionnaires de l’Etat ne sont pas applicables aux membres du corps des chambres régionales des comptes. ».

Quid du compte personnel d’activité dans les juridictions financières ?

Le 18 janvier, la ministre de la fonction publique a présenté, en Conseil des ministres, une ordonnance portant diverses dispositions relatives au compte personnel d’activité (CPA), à la formation et à la santé et à la sécurité du travail au profit des agents publics. Une ordonnance fondée sur l’article 44 de la loi n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels.

Le CPA dans la fonction publique comprend le compte personnel de formation (CPF), qui se substitue au droit individuel à la formation (DIF), et le compte d’engagement citoyen (CEC). Les objectifs sont de renforcer l’autonomie et la liberté d’action de son titulaire et de faciliter son évolution professionnelle.

Ses bénéficiaires : les fonctionnaires et agents contractuels de la fonction publique, sans condition d’ancienneté de service. Les droits sont « portables » au sein de la fonction publique et en cas de mobilité. Ils peuvent être consultés, au plus tard le 1er janvier 2020, sur le portail « moncompteactivite.gouv.fr » géré par la Caisse des dépôts.

Le dispositif intègre un porte feuille des compétences, un test de personnalité et un référentiel emploi, ce qui permet d’apprécier, en toute confidentialité l’adéquation « compétences – personnalité – emploi ». Un indicateur précise l’écart type des salaires des emplois la tension sur le marché du travail. Un très bel outil pour préparer une éventuelle reconversion professionnelle, même s’il s’adresse plus particulièrement aux premiers niveaux de qualification qu’aux cadres dirigeants.

L’ouverture du CPA ne prend que quelques minutes, le temps de retrouver son numéro d’immatriculation de sécurité sociale.

Le CPF ouvre à bénéficiaire un crédit de 24 heures de formation par an, dans la limite de 150 heures, porté à 48 heures, dans la limite de 400 heures, pour les agents de catégorie C dépourvus de qualification. Il ouvre droit au financement d’un nombre accru de formations, en fonction du projet professionnel de l’agent.

Le CFC permet d’obtenir des droits à formation supplémentaires en reconnaissance des activités citoyennes exercées par l’agent, à raison de 20 heures par an dans la limite de 60 heures.

Par ailleurs, s’agissant du temps partiel thérapeutique, l’ordonnance supprime la condition de six mois d’arrêt maladie continu avant l’ouverture des droits. Elle permet de mieux accompagner les fonctionnaires qui, en raison de leur état de santé, doivent changer de poste de travail. Elle crée une période de préparation au reclassement pour raison de santé d’une durée maximale d’un an pour accompagner l’agent vers un nouveau poste de travail. En outre, elle instaure un régime de « présomption d’imputabilité » (pour un accident ou une maladie « présumée » d’origine professionnelle, l’agent n’a pas alors à prouver qu’il existe un lien entre l’accident ou la maladie et son travail, charge éventuellement à l’employeur de prouver que la cause est étrangère au travail) au service pour les accidents de service et certaines maladies professionnelles contractées dans l’exercice des fonctions.

Pour en savoir davantage:

La loi n° 2016-1088 du 8 août 2016

Florence MÉAUX présente la politique Cadres Dirigeants de l’État

Florence Méaux & Anne Amson,  déléguée et déléguée adjointe de la mission Cadres Dirigeants de l’Etat au Secrétariat général du gouvernement ont reçu vendredi 20 janvier une délégation du G16 composée de Jean Poulit, Richard Lavergne et Vincent Sivré.

Lors de cette rencontre, Florence Méaux & Anne Amson ont notamment présenté la politique Cadres Dirigeants de l’État, notamment les modalités de détection des potentiels, de nomination des cadres dirigeants, de leur formation et de leur accompagnement.

1- Présentation générale

  • Une politique ambitieuse initiée en 2010 et qui franchit de nouveaux paliers chaque année

Les travaux interministériels relatifs aux cadres dirigeants de l’Etat conduits depuis le printemps 2010 sous l’autorité du secrétaire général du Gouvernement (SGG) ont permis de donner corps aux ambitions fixées par le Premier ministre dans sa circulaire du 10 février 2010 relative aux cadres dirigeants de l’Etat. Les objectifs généraux de cette politique professionnaliser la nomination et l’accompagnement des cadres dirigeants pour contribuer à la performance des services publics de l’Etat- ont été renforcés au fil des années (notamment par une circulaire PM du 3 mai 2013, un décret du 24 juillet 2014 confiant explicitement aux secrétaires généraux des missions d’impulsion et de coordination dans la politique cadres dirigeants et un décret du 24 mai 2016 créant un comité d’audition pour les directeurs d’administration centrale).

Derrière la notion de cadres dirigeants, sans portée normative, sont visés « les postes les plus élevés dans la hiérarchie administrative de l’Etat et de ses établissements publics, dont les titulaires sont nommés en conseil des ministres » : hiérarchie administrative, laissant expressément de côté la hiérarchie judiciaire, et respectant les modalités de nomination propres à certains corps (préfets, ambassadeurs et militaires). Ce périmètre n’est pas limitatif : les ministères peuvent demander que le suivi s’étende à des postes dont les titulaires ne sont pas nommés en conseil des ministres mais sur lesquels il leur parait intéressant d’échanger avec le SGG pour identifier les meilleurs profils.

Cette politique doit servir de « levier » et de ferment pour une politique ambitieuse vis-à-vis de l’ensemble de l’encadrement supérieur (politique dorénavant portée par la circulaire PM du 10 juin 2015).

  • L’équipe placée auprès du Secrétaire général du Gouvernement

Le rôle du secrétaire général du Gouvernement (SGG) en matière de coordination de la politique de gestion des cadres dirigeants et de pilotage du réseau des correspondants est bien admis par les ministères, qui ont désigné auprès de chaque secrétaire général un correspondant « cadres dirigeants ». Les secrétaires généraux eux-mêmes sont étroitement associés à la conception et au suivi du plan d’actions, à l’occasion des comités des secrétaires généraux réunis par le SGG.

Dans ce cadre, une déléguée aux cadres dirigeants (Florence Méaux) est chargée auprès du SGG de conduire ces travaux.

Elle dispose d’une petite équipe de cinq cadres, la « Mission cadres Dirigeants » (MCD), chargée de l’appuyer dans la politique menée : une directrice de projet, adjointe de la déléguée (Anne Amson) et trois correspondants cadres dirigeants, chargés du suivi de portefeuilles ministériels et de domaines d’action spécifiques (maîtrise d’ouvrage du système d’information interministériel coordonné par la Mission -SICD, politique de formation et d’accompagnement, suivi des nominations équilibrées, mixité, préparation des comités d’audition).

Le G 16 revendique l’élargissement de cette équipe à 120 collaborateurs A+ de façon à transformer cette mission en service de gestion des cadre A+ de la fonction publique d’Etat. Florence Méaux précise à cet égard que la gestion des cadres A+ est effectuée au niveau de chaque ministère par une cellule rattachée à chaque secrétariat général, en liaison avec la DGAFP. Elle reconnait toutefois que la nature de cette gestion relève davantage de l’application de règles statutaires que d’une véritable gestion des ressources humaines. 

2- Détection des potentiels

  • La mise en place d’un vivier de cadres supérieurs à haut potentiels

Le processus d’identification du potentiel des cadres supérieurs, a été formalisé avec les administrations afin de faciliter et d’orienter les travaux relatifs à la réalisation des premières revues des carrières ministérielles qui se sont tenues en 2012 dans chaque ministère. Ce processus a maintenant lieu annuellement. Il a été renforcé depuis 2015 par des assessments systématiques par un prestataire externe et des entretiens à la Mission cadres Dirigeants, pour permettre de mieux cerner le potentiel managérial et les motivations des cadres proposés pour une entrée dans le vivier.

La constitution d’un vivier de futurs cadres dirigeants de l’Etat aux profils diversifiés (issus de 58 corps administratifs et techniques différents) est désormais une réalité : ce sont au total près de 600 cadres civils et militaires qui ont été identifiés par les ministères comme susceptibles d’occuper, à court terme, des fonctions de cadres dirigeants. Son dimensionnement est stabilisé, la sélectivité étant essentielle pour crédibiliser la démarche.

La proportion de femmes retenues dans le vivier des cadres susceptibles d’accéder aux fonctions de cadres dirigeants se situe aujourd’hui à environ 30%. Si les objectifs de promotion des femmes sur ce type d’emplois (20 % en 2013 et 2014, 30 % en 2015) ont été atteints, la réalisation de l’objectif fixé par la loi à partir de 2017 (40%) nécessitera une action résolue et une vigilance de la part du Gouvernement.

  • Suivi du vivier interministériel

Le vivier des cadres susceptibles d’occuper, à court terme, des fonctions de cadres dirigeants, les cadres dirigeants eux-mêmes, ainsi que les postes correspondants sont désormais suivis par les autorités de gestion et de nomination au travers du « Système d’information des cadres dirigeants » (SICD), déployé dans tous les ministères depuis mai 2012.

Cette base de données simple constitue une aide à la décision au profit des autorités de nomination. Elle est de nature à améliorer la gestion prévisionnelle des cadres dirigeants, l’identification des compétences détenues par les cadres figurant dans le vivier et à faciliter le décloisonnement entre les administrations et le travail de préparation de relève des postes à la décision du Gouvernement.

Au 1er septembre 2016, près de 1.600 cadres (600 cadres dirigeants, 560 vivier, 380 anciens cadres dirigeants). Par ailleurs, 620 postes de cadres dirigeants figurent dans l’application SICD.

3- Nomination des cadres dirigeants

L’amélioration de la professionnalisation du recrutement des cadres dirigeants de l’Etat doit notamment concourir à une meilleure anticipation des successions et relèves, à la diversification des profils, au décloisonnement des viviers et au respect de l’objectif de promotion des femmes à des emplois de cadres dirigeants.

La Mission Cadres Dirigeants a organisé à partir de 2014 des dispositifs innovants pour permettre une meilleure appréhension des compétences et profils de candidats sur certains emplois, par exemple : expérimentation depuis 2014 de comités d’audition présidés par le SGG pour donner aux Autorités de nomination un avis sur les profils de candidats à un emploi de secrétaire général, secrétaire général adjoint ou DRH d’un ministère ; expérimentation en 2015 d’assessments poursuivant le même type d’objectifs, mais avec le regard externe d’un prestataire, sur le profil managérial des candidats).

L’organisation de tels comités et/ou d’assessments permet :

  • de définir le besoin et les enjeux de l’emploi à pourvoir par l’élaboration commune d’une fiche de poste — qui existe rarement aujourd’hui s’agissant de fonctions de cadre dirigeant, ainsi que les compétences attendues des candidats, de fournir à l’Autorité de nomination des regards croisés sur les candidats, d’inscrire le candidat retenu (et les autres) dans une perspective de développement des compétences, grâce au retour qui est fait sur les caractéristiques du profil telles que les a analysées le comité ou l’assesseur.

Depuis la fin mai 2016, toute nomination de directeur d’administration centrale (sauf quelques exceptions) est précédée d’un comité d’audition organisé par le SGG/MCD qui remet un avis aux ministres sur le profil des candidats. Ce décret, qui se combine avec la circulaire du 3 mai 2013, qui prévoit que trois candidats soient proposés au conseil des ministres pour toute nomination de directeur d’administration centrale, dont un membre du vivier et dont une femme, permet d’ouvrir et de professionnaliser le processus de recrutement.

  • Des résultats en progression

Le taux de nomination issu du vivier interministériel progresse chaque année, ce qui atteste à la fois d’une meilleure sélectivité des ministères pour l’inscription au vivier des cadres à haut potentiel et, partant, une plus grande confiance des Autorités de nomination pour procéder à des nominations à partir de ce vivier.

Ainsi, en 2012, sur 100 nominations sur les emplois à la décision du Gouvernement :

  • 42 avaient bénéficié à des cadres dirigeants en poste;
  • 18 avaient bénéficié à des cadres appartenant au vivier interministériel et 40 avaient bénéficié à des cadres n’appartenant pas au vivier et n’étant pas non plus déjà cadres dirigeants.

En 2015, la part de nominations issues du vivier avait progressé de 5 points. En effet, sur 100 nominations sur les emplois à la décision du Gouvernement :

  •  52 avaient bénéficié à des cadres dirigeants en poste;
  • 23 avaient bénéficié à des cadres dirigeants appartenant au vivier interministériel;
  •  24 avaient bénéficié à des cadres n’appartenant pas au vivier et n’étant pas non plus déjà cadres dirigeants.

L’État remplit par ailleurs ses obligations en termes de nominations équilibrées depuis 2012 :

  2012 2013 2014 2015
Objectif légal 20%  20%  30%  30%
Taux de féminisation des primonominations dans la fonction publique d’Etat nc 33%  30,4 % nc
Dont taux de féminisation des primonominations sur les emplois à la décision du Gouvernement 24%  30%  29%  31% 

4 Formation et accompagnement des cadres dirigeants et des membres du vivier

 Les dispositifs d’accompagnement

La MCD a mis en place deux programmes d’accompagnement, l’un à destination des cadres dirigeants, l’autre à destination des membres du vivier des futurs cadres dirigeants. Ces programmes, qui intègrent du coaching, des échanges entre pairs et des formations, sont appréciés et revisités en permanence pour s’adapter aux attentes exprimées.

Le principal obstacle rencontré concernant les cadres dirigeants est celle de leur disponibilité et, parfois, des a priori négatifs sur certaines formes d’accompagnements. C’est pourquoi la Déléguée reçoit systématiquement les nouveaux directeurs d’administration centrale nommés en Conseil des Ministres pour leur présenter l’offre de manière adaptée à leurs besoins. La plupart d’entre eux s’inscrivent aux trois séances d’accompagnement à la prise de poste et en font un retour positif. Ces séances leur permettent de réaliser un bilan de leurs pratiques managériales et d’esquisser les grandes lignes leur feuille de route. Elles se prolongent dans certains cas par un coaching de plusieurs mois.

D’autre part, un séminaire des nouveaux directeurs d’administration centrale est organisé de manière périodique (un par an environ) pour favoriser les échanges entre pairs et la réflexion managériale. En 2015, de nouvelles rencontres interministérielles (« petits déjeuners du SGG » pour favoriser les échanges en petits groupes autour de thématiques managériales – construction d’une feuille de route, gestion du temps, négociation). Un séminaire de l’ensemble des directeurs réunis par le Premier ministre, qui a bénéficié de la participation de trois autres ministres a également été organisé en octobre, autour des trois thèmes essentiels du moment : management des ressources humaines, réforme territoriale, transformation numérique. En dehors de ce séminaire qui a rassemblé la quasi-totalité des directeurs d’administration centrale, près des deux tiers de ceux-ci ont participé à au moins une action d’accompagnement organisée par la MCD.

Pour les membres du vivier, une formation dédiée de 7 jours répartis sur 8 mois pour améliorer leur performance managériale est organisée, sous pilotage de la MCD et maitrise d’ouvrage de l’ENA, le cycle interministériel de management de l’Etat (CIME). Les améliorations constantes apportées à ce programme conduisent à un très haut niveau de satisfaction (plus de 80%  en moyenne).

Par ailleurs, d’autres formations ont été ouvertes aux membres du vivier pour leur permettre de monter en compétences et les encourager à se présenter à des postes supérieurs : mentorat collectif (ouvert cette année à l’ensemble du vivier), séances sur la communication, sur la négociation sociale…

En 2015, ce sont près de 200 cadres du vivier qui ont participé à au moins une action du programme d’accompagnement de la MCD.

Un programme expérimental de formation et d’échange dédié à une trentaine de femmes à haut potentiel est organisé à partir de 2016 par la MCD, afin de favoriser leur accession à des postes supérieurs, dans le cadre des objectifs de mixité fixés par la loi. Ce programme leur permettra d’augmenter en tant que de besoin leur confiance en elles-mêmes – un frein régulièrement identifié étant celui, parfois, d’une sous-estimation de leurs compétences au regard d’un poste donné et d’améliorer leur visibilité. La MCD restera toutefois très vigilante à mettre en exergue le critère essentiel dans le processus de nomination qui est celui de l’objectivation des compétences.

Pour en savoir davantage:

  • Florence Méaux :  florence.meaux@sgg.pm.gouv.fr
  • Anne Amson : anne.amson@sgg.pm.gouv.fr

 

 

Missions, valeurs, métiers, statut et management de la haute fonction publique

Les hauts fonctionnaires fédérés au sein du G 16, Groupe des associations de la haute fonction publique dont notre organisation syndicale est le trésorier, entendent réaffirmer leur attachement au service d’un Etat à la hauteur des attentes constantes des Français, c’est-à-dire inspiré par l’intérêt public et par une vision du vivre ensemble et du rayonnement de la France. Ils sont prêts à jouer pleinement leur rôle dans la mise en œuvre des politiques publiques décidées par le gouvernement.

Ils sont toutefois préoccupés par une certaine dérive de la gestion de l’administration publique. Des corps comme les ponts, les eaux et les forêts ou la préfectorale ne recrutent plus qu’un gros tiers de leurs cadres à la sortie de l’Ecole Polytechnique ou de l’Ecole Nationale d’Administration. Par ailleurs, on observe un décrochage entre les attentes des jeunes les plus talentueux et celles des responsables de l’Etat. Le concours, garant de l’égalité des citoyens devant l’accès aux charges publiques, n’est plus le mode d’accès privilégié à la haute fonction publique. Au nom du recentrage sur des missions « régaliennes » insuffisamment définies, l’Etat perd ses métiers et s’expose à une négociation inégale avec les acteurs économiques dans des secteurs vitaux pour la société française. Le risque est que l’esprit collectif qui doit nécessairement inspirer les hauts fonctionnaires en charge de la conduite, très technique, de l’appareil d’Etat s’évanouisse. Il est que la nation ne dispose plus des compétences qu’elle est en droit d’attendre de ses hauts serviteurs, compétences qui ne peuvent que se fonder sur le socle d’une culture générale et se construire au fil de parcours longs, dans la complexité de l’appareil d’Etat.

A rebours de ces tendances préoccupantes, les hauts fonctionnaires entendent rester fidèles aux missions qu’ils se doivent d’accomplir au service des valeurs de la République.

Pour maintenir un haut niveau de service public, le G 16 propose une évolution de la gestion de la haute fonction publique selon cinq têtes de chapitre :

  1. Les métiers : en préservant, nonobstant la taille qu’ont acquise les grands corps, la nécessaire diversité des métiers qui s’y exercent ; en poussant à cette fin un plus grand nombre de leurs cadres à acquérir le titre de docteur qui est une condition de leur reconnaissance à l’international ;
  2. Le statut : en réaffirmant le principe d’une fonction publique de carrière recrutée par concours, et en formalisant à cet effet, par voie législative, un cadre juridique adapté à la haute fonction publique, la catégorie « A+ » ;
  3. Le management : en développant le suivi ministériel et interministériel des agents dans une logique d’anticipation des besoins en compétences ; en créant à cette fin, à l’instar des grands groupes privés, une véritable structure de coordination interministérielle de suivi dotée de moyens ad hoc et un lieu de dialogue entre l’Etat et ses hauts fonctionnaires ; en favorisant l’ouverture des carrières vers le secteur public au sens large ;
  4. Les rémunérations : en enrayant la tendance à l’écrasement continu des grilles qui conduit à la situation absurde où alors même que l’Etat en vient à recruter des cadres du secteur privé auxquels il accorde des rémunérations sans rapport avec celles des fonctionnaires de niveau équivalent, la promotion de grade, outre les sujétions personnelles qu’elle crée, peut-être financièrement pénalisée, décourageant toute ambition professionnelle ; en réduisant de même la part de l’indemnitaire au profit de la rémunération statutaire ;
  5. Les effectifs : en procédant à l’optimisation des effectifs de la haute fonction publique, tenant compte de l’évolution des champs de responsabilité des hauts fonctionnaires et de l’amélioration constante des performances individuelles (réduction de 6 % des effectifs de 2009 à 2015).

Il souhaite que les échéances à venir soient l’occasion pour le pays de s’interroger sur ces questions, et pour les candidats aux fonctions suprêmes de formuler les réponses qu’ils entendent apporter  aux défis d’une haute administration qui soit à la hauteur des enjeux majeurs d’aujourd’hui.

C’est l’objet de la note ci-dessous que de détailler ces propositions:

*

*   *

La Haute Fonction Publique procède d’une attente de la collectivité nationale portée par les responsables de l’Etat qu’elle sert. Cette question se décline en quatre séquences :

  1. Qu’attendent les citoyens de l’État ?
  2. Comment l’État envisage-t-il de répondre à ces attentes ?
  3. Quelles sont, dans ce contexte, les missions essentielles de la haute fonction publique ?
  4. Quelles sont les valeurs qui fondent son action ?

Son intervention pose cinq questions majeures :

  1. Quels métiers doit-elle mettre en œuvre et de quelles compétences a-t-elle besoin pour cela ?
  2. Une évolution statutaire de la haute fonction publique peut-elle être un facteur de progrès ?
  3. Ne doit-on pas introduire un management moderne des compétences des hauts fonctionnaires ?
  4. Comment éviter les écarts grandissants avec les rémunérations privées ?
  5. Comment optimiser les effectifs des hauts fonctionnaires en fonction des besoins à satisfaire ?

 

Sans vouloir aucunement se substituer aux initiatives des responsables politiques, les quatre premiers points n’ont d’autre ambition que de rappeler le contexte dans lequel se situe l’action de la haute fonction publique. Il ne s’agit pas d’identifier de façon exhaustive, encore moins de hiérarchiser, les attentes de nos concitoyens ni de décrire les programmes d’action complets et détaillés qui en découlent mais de montrer l’importance des orientations politiques dans la façon dont les hauts fonctionnaires peuvent exercer leurs responsabilités.

Par souci de clarté, on abordera ici, dans un premier temps, la série des cinq dernières questions, qui relèvent du « comment faire ». Les quatre questions liminaires, qui relèvent du « que faire », seront traitées in fine.

 

Comment faire ?

 

1 : Métiers et profils de compétence de la Haute Fonction Publique : vers une reconnaissance internationale des titres

La haute fonction publique est composée de responsables qui ont reçu un haut niveau de formation répondant à des besoins spécifiques.

Deux voies coexistent :

  • Celle des corps techniques recrutant à l’Ecole Polytechnique : après une formation généraliste, de niveau bac +5, les étudiants peuvent entrer dans un corps technique et reçoivent alors une formation complémentaire dans une école d’ingénieurs spécialisée de 1 à 3 ans, destinée à donner la compétence technique nécessaire à leurs premiers emplois dans le corps.
  • Celle des corps administratifs recrutant à l’Ecole Nationale d’Administration : après une première formation à dominante juridique ou économique, de niveau bac + 5 (au moins bac +3), ils sont recrutés à l’ENA et formés sur une durée de 3 ans à l’exercice de l’Etat mais sans spécialisation particulière, les corps étant choisis à l’issue de la période d’enseignement : les connaissances spécialisées sont acquises pendant le début de carrière.
  • Le double cursus peut également se rencontrer.

Les premiers postes, dans tous les cas de figure, doivent permettre de parfaire la formation et de répondre avec efficacité aux attentes de l’administration dans les différentes tâches qui sont confiées aux jeunes hauts fonctionnaires. Ces postes doivent permettre aussi d’acquérir l’expérience nécessaire aux fonctions de management. Les hauts fonctionnaires peuvent alors accéder à des responsabilités de direction où les capacités d’encadrement et de pilotage sont fondamentales, quelle que soit la formation d’origine : directeurs, chefs de service, sous-directeurs …, en services centraux ou déconcentrés, sans compter les essaimages possibles dans d’autres fonctions d’intérêt général, en collectivité, en établissement public, au service de l’Union Européenne ou d’organismes internationaux…

  • Préserver la richesse et la diversité des compétences

Des évolutions sont sans doute envisageables dans la structure des grands corps techniques et administratifs de l’Etat mais elles ne doivent pas remettre en cause la logique des compétences spécialisées qui est au cœur des performances de la haute fonction publique française. En premier lieu, parce que les fonctions de base que remplissent les membres de ces  corps, lorsqu’ils ne sont pas en situation d’occuper des emplois de direction, demeurent, en elles-mêmes, importantes pour l’action de l’Etat. Apporter une expertise technique ou juridique, inspecter des installations classées, gérer des bandes de fréquences nationales et des sites radioélectriques, actes de souveraineté par excellence, contrôler ou rendre des jugements, superviser le système financier, doit continuer à être effectué par des personnes bien formées, compétentes et motivées. On ne fait bien que ce que l’on connaît bien et que l’on comprend bien. Pour que l’action de l’Etat reste crédible, il faut que le contrôleur ou l’expert public soit aussi bien informé et compétent que le contrôlé ou l’expert du privé.  En second lieu, parce que la diversité de leurs formations, de leurs métiers et de leurs expériences est la richesse de notre haute fonction publique. A partir de ses compétences et de ses métiers différents, la haute fonction publique, qui n’est pas composée de clones, offre un vivier diversifié dans lequel peuvent être choisis les managers dirigeants.

Toute évolution des formations et des corps de hauts fonctionnaires doit maintenir cette diversité des compétences.

  • Encourager la formation continue et la reconnaissance des parcours

La formation continue (et la reconversion éventuelle) des cadres de la fonction publique doit pouvoir faire l’objet de possibilités accrues, notamment dans le cadre de partenariats avec les grandes écoles du service public ou l’université. Les modèles anglo-saxons, qui conjuguent, en cours de carrière, la validation d’expériences professionnelles sous forme de « crédits » universitaires et des possibilités nombreuses de formations universitaires compatibles avec l’exercice des fonctions (en cours du soir, formations estivales, temps aménagé) sont sans doute sur ce point des exemples à suivre.

La qualité de la formation dispensée, sa reconnaissance internationale et les parcours proposés sont des critères majeurs d’attractivité de la haute fonction publique. Ce sont aussi des éléments indispensables pour avoir une fonction publique efficace, compétente et à même de dialoguer voire rivaliser avec le haut encadrement des autres pays et des entreprises.

  • S’inscrire dans les standards internationaux

En outre, il est nécessaire que les formations initiales correspondent à des standards internationaux : de plus en plus, les hauts fonctionnaires sont amenés à côtoyer leurs homologues d’autres pays voire à entrer en concurrence avec eux pour obtenir des postes de responsabilités aux niveaux européens et internationaux ; ils sont aussi en contact avec des interlocuteurs du secteur privé et doivent être reconnus à leur juste valeur et être crédibles d’emblée. Or, la norme internationale qui s’impose est le système Licence-Master-Doctorat et le doctorat est généralement considéré à l’étranger comme la référence à avoir pour obtenir des postes d’un certain niveau.

En ce qui concerne le concours de l’ENA, la loi a prévu, pour le concours interne, une assimilation à des services effectifs des périodes pendant lesquelles les titulaires d’un diplôme de doctorat ont bénéficié d’un contrat doctoral. Ces périodes sont également assimilées à une période d’activité professionnelle pour se présenter au troisième concours, dans la limite de trois ans.

Les corps techniques, à l’exception du corps de l’armement, ont déjà ouvert la possibilité de recruter des docteurs sur titre, et quelques recrutements ont lieu. Toutefois, la voie la plus classique est l’acquisition du diplôme de docteur en cours de formation des corpsards. Elle représente près de 30% des effectifs d’une promotion d’IPEF par exemple.

Cela n’est toutefois pas suffisant : les besoins des corps de l’Etat ne peuvent être pourvus par simple juxtaposition de profils doctoraux pointus. Il convient que tous les membres des corps puissent disposer d’un diplôme reconnu internationalement.

Actuellement, le master lui-même n’est pas toujours garanti par la formation des hauts fonctionnaires. Il convient donc à la fois de rapprocher le système de formation « à la française » des hauts fonctionnaires des systèmes prévalant ailleurs et de garantir un certain niveau de diplôme par équivalence de formation, voire de compétences acquises en cours de carrière. Ainsi, l’Ecole Polytechnique devrait, au bout de 3 ans et non 4, offrir le titre de « master 2 » et les formations en Ecoles d’Application offrir la possibilité d’une thèse de sciences en 3 ans, commencée en cours de master 2, pour ceux qui le souhaitent. Des possibilités de même type devraient être offertes par les autres écoles de service public.

Le titre de docteur restant le plus prestigieux, quelle que soit la réalité de ce que recouvre ce terme, une équivalence au titre de docteur, selon un titre à trouver comprenant le mot « docteur » pourrait être établie pour l’ensemble des hauts fonctionnaires de formation technique, économique ou juridique. L’université Paris-Dauphine met en place par exemple  des « doctorats professionnels » d’un an, ce qui peut aussi correspondre aux besoins exprimés pour l’Etat : les partenariats que les grandes écoles de formation des hauts fonctionnaires ont déjà noués avec les universités pourraient être étendus à ce type de diplôme. Enfin, une validation des acquis de l’expérience pourrait permettre en cours de carrière d’obtenir un diplôme plus reconnaissable internationalement, de docteur ou au moins de master type « master of public administration » sur le modèle des MBA pour le secteur du froid.

 

2 : Pour une évolution du cadre juridique de la Haute Fonction Publique

« La haute fonction publique soutient l’État. Elle ne demande rien, mais elle mérite d’être soutenue par lui. » Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’Etat[1]

1)        Une haute fonction publique de carrière recrutée par concours

Le G16 rappelle son attachement à :

  • Une fonction publique de carrière qui garantit à la fois :
    • Une fidélité aux valeurs du service public : sens de l’intérêt général, traitement non discriminatoire ;
    • Une continuité de l’action de l’Etat ;
    • Un minimum d’indépendance vis-à-vis du pouvoir politique dans le cadre du principe démocratique général de l’équilibre des pouvoirs.

On peut d’ailleurs observer que la Fonction publique de carrière est le modèle dominant en Europe et qu’un certain nombre de pays sont passés de la fonction publique d’emploi à celle de carrière.

  • Corrélativement le recrutement par concours qui garantit mieux que tout autre système de recrutement l’égalité de tous devant les charges publiques et qui est le plus conforme à nos institutions (Art. 6. de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.»

2)        Un haut niveau de formation

La haute fonction publique est composée de responsables qui ont reçu un haut niveau de formation correspondant à des besoins spécifiques. Au-delà des formations généralistes reçues à l’Ecole polytechnique ou Sciences Po, ou dans les écoles normales supérieures, les membres de la haute fonction publique ont suivi l’enseignement d’écoles d’application à dominante scientifique et technique (Ecoles des mines, des Ponts et chaussées, Ensae…) ou à dominante juridique et économique (ENA), ou bien encore y ont accédé par promotion interne. Souvent appelée « catégorie A + », la haute fonction publique relève encore aujourd’hui d’une typologie plus sociologique que juridique puisque, statutairement, elle fait partie de la catégorie A.

Les effectifs de la « catégorie A + », hors enseignement supérieur, sont, d’après le Système d’information sur les agents des services publics (SIAP) de l’Insee, pour les agents exerçant des fonctions d’encadrement et de direction ou d’inspection et de contrôle, les suivants :

 

Au 31 décembre 2011 2012 2013
Encadrement et direction (1) 9 395 9 499 9 900
Inspection, contrôle et expertise (2) 11 761 11 914 11 824

 SIASP, Insee. Traitement DGAFP, Département des études et des statistiques.

Notons que les effectifs des corps de la Haute fonction publique adhérant au G16, hors ingénieurs de l’armement, sont au nombre de 11298 en 2015. Ils sont, à la même date, de 12 286 en prenant en considération les Ingénieurs de l’armement.

La part de l’encadrement supérieur et de direction dans le total de la catégorie A de la fonction publique, 0,8 %, est inférieure à celle occupée par cette catégorie dans les fonctions publiques territoriale (3,6 %) ou hospitalière (1,6 %). En outre, le poids pris par la catégorie A dans l’ensemble des effectifs de l’Etat ne permet plus de traiter la spécificité de la haute fonction publique par les seules mesures indifférenciées prises pour la catégorie A.

Les formations reçues permettent à ces agents de répondre aux attentes des pouvoirs publics et d’accéder après leurs premiers postes à des fonctions d’encadrement. Au cours des dernières décennies, la haute fonction publique a su démontrer son aptitude au changement et à se mobiliser dans le contexte quasi ininterrompu de nouvelles démarches de modernisation des procédures administratives et financières que de restructuration des services tant centraux que territoriaux. En se fondant sur des formations renouvelées, elle s’est également adaptée à l’environnement communautaire et international. Outre l’expertise liée à l’exercice de leurs fonctions respectives, les hauts fonctionnaires sont dotés d’une culture de l’administration opérationnelle et de l’interministérialité dont le rapport sur l’encadrement supérieur et dirigeant de l’Etat souligne l’importance cruciale[2]. Un Etat stratège se doit de se doter de ce type d’expertises de haut niveau.

3)        Un maintien du vivier de compétences non garanti

Le maintien de ce vivier de compétences n’est pas garanti. On constate une désaffection préoccupante pour les corps d’ingénieurs de l’Etat à la sortie de Polytechnique. Ainsi le rapport précité sur l’encadrement supérieur soulignait que : « en mai 2014, plus d’un élève sur deux qui pouvait, avec son rang de classement, postuler pour un corps de l’Etat, a choisi une autre voie et, si les premiers continuent de servir l’Etat, c’est souvent dans la perspective d’un départ rapide vers le secteur privé ».

A la désaffection à l’égard des carrières de haut encadrement s’ajoute une méconnaissance encore trop importante de ce vivier : comme le montre le rapport précité, il n’existe pas de définition de la haute fonction publique et plusieurs définitions, plus ou moins inclusives, coexistent, de la « catégorie A+ » de la DGAFP à la notion de cadres dirigeants, en passant par celle d’encadrement supérieur et dirigeant.

4)        Pour un cadre juridique spécifique de la Haute Fonction Publique permettant d’identifier une catégorie A+

Face à cette situation, nous soutenons la création d’un cadre juridique spécifique pour la haute fonction publique.

Il s’agirait de créer comme dans la plupart des pays industrialisés un « senior civil service » unifié avec :

          – un même socle juridique de base (reconnu par la loi et un décret)

          – la définition de profils professionnels de recrutement définis par décret, correspondant notamment aux corps actuels.

Cela permettrait de garantir une certaine diversité tout en proposant l’acquisition de compétences professionnelles de base et une gestion des carrières[3] assurant une réelle mobilité.

Dans un tel schéma, le cadre commun correspondrait à :

  • une reconnaissance par la loi d’une « catégorie A+ ».
  • un niveau de recrutement homogène : formations supérieures de base niveau bac + 5 suivies d’une école d’application de 2 à 3 ans conduisant à la délivrance d’un doctorat ;
  • une structure de carrière commune aux filières administratives et techniques.

C’est dans cet esprit que le « G 16 » a formalisé, sous la forme d’un projet de décret le socle global qui resterait décliné par profil professionnel, et les règles qui pourraient conduire à la mise en place d’une nouvelle catégorie de fonctionnaires A+.

La nécessité d’apporter une réponse juridique aux exigences du maintien d’un encadrement supérieur de qualité emporte également celle de revoir le niveau et les modalités de leur rémunération, thème traité au point 4.

3 : Pour un management des carrières

La fonction publique « active » comporte plusieurs niveaux d’encadrement. Les hauts fonctionnaires les plus hauts placés, qui préparent, mettent en œuvre les politiques publiques et mènent les processus de réforme, doivent aussi gérer de manière efficace le changement organisationnel de l’administration publique. Ils doivent en particulier disposer d’une vision et d’une stratégie, avoir une autorité de compétence et un réel savoir-faire en gestion des ressources humaines. Il leur incombe, par ailleurs, comme les autres responsables administratifs, d’orienter leurs actions vers les résultats de façon à garantir une organisation efficace et efficiente des processus dans l’administration et pour impliquer toutes les parties prenantes[4].

Dès lors, les principales qualités d’un haut fonctionnaire peuvent être résumées ainsi :

  • disposer d’une autorité de compétence dans son domaine d’activité ;
  • contribuer à la vision et aux objectifs de l’administration, les façonner et les promouvoir ;
  • évaluer de manière critique les informations avant de parvenir à des conclusions ;
  • transposer la stratégie globale en des termes pratiques pour les autres ;
  • instaurer une compréhension partagée des objectifs à atteindre ;
  • mettre au point et superviser la mise en œuvre du changement dans un environnement en mouvement constant.

Le développement de ces compétences est irréductible aux formations initiales et continues des hauts fonctionnaires. Ces formations peuvent utilement être complétées par des parcours de carrières construits en cohérence avec les besoins opérationnels de l’administration à court terme et ses orientations stratégiques. Or celle-ci ne s’est pas mise en mesure de gérer de façon efficace et efficiente ses hauts fonctionnaires, si ce n’est à une petite minorité d’entre eux, au regard des objectifs que lui assignent les responsables politiques. Dans les grands groupes privés, il existe un « gestionnaire des ressources humaines » pour 100 cadres de haut niveau. Si un tel ratio était appliqué à la seule haute fonction publique d’intervention, 120 managers des ressources humaines seraient en charge de la gestion individualisée des carrières de 12 000 hauts fonctionnaires, dans le cadre d’un échange harmonisé entre le niveau central et le niveau de chaque corps. En fait, la situation actuelle est très éloignée de ce décompte et une des conséquences en est que les fins de carrière des hauts fonctionnaires sont souvent mal organisées et mal utilisées[5].

Par ailleurs, les entraves aux mutations interministérielles s’accroissent tous les jours alors que les carrières des cadres supérieurs devraient au contraire connaître une bonne fluidité entre les différentes directions et ministères.

Il existe déjà de nombreux dispositifs de gestion individualisée des carrières, mis en place au cas par cas dans certains corps et dans certaines administrations, mais ils doivent être promus, généralisés et en mis en cohérence. Parmi les pistes envisageables à court terme dans la mise en place de tels dispositifs pour les hauts fonctionnaires, avec un impact budgétaire pouvant être considéré comme négligeable au regard des bénéfices attendus, certaines sont proposées ci-après.

 

1) Création/consolidation de cellules de « mobilité professionnelle »

Les hauts fonctionnaires sont attachés à des conditions de nomination les plus objectives possibles aux postes de responsabilité. L’accès à ces postes doit se faire de la façon la plus transparente possible, non seulement sur les principes mais aussi dans la réalité[6]. Compte tenu des moyens mobilisables, il paraît nécessaire d’envisager deux niveaux d’intervention : l’une, au niveau de chaque corps ; l’autre, au niveau interministériel.

Une structure de coordination interministérielle, placée auprès du Premier ministre, bien plus largement dimensionnée que la mission actuelle qui se consacre aux seul cadres susceptibles d’accéder à un poste à la décision du gouvernement, permettrait de constituer un réseau auquel les quelque 12 000 hauts fonctionnaires pourraient se référer pour identifier les postes à pourvoir susceptibles de les intéresser. Inversement, cette structure pourrait disposer d’un « vivier » de hauts fonctionnaires pour susciter des candidatures correspondant aux profils recherchés par l’Administration. La structure devrait être animée par un expert en gestion des ressources humaines, doté de charisme et bénéficiant d’une posture suffisamment « visible » des hauts fonctionnaires. Tel était l’objet du Secrétariat général de l’Administration créé par le décret du 21 avril 2006, décret abrogé depuis, ce qui témoigne du peu de continuité de l’action publique. Cette structure devrait recourir pleinement aux moyens modernes de communication et devrait fonctionner en synergie avec les cellules de gestion de chaque corps.

Ces diverses entités pourraient être chargées d’accompagner les cadres volontaires à un essaimage dans le secteur public, parapublic, voire privé, notamment après une réorganisation du service où ils sont affectés. L’objectif serait de permettre aux cadres concernés de retrouver un poste de responsabilité en dehors de leur secteur activité.

Les entités de mobilité seraient particulièrement utiles et devraient être systématiquement impliquées pour le retour des cadres après une affectation à l’étranger ou dans les collectivités territoriales. Elles pourraient également faciliter la démarche de création d’entreprise à ceux qui en ont l’aptitude et la volonté. Enfin elles pourraient intervenir en faveur des cadres proches de la retraite ou atteints par l’âge limite qui souhaiteraient poursuivre une activité professionnelle.

2)        Réalisation de bilans de compétences

Il conviendrait de faciliter la réalisation de bilans de compétences pour les hauts fonctionnaires, à l’initiative de l’intéressé ou de l’administration. Ce dispositif faciliterait la conception de projets professionnels et la promotion de parcours professionnels diversifiés enrichissant l’expérience des agents et bénéfiques à l’ensemble de la fonction publique. En outre, une telle démarche encouragerait la mobilité, notamment entre les trois versants de la fonction publique, qui est un gage de dynamisme et d’efficacité grâce au brassage qu’elle permet des origines et des expériences.

La réalisation de ces bilans de compétences ne peut se concevoir sans la définition préalable d’un référentiel de compétence de la haute fonction publique. Dans cette perspective, la compétence pourrait être définie comme étant « l’aptitude à faire usage de connaissances et autres facultés, nécessaire pour l’accomplissement réussi et efficace d’une mission fixée, la gestion de travaux, la réalisation d’objectifs ou l’accomplissement d’un certain rôle dans le processus métier »[7]. Le terme « compétence » devrait aussi être associé aux qualités personnelles du haut fonctionnaire favorisant des performances et un comportement excellents pour atteindre les objectifs stratégiques de l’administration[8].

3)        Entretiens périodiques de carrière

Les hauts fonctionnaires devraient faire périodiquement l’objet d’entretiens de carrière, tant de façon obligatoire qu’à la demande des intéressés. L’objectif serait de leur proposer la réalisation d’un bilan de compétences ou de formations qui participeraient au développement de leurs compétences[9]. Ces entretiens, complémentaires aux entretiens professionnels et réalisés au niveau approprié, seraient centrés sur le projet professionnel à long terme et prendraient en compte à la fois les fonctions déjà assumées et l’horizon professionnel jusqu’au moment de la retraite.

4)        Mise en place d’un accompagnement interne personnalisé

Plus particulièrement destiné aux jeunes hauts fonctionnaires, un dispositif d’accompagnement interne personnalisé (« coaching ») portant sur la gestion de carrière pourrait être mis en place. Une option serait de constituer un réseau d’agents volontaires « seniors » pour assurer un tel accompagnement auprès des membres de leurs corps.

5)        Reconnaissance de nouvelles missions transversales

L’Administration centrale française est régie de manière très rigide par une hiérarchie structurée en chef de bureau, sous-directeur, directeur et directeur général. Des inspections générales et des conseils généraux complètent le dispositif administratif. Cette organisation n’identifie pas, par exemple, les fonctions relatives à la gestion de la qualité ou à l’amélioration continue des processus administratifs. Elle ne fait aucune place au profil expert, qui pourrait être utile tout en étant différent d’un positionnement fonctionnel.

Il serait intéressant de promouvoir la structuration de telles fonctions et de pourvoir les emplois correspondant par des hauts fonctionnaires expérimentés. Leur expertise reconnue pourrait ainsi être mise à profit de façon transversale et pérenne. Il existe déjà des missions de ce type, sous forme de « directeurs de projet » ou d’« experts de haut niveau », mais elles sont insuffisamment reconnues et mériteraient un meilleur processus de sélection.

6)        Mise en place d’un cursus de formation continue de haut niveau

Sans aller jusqu’à la création d’une sorte d’Ecole de Guerre qui a, pour les officiers de l’Armée française, la mission de les préparer à assumer des responsabilités d’état-major, de commandement et de direction, il serait souhaitable de mettre en place un cursus de formation pour les cadres de l’Administration volontaires, à haut potentiel et en milieu de carrière. Un tel cursus serait une opportunité de faciliter le brassage interministériel des hauts fonctionnaires et contribuerait à une nouvelle dynamique de carrière pour les hauts fonctionnaires qui le souhaiteraient.

 

4 : Des rémunérations cohérentes : éviter l’écart grandissant avec les rémunérations privées

Les rémunérations des hauts fonctionnaires français sont devenues inadaptées à la concurrence du marché du travail.

Elles sont totalement décalées par rapport à celles de leurs homologues des autres pays européens et des autres pays industrialisés et celle des cadres supérieurs et dirigeants du secteur concurrentiel (qui expliquent les départs nombreux avec des retours dans l’administration quasi impossibles). Elles se distinguent de moins en moins de celles des fonctionnaires de catégorie A.

1)        Des rémunérations décalées par rapport aux autres pays de l’OCDE

À titre d’exemple de rémunérations décalées par rapport à d’autres pays, d’après une étude de l’OCDE, la rémunération des hauts fonctionnaires français est en moyenne égale à 79% de celle des hauts fonctionnaires hollandais, 69% de celle des hauts fonctionnaires allemands, 55% de celle des hauts fonctionnaires canadiens et 50% de celle des hauts fonctionnaires japonais.

2)        Des rémunérations décalées par rapport au privé

Pour ce qui concerne les rémunérations comparées des hauts fonctionnaires français et celles des cadres supérieurs privés de même niveau de responsabilité, on peut citer l’exemple des ingénieurs du corps des mines qui font régulièrement des enquêtes de rémunération auprès de l’ensemble de leurs membres (des résultats très similaires sont observés au sein du corps des ponts, des eaux et des forêts). Ainsi, la dernière enquête qui porte sur les revenus 2014, met en évidence des écarts de rémunérations nettes public-privé, de 1,63 en faveur du privé pour la médiane, 2,66 pour le troisième quartile et 4,74 pour le dernier décile. Une enquête antérieure, exprimée en fonction de l’âge des agents concernés, donne les résultats suivants.  À 40 ans, la rémunération annuelle d’un ingénieur du corps des mines au sein de l’administration s’élève en moyenne à 94 000 €, dans le privé elle atteint 291 000 €, soit un rapport de 3,09. À 50 ans, la rémunération au sein de l’administration s’élève à 111 000 €, dans le privé elle atteint 356 000 €, soit un rapport de 3,21. À 60 ans, l’écart se creuse encore bien plus, puisque la rémunération dans l’administration se stabilise aux environs de 100 000 €. Elle atteint dans le privé 550 000 €, soit un rapport de 5,5.

3)        Un écrasement de la hiérarchie des rémunérations entre les cadres A+ et les cadres A

Enfin l’écrasement de la hiérarchie des rémunérations entre les cadres A+ et les cadres A est extrêmement significatif. Le rapport entre l’indice terminal des corps d’ingénieurs de catégorie A+ et les corps d’ingénieurs des travaux (ingénieur général versus ingénieur divisionnaire) était en 1980 de 2 et en 2006 de 1,6. Si l’on établit le rapport entre l’indice terminal d’ingénieur général et celui d’un nouvel emploi de chef de mission, le rapport tombe à 1,3.

Avec la réforme PPCR, dès 2017, l’écart entre les attachés principaux et les administrateurs sera de 6 points en défaveur des administrateurs en fin de premier grade. Avec les attachés hors classe, l’écart des administrateurs et même des administrateurs hors classe sera tel que la promotion ne sera plus intéressante dans bien des cas. Cette évolution bloque toute promotion interne.

Il faut prendre conscience que l’amplitude du traitement entre la plus faible rémunération délivrée dans la fonction publique de l’Etat (entrée de la catégorie C) et la plus élevée (Hors Echelle G) baisse régulièrement. Le ratio qui est 4,67 en 2015 ne sera plus que de 4,57 en 2017, compte tenu des mesures adoptées à l’automne 2015.

Si on compare le traitement indiciaire brut d’un haut fonctionnaire classé en Hors Echelle E2 en 1980 et en 2012, et le niveau de rémunération d’un agent rémunéré au SMIC, on trouve les valeurs mensuelles suivantes (en euros 2012) :

-1980 : Hors Echelle E2: 7600 € ; SMIC : 951 € ; Rapport : 8

– 2012 : Hors Echelle E2: 6112 € ; SMIC : 1426 € ; Rapport : 4,28.

En trente ans, la hiérarchie salariale a été divisée par près de deux.

4)        Pour un rétablissement de la cohérence des rémunérations

Nos propositions en matière de rémunération visent à rétablir une partie de la cohérence en agissant :

  • sur la part indiciaire de la rémunération : de l’indice brut 452 au hors échelle G,
  • sur une intégration progressive dans la part indiciaire (points primes), et à un niveau conséquent, de la part indemnitaire.

L’échelle indiciaire doit être harmonisée pour tous les corps de la haute fonction publique, sous la forme d’un A+ type, comportant au minimum :

– 1er grade, indice brut terminant en Hors Echelle A

– 2ème grade, indice brut terminant en Hors Échelle D

– 3ème grade, indice brut terminant en Hors Échelle G

Les rémunérations d’entrée dans les corps doivent être également revalorisées, l’écart avec le SMIC s’étant très resserré. L’écart entre le traitement d’entrée d’attaché (A type)  et d’administrateur (A+ type) qui est de 26% aujourd’hui, est à préserver pour valoriser la formation initiale et sa durée. En tendanciel, l’écart ne serait plus que 18% en 2020.

En matière de rémunérations indemnitaires, le décret du 22 mai 2014 a fixé une indemnité de fonctions, de sujétions et d’expertise (IFSE) et un complément indemnitaire annuel (CIA) au sein du RIFSEEP.

 

Ce régime doit être lisible, homogène, transparent et performant et comporter trois parts :

  • au titre de l’IFSE,

– une part liée au grade (« statutaire et à l’ancienneté »)  destinée à compenser la faiblesse de la rémunération indiciaire ;

– une part liée à l’emploi (« fonctionnelle »), avec une cotation simple et lisible des emplois ; (cette part liée à l’emploi devrait constituer un complément indiciaire pour le calcul des pensions) ;

  • au titre du CIA,

– une part liée à l’expérience et aux résultats obtenus par la personne (« performance »).

En matière de retraite, il convient de supprimer le plafonnement de l’assiette du régime additionnel des retraites qui a été instauré au niveau de 20 % des rémunérations indiciaires. Il faut intégrer, dans un souci d’équité entre fonctionnaires et de conformité à ce que l’on observe dans le privé, toutes les primes et indemnités dans l’assiette du régime additionnel.

Il faudrait par ailleurs que les taux de cotisation soient progressivement alignés sur ceux pratiqués pour les régimes complémentaires du secteur privé, soit :

  • 7,7 % pour la part salariale au lieu de 5 % ;
  • 12,6 % pour la part employeur au lieu de 5 %.

 

5 : Des effectifs optimisés : procéder à une évaluation objective des besoins d’encadrement

1)        Une réduction observée de l’effectif des Corps de la Haute fonction publique au cours de la période 2007 2015

Depuis 2007, la réforme de l’Etat a conduit à poursuivre les fusions de corps, notamment techniques, et à induire une baisse généralisée des effectifs de la fonction publique d’Etat. Les corps de la haute fonction publique n’ont pas dérogé à cette évolution.

Les fusions des corps ont contribué à la réduction des effectifs.

En 2009, le corps des mines a fusionné avec le corps des télécommunications et en mars 2012 avec le corps de contrôle des assurances.

En 2009, le corps des ingénieurs des ponts et chaussées et celui du génie rural, des eaux et des forêts ont fusionné au sein du corps des ponts, des eaux et des forêts.

L’évolution des effectifs a été contrastée selon les Corps.

Concernant les effectifs des corps représentés au G16, entre décembre 2009 et décembre 2015, on note une diminution globale de 6%, avec cependant des différences parfois notables entre les corps.

Ainsi les effectifs des « corps de sortie Polytechnique » ont baissé de 9% sur la période, allant de -18% pour les ingénieurs de l’armement à -12% pour les ingénieurs des mines et à -8% pour les ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts. En revanche, les administrateurs de l’INSEE, portés par le développement du numérique et du « big data », sont en progression de 10%

En revanche, côté « corps de sortie de l’ENA », la diminution globale des effectifs est inférieure, de l’ordre de 3%, avec, là aussi, des disparités fortes entre des corps dont les effectifs ont diminué fortement (administrateurs civils -12%, cour des comptes -6% et juridictions financières -4%) et d’autres qui ont augmenté (corps préfectoral +20%, IGA +16%, juridictions administratives et IGAS +7%).

Cette évolution est symptomatique de la redéfinition en cours du rôle de l’Etat qui renforce ses fonctions régaliennes de règlementation et de contrôle mais qui se sépare de fonctions opérationnelles, davantage du domaine des ingénieurs, au profit d’établissements publics, d’agences ou des collectivités territoriales.

2)        Les évolutions prévisibles au cours des années à venir

Le rapport de 2014, d’où est extraite la liste des corps de la haute fonction publique a simulé des projections à 5, 10, 15 et 20 ans, en imaginant une poursuite des efforts engagés :

  • Concernant les administrateurs civils, une diminution annuelle entre 0,8% et 1,4% amènerait le corps à baisser entre 15% et 25 % en 20 ans[10]
  • Concernant les IPEF, une diminution annuelle entre 1,2% et 1,7% amènerait le corps à baisser entre 22% et 30% en 20 ans[11]

D’autres hypothèses pourraient être prises en compte en fonction de décisions politiques et de textes réglementaires.

Deux exemples :

  • Les décrets concernant le cadre d’emploi des ingénieurs en chef territoriaux[12] afin d’encourager les ingénieurs de l’Etat qui travaillent dans les collectivités locales à changer de corps
  • Les propositions de candidats aux prochaines élections présidentielles de ne garder comme fonctionnaires que les agents exerçant des fonctions régaliennes, orientation que le G16 condamne du fait que les Ingénieurs formés par l’Etat doivent constituer le socle de l’encadrement supérieur des établissements publics ou des agences d’Etat, afin d’assurer la cohérence de l’action des Pouvoirs Publics

Il conviendrait d’entreprendre une étude démographique approfondie de la haute fonction publique : il faudrait définir avec plus de précision les besoins quantitatifs et qualitatifs à moyen terme de l’État, dans un contexte de redéploiement de ses missions (certaines missions se réduisent, d’autres se développent) et des gains de productivité.

Dans l’immédiat, la proposition de la haute fonction publique serait de préconiser, à titre conservatoire, une règle simple pour la fixation des effectifs des prochaines promotions des hauts fonctionnaires.

Compte tenu de l’essaimage très significatif vers le privé observé en cours de carrière, la règle du remplacement d’« un pourcentage donné de hauts fonctionnaires » devrait être adaptée : par exemple, les effectifs des promotions seraient fixés à hauteur d’un certain pourcentage des effectifs partant en retraite en poste normal d’activité, auxquels seraient ajoutés les effectifs des promotions ayant quitté l’administration avant leur départ à la retraite.

 

Cette règle de référence devrait pouvoir être aménagée en fonction des résultats des analyses effectuées par les responsables de la modernisation de l’Etat.

 

Dans un tel contexte, nul doute que la haute fonction publique devrait être l’un des grands moteurs de l’évolution de l’administration de l’État au service de nos concitoyens.

 

3)        Les effectifs des Corps de la Haute fonction publique adhérant au G16

– Les corps de la haute fonction publique

La liste des corps de la haute fonction publique est la suivante[13] :

 

Corps de sortie Polytechnique

Ingénieurs des mines *

Ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts *

Administrateurs de l’INSEE *

Ingénieurs de l’armement *

Corps de sortie ENA

Conseil d’Etat *

CTACAA *

Cour des Comptes *

Conseillers de chambre régionale des comptes *

Inspection générale de l’administration *

Inspection générale des affaires sociales *

Inspection générale des finances *

Administrateurs civils *

Conseillers des aff. étr. et ministres plénipotentiaires

Corps de débouché

Préfets *

Adm. et adm. généraux des finances publiques *

Contrôle général économique et financier

Inspection générale des affaires culturelles

Inspection générale de l’agriculture

Insp. généraux et insp. de l’adm. du dév.durable

Insp. générale de l’adm.de l’éduc. nat. et recherche

Inspection générale de la jeunesse et des sports

Inspecteurs généraux de l’INSEE *

Autre corps (ni de sortie directe, ni de débouché)

Conseillers économiques

Sous-préfets *

 

Le G16 regroupe les associations et syndicats de certains de ces corps, identifiés ci-dessus par un astérisque * : au 31décembre 2012, les corps adhérant au G16 représentaient 85% des hauts fonctionnaires[14].

 

                        – Les effectifs des corps de la Haute fonction publique adhérant au G16.

 

 

  2015 31.12.2009 Variation
              CORPS TECHNIQUES
Administrateurs de l’INSEE 676 615 10%
Ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts 3499 3795 – 8%
Ingénieurs des mines 1293 1467 – 12%
  5468 5877 – 7%
Ingénieurs de l’armement  (corps statut militaire) 988 1200 – 18%
  6456 7077 – 9%
           CORPS ADMINISTRATIFS
Inspection générale de l’INSEE 63 60 – 5%
Administrateurs civils 2491 2837 – 12%
Conseil d’Etat 322 313 3%
Corps préfectoral 480 400 20%
Cours des comptes 382 406 – 6%
Inspection générale de l’administration 88 76 16%
Inspection générale des affaires sociales 177 166 7%
Inspection générale des finances 204 205 0%
Juridictions administratives 1296 1206 7%
Juridictions financières 327 341 – 4%
  5830 6010 – 3%
 
TOTAL hors IA 11298 11887 – 5%
TOTAL avec IA 12286 13087 – 6%

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Que faire ?

1 : Les attentes de nos concitoyens

Nos concitoyens attendent un Etat actif, efficace et équitable dans sa politique intérieure et dans sa politique étrangère.

 

Ils souhaitent que l’État mette en place les conditions d’un développement économique soutenu du pays et d’une politique du plein-emploi. Ils aspirent à une élévation régulière de leur niveau de vie et de leur pouvoir d’achat.

 

Ils souhaitent que l’État s’attache à préserver leur cadre de vie et soit attentif à la qualité de l’environnement. Ils sont sensibles à l’équilibre à respecter entre l’homme et la nature.

 

Ils veulent que soit évitée la pollution des sols, des eaux ou de l’atmosphère et qu’une lutte efficace soit engagée contre le changement climatique. Ils veulent que soit porté attention à la prévention des risques de toutes natures (technologiques, naturels, alimentaires, sanitaires) et qu’une politique efficace de santé publique soit poursuivie.

 

Ils souhaitent enfin que la collectivité assure leur protection physique ainsi que celle de leurs biens en mettant l’accent tout autant sur les méthodes préventives que répressives. Ils attendent un État juste et équitable, notamment aux plans géographique et socio-économique. Ils désirent une collectivité publique qui soit facteur de cohésion sociale et assure les solidarités que chacun attend face aux aléas de la vie.

 

Dans leurs relations avec les services de l’État, nos concitoyens souhaitent un esprit de service public, de dialogue et d’ouverture aux préoccupations de chacun. Ils sont attachés à des services publics efficaces qui répondent à leurs préoccupations concrètes. Ils redoutent par contre les complexités administratives qui sont très souvent associées aux interventions de l’Etat et demandent que tout soit mis en œuvre pour que leur vie quotidienne soit simplifiée. Ils ne comprennent pas le développement et l’enchevêtrement de nouveaux textes qui engendrent des complexités, des retards et des contentieux en nombre croissant.

 

Ils savent que l’action de l’Etat se situe dans un contexte marqué, sur la durée, par l’intégration européenne et la décentralisation : ils sont désorientés par l’enchevêtrement des compétences qui nuit à une répartition claire des responsabilités et exigent que l’Etat mette fin à cette situation préjudiciable au bon fonctionnement de la démocratie.

Ils souhaitent en fait un État moins orienté vers la gestion strictement administrative des problèmes et plus ouvert à la notion de service rendu.

C’est ainsi qu’ils comprennent aujourd’hui la notion d’intérêt général dont l’État doit être porteur.

2 : Les missions essentielles de l’Etat

L’État doit, en premier lieu, donner une claire vision des actions à entreprendre pour répondre aux attentes des citoyens. Cette vision doit porter à la fois sur le court terme et sur le long terme et s’inscrire dans une perspective de développement durable. Cela suppose que l’État dispose de capacités d’analyse, d’étude et de prospective allant au-delà des besoins stricts liés aux politiques publiques qu’il conduit lui-même.

Dans le cadre de ressources publiques contraintes, l’État doit définir ses priorités, préciser les actions qu’il décide de conduire lui-même sur ses ressources fiscales et celles qu’il peut mettre en œuvre par la voie de la concession, c’est-à-dire en faisant appel au financement par l’usager lui-même. Il convient qu’il identifie les programmes qui sont les plus créateurs de valeur économique, sociale ou écologique, et ceux qui, mal conçus, n’ont que des effets très modestes et doivent de ce fait être abandonnés ou redéfinis.

Il faut qu’il analyse avec soin l’organisation et les modalités de fonctionnement des services.

La haute fonction publique que nous représentons inscrit clairement son action dans ce contexte de progrès, de réforme et d’ouverture. Elle recommande la prise en compte de règles élémentaires de cohérence sans bien entendu vouloir se substituer aux responsabilités des autorités politiques.

L’État est loin d’être resté immobile au cours des dernières années dans ces différents domaines : la décentralisation, la création d’agences ont profondément modifié la répartition des politiques publiques entre administrations. Mais il faut amplifier les efforts entrepris afin de rendre l’État et l’ensemble des Pouvoirs Publics plus lisibles et plus efficients.

 

3 : Les missions de la Haute Fonction Publique

Dans ce cadre, les missions de la haute fonction publique sont de participer à la conception des politiques publiques, de conduire leur mise en œuvre et de procéder au contrôle de leur exécution ainsi qu’à leur évaluation.

 

La première des missions de la haute fonction publique est de participer à la conception des politiques publiques. La haute fonction publique se doit d’être un acteur central de la réforme. Elle aspire à être présente dans l’élaboration des programmes à mettre en œuvre, qui sont porteurs d’avenir.

 

Deux exemples récents en témoignent :

 

  • la loi organique relative aux lois des finances qui a mobilisé et mobilise encore l’ensemble des départements ministériels. Il s’agit d’une évolution déterminante qui met l’accent sur les programmes d’action et les critères d’évaluation de la mise en œuvre de ces programmes. La logique est d’abord fondée sur les objectifs à atteindre. Les modalités de mise en œuvre relèvent des méthodes de management qui doivent veiller aux bonnes conditions de fonctionnement des services alors que ceux-ci peuvent être perturbés par une trop grande spécialisation des actions à conduire.

 

  • la révision générale des politiques publiques engagée par le Président de la République et le Gouvernement précédents avec de très nombreux groupes de travail verticaux et fonctionnels dans lesquels les corps d’inspection composés de hauts fonctionnaires ont été mis à contribution sans toutefois que la concertation ait été conduite de façon suffisamment approfondie. L’évolution très rapide des structures et des organigrammes a créé des tensions qu’il convient bien évidemment d’apaiser.

 

Cette stratégie visant à clarifier les objectifs à atteindre et à optimiser les moyens à mettre en œuvre est particulièrement motivante pour la haute fonction publique qui y voit la possibilité de pleinement répondre aux attentes de nos concitoyens.

 

Cette méthode permet également d’aborder des sujets considérés comme tabous et qui sont l’un des freins à l’épanouissement économique, environnemental et social de notre pays.

 

La deuxième mission de la haute fonction publique, et qui est également son cœur de métier, est de conduire la mise en œuvre par l’administration de l’État des politiques publiques arrêtées par les autorités politiques.

 

Les conditions de cette mise en œuvre sont loin de celles de l’administration publique d’il y a 20 ans. L’Etat n’a généralement plus le monopole de l’action. Les programmes sont souvent partenariaux. Ils s’effectuent en collaboration avec l’ensemble des administrations publiques concernées, soit des agences répondant à des objectifs bien définis, soit des collectivités territoriales dont les responsabilités se sont amplifiées dans le cadre de la politique de décentralisation. Elles s’inscrivent également de plus en plus dans le cadre de directives et règlements européens ainsi que d’échanges avec les directions générales de la Commission. Les citoyens sont aujourd’hui mieux informés. Ils sont plus exigeants dans leurs attentes et dans les réponses que leur donnent les administrations publiques. Ils attendent de l’Etat plus de transparence et plus d’explications.

 

Il convient enfin de mettre en œuvre des méthodes de management modernes, impliquant l’ensemble du personnel, leur faisant prendre conscience de leurs responsabilités à l’égard des citoyens à servir et introduisant la notion de confiance assortie de moyens d’évaluation de l’action conduite.

 

La recherche d’une organisation optimisée des services en supprimant les doubles emplois, en favorisant les échanges d’information et en déconcentrant les prises de décision est une des responsabilités des chefs de service auxquels sont confiés des objectifs de résultats et pas exclusivement de gestion de moyens. Cela signifie une profonde évolution de la façon de concevoir le rôle de direction et d’animation des équipes chargées d’un programme.

 

Cela implique une réflexion attentive sur la façon dont doit être organisée la représentation territoriale de l’Etat. Une place plus importante doit être faite aux organisations coopératives, nettement plus motivantes, avec organes de coordination souples, de type comités de direction resserrés, comportant auprès du préfet, représentant de l’Etat, les principaux chefs de service, chacun pouvant, en fonction de ses seules capacités et savoir-faire, accéder lui-même aux fonctions de préfet. La question se pose d’ailleurs (elle est notamment posée par la Fédération des grands corps techniques de l’Etat) de savoir si la gestion du corps préfectoral ne devrait pas, dans cet esprit, être rattachée au Premier ministre. Seul un management moderne permettra à l’Etat de conserver une attractivité pour les cadres de haut niveau dont il a besoin.

 

La troisième mission de la haute fonction publique est de procéder au contrôle et à l’évaluation des politiques mises en œuvre.

 

Les missions traditionnelles de contrôle conservent toute leur pertinence. Si elles s’inscrivent dans des pratiques très anciennes de la haute fonction publique, il n’en est pas de même pour l’évaluation.

 

L’évaluation comporte en fait deux étapes : l’évaluation a priori au moment de la définition des programmes, l’évaluation a posteriori au moment de leur mise en œuvre. L’administration de notre pays doit faire de grands progrès dans ce domaine. Il est significatif d’observer que le lancement de nouveaux programmes fait l’objet très souvent de débats polémiques, très rarement quantifiés, alors que leur évaluation a posteriori, presque toujours absente, laisse la plupart des responsables indifférents.

 

Il convient dans chaque ministère de veiller à l’organisation d’une fonction d’évaluation disposant de moyens importants, mobilisant les hauts fonctionnaires au sein des corps d’inspection et de contrôle, et reposant sur des techniques permettant de donner du sens à des approches trop souvent conflictuelles. A titre d’exemple, des visions potentiellement divergentes entre écologie et économie peuvent donner lieu à des convergences grâce à l’emploi de techniques d’évaluation professionnelles sérieuses. Bien d’autres conflits entre thèses antagonistes peuvent être transformés en collaborations positives grâce à une approche professionnelle approfondie.

 

La haute fonction publique souhaiterait que ses propres missions soient mieux reconnues dans l’intérêt même du gouvernement et des actions qu’il conduit :

 

  • Nous ne réclamons pas l’exclusivité de la conception des politiques publiques mais nous constatons une diminution de la place des administrations que nous dirigeons dans cette conception. Cela est gênant lorsque cette absence rend plus difficile, voire impossible, la mise en œuvre des politiques retenues. Une méthode d’information et d’association plus vaste des hauts fonctionnaires à la conception des politiques publiques devrait pouvoir être mise en œuvre.

 

  • Dans la conduite opérationnelle des politiques publiques, nous constatons un écart entre la responsabilisation qui nous est, à juste titre, demandée, telle par exemple que la responsabilité de programmes, et la réalité des marges d’action dont nous disposons dans nos fonctions de management. La crédibilité des chefs de service et donc leur efficacité peuvent être ainsi menacées.

 

Une mesure urgente nous paraît être de redonner leur rôle et leur responsabilité aux responsables des structures administratives. La reconfiguration des principaux ministères est sur ce point une opportunité à saisir. La diminution du nombre des directions d’administration centrale et la création de directions générales plus structurées permettent aujourd’hui aux ministres de traiter leurs directeurs comme leurs collaborateurs rapprochés et autorisent un recentrage des cabinets sur leur rôle politique, tout à fait nécessaire.

 

 

4 : Les valeurs de la Haute Fonction Publique

Les hauts fonctionnaires que nous représentons se reconnaissent pleinement dans les valeurs d’une haute fonction publique de carrière. Ces valeurs sont constituées d’un socle de valeurs traditionnelles et d’un ensemble de valeurs en développement portant une plus grande attention aux services à rendre aux usagers citoyens.

 

Les valeurs traditionnelles comportent :

 

  • le respect de la légalité
  • la loyauté à l’égard du gouvernement en place
  • le souci de l’intérêt général aussi bien dans le long terme que dans le court terme
  • l’intégrité, la probité, l’honnêteté, la dignité dans l’exercice des fonctions
  • l’indépendance d’esprit, l’impartialité et l’honnêteté intellectuelle (rien ne serait plus inefficace que d’avoir des fonctionnaires serviles)
  • le professionnalisme, l’excellence dans l’exercice du métier
  • la préservation de la mémoire institutionnelle et la continuité de l’action publique.

 

Ces valeurs rejoignent le très haut niveau d’exigence déontologique dont sont porteurs les hauts fonctionnaires.

 

Les valeurs en développement comportent :

 

  • la considération première de l’usager, la prise en compte plus attentive de ses besoins et le dialogue avec lui
  • la recherche de l’efficacité, de l’efficience, de l’optimisation de l’usage des deniers publics
  • la recherche de la motivation des hommes, l’introduction des techniques du management
  • la responsabilité à l’égard de l’action conduite
  • la transparence et la volonté de rendre compte.

 

Les hauts fonctionnaires considèrent que la prise en compte des valeurs en développement nécessite du temps et implique un processus d’appropriation qui doit faire l’objet d’échanges approfondis entre les responsables politiques et les hauts responsables de l’administration. Mais il est clair que cette évolution répond à un besoin clairement exprimé par nos concitoyens. Elle doit donc être conduite avec persévérance en s’appuyant sur les exemples réussis qui témoignent de l’intérêt d’une telle approche. Les hauts fonctionnaires considèrent qu’ils doivent prendre en compte pour eux et l’ensemble des services qu’ils dirigent la double préoccupation des concitoyens qui attendent des services de qualité et des autorités politiques qui les représentent au sein des institutions démocratiques du pays. Ils sont déterminés à répondre à cette double attente.

 

Ils estiment toutefois que le respect du socle des valeurs traditionnelles ne doit pas être remis en cause car il constitue l’essence même d’une haute fonction publique respectée. Dans ce cadre, ils rappellent que le concours est la voie prioritaire de recrutement qui n’interdit pas les promotions internes, ni les recrutements en milieu de carrière, ni la reconnaissance de l’acquisition des compétences.

 

Cette fonction publique de carrière, nous ne la concevons donc pas comme fermée et immobile :

 

  • nous sommes ouverts à des recrutements en cours de carrière dès lors que les modalités de recrutement permettent les promotions internes et respectent les règles d’égalité d’accès à la fonction publique, en rappelant que le concours n’est pas forcément synonyme d’épreuves académiques.
  • nous estimons que la haute fonction publique de l’État ne doit pas vivre repliée sur elle-même : il convient qu’elle procède à des échanges avec les autres fonctions publiques, ce qui constitue un facteur d’enrichissement professionnel et d’acquisition d’expériences diversifiées, elle doit favoriser le passage dans la fonction publique européenne et les organisations internationales, elle doit également continuer à essaimer dans le secteur privé. Il faut donc dimensionner cette haute fonction publique pour qu’elle puisse continuer à s’ouvrir (alimentation des écoles, remplacement des départs à la retraite).
  • nous sommes prêts à des évolutions statutaires comme nous l’avons montré tant par la fusion de plusieurs corps d’ingénieurs ou du rapprochement des statuts des corps d’inspection, dès lors que les évolutions statutaires sont inscrites dans des logiques de métiers et de préservation des compétences.

 

Sur ce point, nous estimons que les conditions de nomination aux emplois supérieurs de l’État et de ses établissements publics doivent évoluer. Elles sont encore aujourd’hui peu transparentes, peu rationnelles et trop dépendantes des préférences partisanes. Nous demandons que ces nominations soient systématiquement faites sur la base d’un appel à candidatures et de l’établissement d’une « short list » dressée par une commission indépendante mettant en évidence le professionnalisme et les compétences des postulants.

 

 

En conclusion

Il faut retenir de cette analyse quelques points clefs :

 

  • Il convient de bien identifier les attentes fortes de nos concitoyens.
  • Le gouvernement doit afficher une claire vision des initiatives de l’État pour répondre à ces attentes.
  • Les missions de la haute fonction publique sont triples : participer à la conception des programmes d’action, conduire la mise en œuvre des programmes retenus et en assurer le contrôle et l’évaluation dans un esprit d’ouverture et de dynamisme.
  • Les valeurs traditionnelles de la haute fonction publique doivent être complétées par des valeurs en développement, davantage orientées vers la satisfaction de l’usager citoyen, la recherche de l’efficacité, de la bonne gestion des deniers publics, l’introduction de règles de management, la confiance et le besoin de rendre compte, valeurs que la haute fonction publique se doit d’introduire au sein de l’ensemble des services de l’État.
  • Les différentes compétences et profils dont sont porteurs les hauts fonctionnaires, comme les différents métiers qu’ils exercent, sont une des grandes forces de la haute fonction publique française et doivent être jalousement préservés. Il convient d’introduire une reconnaissance internationale des titres.
  • Une évolution statutaire de la haute fonction publique administrante est souhaitable sous réserve qu’elle comporte deux volets, un socle commun traduisant les valeurs communes traditionnelles ou émergentes de ses membres, des profils professionnels préservés traduisant le savoir-faire diversifié et irremplaçable des hauts fonctionnaires.
  • Il faut introduire un management moderne du capital humain exceptionnel que représentent les hauts fonctionnaires, avec leurs compétences et leur expérience.
  • Il faut mettre en place des rémunérations cohérentes et éviter les écarts grandissants avec les rémunérations du privé.
  • Il faut enfin optimiser les effectifs en fonction des besoins à satisfaire.

 

 

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*   *

[1] Dans un article intitulé «De quelle haute fonction publique avons-nous besoin aujourd’hui ? » publié dans le dossier « l’ENA a 70 ans » de L’ENA Hors les murs, magazine des anciens élèves de l’ENA, septembre 2015, n°454.

[2] Rapport de juillet 2014 conjoint IGA-CGEDD-CGEFI.

[3] Comme cela existe par exemple au sein de la sécurité sociale dont les personnels d’encadrement supérieur sont gérés par un même comité des carrières, selon une même grille, quelle que soit leur branche d’exercice.

[4] Kuperus H., Rode A., Hauts Fonctionnaires en Europe, Gestion et conditions de travail des cadres supérieurs de la fonction publique dans les Etats membres de l’Union européenne, Institut Européen d’Administration Publique, Maastricht, décembre 2008.

[5] Teyssier A., Ferri E., Guillot J., Camet F., Lévêque Ph., rapport IGA-CGEDD-CGEF « L’encadrement supérieur et dirigeant de l’Etat », juillet 2014.

[6] Ketelaar, A., N. Manning et E. Turkisch (2007), « Formules de gestion de la haute fonction publique axées sur les performances : Les expériences respectives de l’OCDE et de différents pays », Documents de travail sur la gouvernance publique, 2007/5, Éditions OCDE, p. 16.

[7] Pagon M., Banutai E., Bizjak U., Leadership Competencies for Successful Change Management, rapport d’étude préliminaire commandé par la présidence slovène de l’UE, 2008.

[8] Frank T., The Conditions Shaping Different Forms of Convergence – Competency Frameworks for the Senior Civil Service in a Comparative Perspective, présenté dans « Leading the Future of the Public Sector: the Third transatlantic Dialogue », Université de Delaware, Newark, Delaware, États-Unis, 31 mai-2 juin 2007, p.2.

[9] Weiss J.P. et alii, L’évaluation et la notation des fonctionnaires de l’Etat, Comité d’enquête sur le coût et le rendement des services publics, Cour des comptes, Documentation française, 7 juillet 2008.

[10] Annexe 5 du rapport « L’encadrement supérieur et dirigeant de l’Etat » de juillet 2014

[11] Annexe 4 du rapport « L’encadrement supérieur et dirigeant de l’Etat » de juillet 2014

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[12] Décret n° 2016-200 du 26 février 2016 portant statut particulier du cadre d’emplois des ingénieurs en chef territoriaux

Décret n° 2016-202 du 26 février 2016 portant échelonnement indiciaire applicable aux ingénieurs en chef territoriaux

[13] Rapport « L’encadrement supérieur et dirigeant de l’Etat » de Juillet 2014

Réf 14-068/14/-007/01 au Ministère de l’intérieur

Réf 009491-01 au Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie

Réf 14.01.06 au Ministère des finances et des comptes publics

[14] Rapport « L’encadrement supérieur et dirigeant de l’Etat » de Juillet 2014

 

 

 

 

Télétravail versus nomadisme professionnel

Faisant suite au décret sur le télétravail du 11 février 2016 (1), un arrêté du Premier ministre du 16 décembre 2016 (2) est intervenu pour en prévoir l’application dans les juridictions financières.

Le secrétaire général a produit, le 21 décembre 2016, une note de service (3) qui vise à accompagner la mise en œuvre de façon concrète et détaillée.

L’ensemble de ces éléments peut être consulté sur une page créée à cet effet sur le site de la direction des ressources humaines de la Cour, où figure également un formulaire de demande d’autorisation d’exercice des fonctions en télétravail.

À l’occasion de la parution de ces documents, il est rappelé que les dispositions nouvelles relatives au télétravail n’ont pas vocation à s’appliquer aux magistrats, ce que le syndicat a toujours défendu, et qu’il ne constitue aucunement un nouveau cadre juridique pour le travail nomade, ou mobile (avec toute la souplesse d’organisation qui en découle) rendu nécessaire par la nature des fonctions de magistrat financier.

En vertu de l’article 2 du décret, le télétravail est en effet incompatible avec l’idée même de déplacement et de contrôle sur place, puisqu’il ne fait que déplacer l’obligation de présence sur le lieu de travail des locaux de l’employeur au domicile de l’agent :

« Art. 2. – Le télétravail désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle les fonctions qui auraient pu être exercées par un agent dans les locaux de son employeur sont réalisées hors de ces locaux de façon régulière et volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication.

« Le télétravail est organisé au domicile de l’agent ou, éventuellement, dans des locaux professionnels distincts de ceux de son employeur public et de son lieu d’affectation. »

Cette vision de l’organisation du travail des magistrats est partagée par l’ensemble des interlocuteurs du syndicat, y compris le Premier président, notre chef de corps, qui déclarait (4) lors du congrès annuel du SJFu des 17 et 18 novembre derniers à Noisiel :

« Je vous remercie d’avoir salué plusieurs des avancées importantes qui ont marqué l’année écoulée, comme par exemple celles relatives à l’assouplissement du régime d’incompatibilités des magistrats de CRC ou encore notre vision partagée en ce qui concerne la mise en œuvre du télétravail dans les chambres régionales et territoriales des comptes. Je note, pour m’en réjouir comme vous, l’esprit constructif qui préside à nos échanges et ce même lorsque nos vues ne sont pas partagées. »

La note de service du secrétariat général confirme, en première page et en caractères gras, cette interprétation :

« Le télétravail se distingue du travail « nomade » ou « mobile », qui peut se définir comme celui « pratiqué par des personnes dont l’activité nécessite de nombreux déplacements et qui, grâce aux moyens de communications électroniques, peuvent rester en contact avec leur [service] », sans nécessairement y conserver ni lieu de travail propre ni présence régulière. »

En cela, la position de la Cour et du syndicat ne diffère pas, et doit mécaniquement conduire à exclure tout recours généralisé à la formule du télétravail pour l’exercice, dans des conditions ordinaires, des fonctions de magistrat dans la mesure où ces fonctions induisent, de façon tout aussi ordinaire, de travailler en dehors des locaux des CRTC. Le télétravail n’est pas une modalité de gestion d’un service (en l’occurrence d’une chambre), mais une faculté offerte à chaque agent. Aussi, le 1er alinéa de l’article 5 du décret télétravail dispose :

« L’exercice des fonctions en télétravail est accordé sur demande écrite de l’agent. »

Il va de soi en revanche que la formule du télétravail est ouverte aux magistrats souhaitant, à titre personnel, opter pour ce mode d’organisation et solliciter un arrêté individuel d’autorisation. Comme le prévoit l’arrêté du 16 décembre 2016, cette autorisation, accordée au cas par cas, devra notamment déterminer les conditions de recours au télétravail applicables sur une durée comprise entre 3 et 6 mois, voire entre 3 mois et un an pour les magistrats s’étant vu reconnaître la qualité de travailleur handicapé :

« Art. 3. – La durée de l’autorisation mentionnée à l’article 5 du décret n° 2016-151 susvisé est de trois mois minimum et de six mois maximum.

« Par dérogation à l’alinéa précédent, la durée de l’autorisation mentionnée à l’article 5 du décret n° 2016-151 susvisé est de trois mois minimum et d’un an maximum pour les agents bénéficiant d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. »

N’hésitez pas à signaler au bureau toute interprétation, dans votre chambre, des dispositions sur le télétravail qui s’éloignerait de ce cadre.

Références :

  • Décret no2016-151 du 11 février 2016 relatif aux conditions et modalités de mise en œuvre du télétravail dans la fonction publique et la magistrature.
  • Arrêté du 16 décembre 2016 portant application, dans les juridictions financières, du décret no2016-151 du 11 février 2016.
  • Note de service du secrétariat général de la Cour des comptes du 21 décembre 2016.
  • Allocution du Premier président de la Cour des comptes du 18 novembre 2016 au congrès annuel du SJFu.